Actuellement, il n’existe pas d’équivalent à l’éthylomètre pour mesurer le taux de cannabinoïdes des automobilistes. Les policiers doivent ainsi se fier à d’autres méthodes pour contrôler la conduite avec les facultés affaiblies par le cannabis.
Le professeur de criminalistique André Lajeunesse, du Département de chimie, biochimie et physique de l’UQTR, explique la procédure qui est habituellement pratiquée par les patrouilleurs. « Dans le cas où une consommation de cannabis est soupçonnée, un examen visuel et olfactif, ainsi qu’un test de réflexes de base sont administrés pour déterminer l’état de la personne. Une vérification de la capacité de langage et de mémoire est également vérifiée. Au terme de ces évaluations, si les policiers ont des soupçons, ils peuvent mettre le conducteur en état d’arrestation », expose-t-il.
Au Québec, de nouveaux agents évaluateurs, appelés experts en reconnaissance de drogues (DRE), agissent actuellement sur les routes. Ces policiers spéciaux ont reçu une formation pour évaluer les facultés d’une personne qui aurait consommé des drogues. Actuellement, ils sont environ une cinquantaine sur le territoire québécois, et ce nombre pourrait grimper à 80 d’ici peu.
« Leurs tests sont très bons, ils ont un taux de réussite au-delà de 90%. Ils sont capables de bien déterminer la ou les drogues consommées, et les facultés affaiblies d’une personne », assure M. Lajeunesse.
Lors d’un contrôle, les ERD disposent d’un éventail de 12 tests, qui permettent de vérifier les réflexes et les signes biométriques du conducteur soupçonné. À la fin des tests, si l’agent est convaincu que les facultés de l’automobiliste sont bel et bien affaiblies, il peut ordonner le prélèvement d’un échantillon d’urine, qui sera acheminé au Laboratoire des sciences judiciaires et de médecine légale. Celui-ci confirmera ou infirmera la présence de THC (la molécule active du cannabis) et de ses métabolites dans l’organisme du conducteur.
Les ERD peuvent également porter assistance aux patrouilleurs, afin de compléter l’évaluation des facultés des conducteurs interceptés. À cet égard, le professeur Lajeunesse mentionne que si la consommation de cannabis augmente en raison de la légalisation, un plus grand nombre d’agents évaluateurs pourrait être nécessaire sur les routes du Québec.