Il y a environ cinq ans, le Gabon prenait le ferme engagement d’améliorer la qualité des soins de santé offerts à sa population. Pour y parvenir, le pays a entre autres misé sur la restructuration de son Institut national de formation d’action sanitaire et sociale (INFASS) en le faisant passer d’un organisme de niveau collégial à universitaire. Afin de mettre en œuvre cet ambitieux plan d’action, le ministère de la Santé, de la Prévoyance sociale et de la Solidarité nationale du Gabon s’est tourné vers l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) pour solliciter son expertise technique dans les domaines des sciences infirmières, de la psychoéducation, de l’éducation et de la biologie médicale.
Le projet d’envergure, débuté en 2011, a d’abord fait l’objet d’une entente de collaboration d’une durée de cinq ans entre le Gabon et l’UQTR. La première phase visait principalement la formation des étudiants en sciences infirmières, en assistance sociale et en éducation spécialisée.
Non seulement cet objectif est-il aujourd’hui atteint, mais l’INFASS et l’UQTR ont également mis en place un programme de deuxième cycle s’adressant à un groupe d’infirmières et d’infirmiers afin de renforcer leurs compétences. Après 5 ans d’activités, on compte plus de 90 missions sur le terrain et près de 9500 heures d’intervention effectuées par les professeurs de l’UQTR, du réseau de l’Université du Québec et des professionnels du milieu de la santé en Mauricie.
Des étudiants assidus
« Je lève mon chapeau à ces étudiants gabonais », s’exclame Michèle Côté, professeure associée au Département des sciences infirmières, qui souligne au passage la participation exemplaire des professeures de l’UQTR dans le projet. « On a demandé à ces étudiants d’apprendre beaucoup de nouvelles choses en peu de temps, mais leur attitude était toujours positive », renchérit celle qui compte une dizaine de missions au Gabon.
Non seulement leur attitude est-elle positive, mais ces étudiants découvrent et apprécient de nouvelles orientations de pratique à l’intérieur de leurs stages. « On voit des changements dans leur façon de pratiquer leur métier », soutient Caroline Couture, professeure au Département de psychoéducation. « Jusqu’à maintenant, les intervenants tentaient surtout de régler les problèmes de façon immédiate et ponctuelle. À présent, ils ont découvert les avantages d’accompagner le patient dans le développement de ses compétences plutôt que de le prendre en charge. Une façon de faire qui s’avère beaucoup plus bénéfique à long terme », ajoute-t-elle.
Renforcer les capacités des formateurs
Il est intéressant de constater que la même logique d’autonomisation est appliquée tant sur le plan de la formation offerte que sur celui de la philosophie de gestion du projet. Comme l’explique Noëlle Avomo, directrice de l’INFASS, « on planifie d’un commun accord avec l’UQTR les activités de formation et on collabore pour les mettre en place. L’objectif est de former des professionnels, des gestionnaires et des professeurs qui vont prendre le relais au fur et à mesure de l’avancement du projet et qui pourront en assurer la pérennité ».
Deuxième phase du projet
Et c’est justement sur cet aspect précis, celui de l’autonomisation des professeurs et des gestionnaires de l’INFASS, que l’énergie sera focalisée lors de la deuxième phase du projet, lequel a d’ailleurs été renouvelé pour cinq années au printemps dernier. Lors de la cérémonie de signature officielle de l’entente, le premier vice-premier ministre du Gabon, M. Paul Biyoghe Mba, avait d’ailleurs prononcé ces mots : « On est ensemble! » Une devise profondément significative et particulièrement populaire au Gabon, qui prend ici tout son sens dans cette optique de collaboration.
Si tout se passe tel que prévu, la deuxième phase de ce grand projet se terminera en 2022, mais ce ne sera cependant pas la fin des collaborations entre les deux partenaires. « Au terme de ces dix ans de collaboration, l’INFASS aura intégré l’expertise de l’UQTR et sera en mesure de former ses propres professionnels de la santé. On prévoit également aller plus loin en permettant aux Gabonais de venir faire leur doctorat ici et on envisage même la mise en œuvre de projets de recherche appliquée traitant des enjeux locaux en matière de santé », explique Sylvain Benoit, directeur du Bureau de l’international et du recrutement de l’université trifluvienne et responsable du projet. Deux étudiants du Gabon sont d’ailleurs inscrits au doctorat à l’UQTR à l’automne 2016, et tout porte à croire que nous verrons de plus en plus de visages gabonais sur le campus trifluvien au cours des prochaines années.