Grâce aux campagnes de sensibilisation et aux progrès de la médecine, le nombre de décès lié à un accident vasculaire cérébral (AVC) est en baisse; toutefois, une personne sur trois sera victime d’un deuxième événement vasculaire cérébral et, dans ce cas, les risques de mortalité s’en trouvent considérablement augmentés. Que peut-on alors faire pour prévenir la venue d’un second événement ? Pour Thalia Lapointe, doctorante en sciences biomédicales, la réponse est claire : bonifier le continuum de services post-AVC en y ajoutant des interventions visant à limiter les comportements sédentaires et à favoriser la pratique régulière de l’activité physique à long terme.
« Les effets bénéfiques de l’activité physique sur la prévention des maladies cardiovasculaires et les fonctions cognitives ne sont plus à démontrer. Toutefois, à la suite d’un AVC, la prescription standard d’exercices se limite généralement à la période subaiguë et vise avant tout l’amélioration des tâches fonctionnelles de base. Nous voulons donc miser davantage sur la pratique de l’activité physique sur le plus long terme dans le processus de réadaptation post-AVC », explique la jeune chercheuse de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Programme d’entraînement par intervalles
Elle poursuit : « C’est pourquoi nous avons bâti et sommes actuellement à tester un programme d’entraînement par intervalles pour les personnes ayant vécu une ischémie cérébrale transitoire (ICT) ou un AVC ischémique, soit lorsqu’un caillot de sang bouche un vaisseau sanguin du cerveau. L’entraînement par intervalles consiste à alterner des efforts d’intensité élevée avec des périodes de repos ou d’efforts légers, en vue de favoriser les adaptations physiologiques. Nous espérons ainsi générer des bénéfices sur le plan de la capacité cardiorespiratoire et amoindrir les facteurs de risque cardiovasculaires. »
Par ricochet, le programme, qui se nomme ACCTI-AVC (Amélioration de la santé Cardiovasculaire et Cognitive à long Terme par l’entraînement par Intervalles post AVC), vise également l’amélioration des fonctions cognitives, la baisse d’anxiété ainsi que l’incitation à adopter de bonnes habitudes de vie chez les personnes ayant vécu ce type d’événement.
Améliorer la condition des patients
L’idée de son projet de recherche, tout comme sa motivation intrinsèque à le mener, est venue lorsqu’elle travaillait en réadaptation en milieu hospitalier durant ses études au baccalauréat. « Un monsieur de 80 ans, qui avait été victime d’un AVC depuis plusieurs années, venait nous voir à la clinique et on le laissait faire du vélo-pédalo. Il avait les capacités très limitées, il se déplaçait en fauteuil roulant. Il n’avait pas de traitement comme tel, mais un jour je me suis dit qu’on pourrait lui permettre d’essayer le tapis roulant pour pratiquer la marche », relate Thalia.
Son idée allait un peu à contre-courant de la croyance, selon laquelle les patients progressent surtout durant les trois premiers mois à la suite d’un AVC et qu’après, on note peu d’évolution dans leur condition.
Malgré la réticence du personnel, Thalia finit par gagner son point et le monsieur en question débute des séances sur le tapis roulant. « Deux mois plus tard, le monsieur pouvait marcher 20 minutes à 3 km/h. C’est là que j’ai compris qu’il y avait quelque chose à faire et c’est cela qui m’a allumé : sa condition s’est améliorée malgré son âge et le fait que son AVC remontait à plus de cinq ans. Et pour lui, cela a changé sa vie… Il était désormais capable d’aller à l’épicerie, par exemple », raconte-t-elle, les yeux pétillants.
Ajouter une phase au continuum de soins post-AVC
Cette expérience a convaincu la jeune femme qu’on pourrait offrir un suivi au-delà des trois mois prescrits pour la réadaptation dans le continuum de soin post-AVC. De fait, lorsqu’une personne présente des séquelles à la suite d’un AVC, celle-ci passe par la phase de réadaptation. Ainsi, pendant environ trois mois, divers professionnels de la santé – ergothérapeutes, physiothérapeutes, kinésiologues, par exemple – aident le patient à redevenir autonome.
Ensuite vient la phase de réintégration en communauté. La jeune chercheuse, dont la thèse est dirigée par les professeurs François Trudeau du Département des sciences de l’activité physique et Julie Houle du Département des sciences infirmières de l’UQTR, précise : « C’est à cette étape qu’on observe une lacune quant à la prise en charge. Les patients retournent à domicile et il n’y a personne qui prend en charge leurs habitudes de vie, qui travaille avec eux pour éviter un second AVC. C’est de la prévention, et notre système de santé n’y accorde pas l’importance nécessaire. »
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Communiquez avec Thalia Lapointe par téléphone au 819 376-5011, poste 3797, ou par courriel à Thalia.Lapointe@uqtr.ca pour connaître tous les détails.