L’inclusion en milieu scolaire des enfants ayant une déficience visuelle ou motrice devient une pratique courante dans les écoles québécoises. Mais la question se pose : comment peut-on permettre à ces enfants de participer aux cours d’éducation physique et, par le fait même, à la vie sociale de l’école?
Le point de départ de cette réflexion doit être la perception de l’enseignant : que pense-t-il des personnes handicapées? « Tout le monde est pour la vertu, explique Claude Dugas, directeur du Département des sciences de l’activité physique de l’UQTR. Mais après, qu’est-ce que ça veut dire, qu’est-ce que ça implique pour l’enseignant? Qu’est-ce que ça va changer à son travail d’intégrer un enfant ayant une déficience visuelle ou motrice à ses cours d’éducation physique? »
Même si plusieurs ont l’impression que cette situation n’arrivera pas dans leur carrière, c’est pourtant aujourd’hui inévitable de compter un enfant qui a un handicap dans sa classe. « L’éducation physique est un milieu privilégié pour intégrer un enfant au sein d’un groupe », explique M. Dugas.
Par ses recherches des vingt dernières années, notamment le récent projet Choisir de gagner, le professeur sait qu’il n’y a pas de recette magique, et c’est ce qu’il montre aux éducateurs physiques de demain. Néanmoins, certains principes peuvent aider les enseignants à ajuster leurs pratiques. Par exemple, il existe des outils d’évaluation un peu différents, basés sur des critères adaptés afin d’évaluer une tâche. Le fait de poser des questions et d’interagir avec les parents et d’autres intervenants contribue également à individualiser la situation. Selon M. Dugas, c’est là que se trouve l’une des clés à la réussite de l’intégration de ces élèves en éducation physique.
Dans le nouveau livre numérique L’inclusion en éducation physique (2014), qu’il a coécrit avec le professeur Mathieu Point du Département des sciences de l’éducation de l’UQTR, M. Dugas explique que le dépassement de soi qui se vit par la pratique du sport ne varie pas chez les personnes ayant ou non un handicap. Toutefois, l’impact est très marqué sur le plan de l’estime de soi chez un enfant présentant une déficience visuelle ou motrice que l’on arrive à inclure dans la pratique de l’activité physique en contexte scolaire. En effet, il peut participer aux jeux comme les autres et en retirer du plaisir, ce qui est très valorisant.
Il faut aussi une bonne dose de créativité et de respect de la part de l’enseignant. « Aux Jeux paralympiques, les athlètes ont accès à de l’équipement qui ne se trouve pas si facilement dans les écoles de tous les quartiers. Ce sont donc surtout l’attitude et le respect envers les élèves qui comptent le plus, indique Claude Dugas. C’est ainsi qu’on l’encouragera à progresser, à socialiser et à développer son plein potentiel. »