Catalyser les idées innovantes : c’est le quotidien d’Alexis Bilodeau et de son équipe. Président de Novo Électronique, une entreprise de design et développement de produits technologiques, ce diplômé de l’UQTR au baccalauréat et à la maîtrise en génie électrique a su prendre sa propre idée et la catalyser. Lui et son partenaire d’affaires Christian Thiffault, également diplômé au baccalauréat et à la maîtrise en génie électrique, ont su positionner Novo Électronique sur le marché et faire leur marque dans plusieurs secteurs, dont celui très convoité des technologies médicales.
Derrière les produits et appareils technologiques qui façonnent tous les aspects de notre quotidien, il y a une démarche complexe : l’idée en soi, certes, mais aussi la conception du logiciel et des circuits, le design industriel, les procédés de fabrication et la mise en marché. « Créer un produit à partir d’une simple idée, c’est toujours plus difficile que l’on pense », lance Alexis Bilodeau. Habituellement, le client maîtrise la technologie au centre du produit; cependant, ce n’est là que la porte d’entrée du processus de conception. En cours de route, il y a beaucoup de décisions à prendre et, souvent, le client tergiverse devant les possibilités qui s’offrent à lui.
« Notre équipe met 100 % de son focus sur le projet, ce qui permet de mener le développement d’un produit rapidement et efficacement », explique le président de Novo, qui compte parmi ses clients quelques inventeurs, mais surtout des PME et des grandes entreprises innovantes.
L’idée
Originaire de La Tuque, en Mauricie, Alexis entame des études universitaires en génie électrique à l’université trifluvienne, choisie parmi d’autres établissements pour, dit-il, « l’accessibilité aux professeurs et l’esprit de communauté qui anime l’École d’ingénierie ».
Baccalauréat en poche, il décroche un emploi au Centre des technologies appliquées du Québec, à Joliette. Son expérience là-bas lui permet d’en arriver à certains constats : il existe une déconnexion, tant sur le plan de la communication directe que sur celui du langage technique, entre les clients et les ingénieurs qui doivent développer les produits. De là est née l’idée : créer une entreprise qui permettra de mieux connecter le client au processus de développement de son produit.
En parallèle, Alexis s’adjoint de Christian Thiffault, un camarade de classe qu’il a connu durant son baccalauréat et qui, comme lui, poursuit à la maîtrise en génie électrique à l’UQTR. Ensemble, passionnés par le développement d’appareils technologiques, ils mettent sur pied BT Solutions en 2005, une microentreprise de consultation en développement de circuits électroniques et de logiciels embarqués. Le duo relève les nombreux défis inhérents au démarrage de l’entreprise : à l’aise dans leur domaine du génie électrique et génie informatique, Alexis et Christian doivent toutefois sortir de leur zone de confort, par exemple, quant au démarchage et à la recherche de contrats.
Arrive leur premier projet d’envergure, d’une intéressante complexité technologique : concevoir la carte électronique d’un système à ultrason pour une entreprise située à Boucherville. « Nous avions évalué 100 heures de travail pour ce projet, mais en réalité il en a pris 800!, se rappelle Alexis. C’est le métier qui rentre, comme on dit! En contrepartie, la complexité technologique du produit nous a permis d’assoir notre crédibilité sur le marché. »
La croissance
En 2007, Alexis amorce les premières étapes visant la croissance de l’entreprise qu’il mène toujours de pair avec Christian. D’abord, ils embauchent un employé pour faire du démarchage et trouver des clients; ensuite, ils revoient l’image de marque de l’entreprise : BT Solutions devient Novo Électronique. Au fil des mois, les mandats s’accumulent tranquillement, la crédibilité de l’entreprise se forge.
Un gros projet sur lequel doit travailler l’équipe de Novo, en partenariat avec quatre autres compagnies, consolide l’idée qui émergea en 2005 dans la tête d’Alexis. « Faire travailler différents intervenants à travers les étapes de conception d’un produit devient compliqué pour le client, notamment parce que cela génère des négociations pour chaque décision, ce qui allonge le processus de fabrication », précise le diplômé de l’UQTR. Dès lors, son idée éclot : « Nous devrions nous-mêmes offrir au client un service clé en main, c’est-à-dire de prendre en charge l’ensemble des étapes du processus de développement du produit. »
Novo Électronique entre alors dans un créneau inoccupé sur le marché. « Nous avons décidé d’orienter nos activités vers le développement intégré de produits, et nous avons commencé à offrir des services en mécanique des matériaux et en design industriel pour complémenter notre expertise en électronique et logiciel », commente le jeune homme d’affaires qui, en 2009, fait le pari qu’en 3 ans, son entreprise aura atteint son objectif de rentabilité avec une équipe de 25 personnes.
L’année 2009 concorde néanmoins avec la crise économique qui frappe le monde occidental. « Après un bref ralentissement, la crise a amené les entreprises à investir dans le développement de nouveaux produits », précise Alexis. Résultat : Novo connaît une croissance plus qu’enviable – de l’ordre de 1465 % en 5 ans – et une nouvelle équipe implantée à Montréal se joint à celle de Trois-Rivières en 2013.
De l’idée au produit
Mais comment se concrétise la mission de Novo Électronique? Qu’est-ce qui fait son succès? Alexis, qui a reçu en 2016 le Prix de reconnaissance du Département de génie électrique et génie informatique de l’UQTR, donne un exemple dont il est particulièrement fier, soit la conception d’un appareil développé avec l’entreprise Oxy’Nov pour le domaine médical. L’appareil, FreeO2, mesure en temps réel l’oxygénation d’un patient hospitalisé, par exemple pour des troubles pulmonaires, et ajuste le débit d’oxygène en conséquence. Il précise : « Oxy’Nov a développé l’algorithme qui contrôle l’oxygénation, mais pour apporter leur innovation sur le marché, l’entreprise avait besoin de notre expertise pour tout ce qui touche à l’ingénierie de l’appareil, par exemple quant au choix des bons matériaux, au design et à l’ergonomie. Et viennent ensuite les étapes de validation et d’amélioration du produit pour le rendre pertinent sur le marché. »
Vers un grand déploiement
Les notions d’efficacité et de rigueur qui transcendent la mission de Novo Électronique se traduisent au sein même de l’entreprise. « Nous revoyons nos propres processus dans une perspective d’amélioration continue. D’ailleurs, la survie de l’entreprise est reliée au fait d’être toujours de plus en plus efficace, sans couper dans la qualité de notre service, pour répondre à une demande grandissante », explique l’entrepreneur qui travaille actuellement à penser ses objectifs de croissance pour les trois prochaines années.
Et quels sont ses plans? « Nous occupons bien le marché au Québec. Le secteur des technologies médicales est en forte croissance et nous détenons une expertise presque unique au Canada. Nous sentons que nous sommes prêts à passer à une autre étape et à dresser d’autres antennes, par exemple aux États-Unis », résume Alexis Bilodeau, qui se garde bien d’en dire trop long. Le mieux sera donc, pour nous, de suivre la croissance de ce fleuron québécois.