Les écosystèmes riverains, ces zones de transition entre les milieux terrestre et aquatique, sont soumis à de multiples pressions environnementales, qu’elles soient d’ordre naturel ou anthropique. Un des défis pour les scientifiques consiste à rendre compte de l’impact sur les habitats riverains de perturbations liées, par exemple, aux changements climatiques ou au développement humain; en d’autres termes, à observer si les conditions restent réunies en vue de favoriser la préservation du nombre et de la variété des espèces vivantes et, ainsi, de maintenir l’intégrité des écosystèmes. C’est à cette tâche que se livre l’équipe de Raphaël Proulx, professeur au Département des sciences de l’environnement de l’UQTR depuis 2010 et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en intégrité écologique.
« Notre objectif est d’assurer une surveillance active des écosystèmes riverains. Pour y arriver, nous avons développé un système permettant de diagnostiquer rapidement la perte d’intégrité des écosystèmes à l’aide d’images photographiques et d’enregistrements audionumériques », précise le chercheur, membre du Centre de recherche sur les interactions bassins versants – écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’UQTR.
L’approche est novatrice : l’équipe de Raphaël Proulx a déployé, dans les Basses-terres du Saint-Laurent et au Nunavik, le réseau de Surveillance automatisée de la végétation et des écosystèmes riverains (SAuVER). Également accessible aux équipes de recherche nationales et internationales, ce vaste réseau de stations permanentes « aide à mieux comprendre comment la diversité biologique permet de réguler et stabiliser le fonctionnement des écosystèmes », explique-t-il.
De plus, les données récoltées permettent de prendre en continu le pouls de nos écosystèmes, en réponse aux changements climatiques et aux modifications du territoire. « Par exemple, nous avons montré, sous des conditions climatiques sèches en milieu agricole, que les écosystèmes riverains plus riches en espèces avaient une saison de croissance allongée, ce qui se traduit en un stockage accru du CO2 atmosphérique et un meilleur pouvoir filtrant », précise Raphaël Proulx. Ainsi, les résultats de ses recherches aideront notamment les gestionnaires à délimiter les zones de conservation prioritaires dans les milieux humides et à élaborer des protocoles de surveillance de la biodiversité.