En novembre dernier, Philippe Bourke est devenu président du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) du Québec. La nomination de ce diplômé de l’UQTR en sciences de l’environnement à la tête de cet organisme n’est pas le fruit du hasard. Depuis longtemps, le nouveau président s’intéresse à la cause environnementale, fil conducteur de son parcours étudiant et professionnel.
Trifluvien d’origine et ancien membre des Petits chanteurs de Trois-Rivières, Philippe Bourke se retrouve à Boucherville en 1986, en raison d’un déménagement familial. Il y finit son secondaire et rencontre celle qui deviendra son épouse. Il fréquente ensuite le Cégep Édouard-Montpetit de Longueuil. « Mon intérêt pour l’écologie et l’environnement s’est développé lors de ma dernière année de cégep, raconte-t-il. C’est aussi à ce moment que j’ai pris davantage goût aux études ».
S’ennuyant de sa région natale, et souhaitant poursuivre son parcours dans une petite université de taille plus humaine, Philippe Bourke s’inscrit à l’UQTR avec sa conjointe. « J’ai choisi le baccalauréat en biologie, axé sur l’écologie. Je garde de bons souvenirs de l’UQTR. Je me suis donné à fond dans mes études, tout en m’impliquant dans la vie étudiante », rapporte-t-il.
Après l’obtention de son baccalauréat en 1993, avec d’excellentes notes, le diplômé s’inscrit à la maîtrise en sciences de l’environnement sous la direction du professeur Pierre Magnan. « Mon projet de recherche portait sur l’omble de fontaine. Nous commencions à utiliser la télémétrie, en implantant des émetteurs sur les poissons », se souvient M. Bourke.
Défendre la cause environnementale
Diplôme de maîtrise en poche, Philippe Bourke arrive sur le marché du travail à une époque où la recherche d’emploi se révèle difficile. Il œuvre au Collège Laflèche de Trois-Rivières comme chargé de cours, puis obtient un premier contrat pour un organisme local, le Groupe d’action et de recherche pour la défense de l’environnement (GARDE). C’est là qu’il rencontrera le président du Conseil régional de l’environnement de la Mauricie.
« J’ai alors participé à la rédaction du mémoire du Conseil régional pour la consultation générique du BAPE sur la gestion des matières résiduelles. Ce mandat m’a ensuite permis d’être embauché comme premier employé régulier du Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec », explique-t-il.
Philippe Bourke travaillera pendant 20 ans comme directeur général de ce regroupement, chapeautant les 16 conseils régionaux de l’environnement du Québec. Le Regroupement national a pour but de protéger l’environnement et de promouvoir le développement durable, dans une perspective de défense de l’intérêt public.
« Pendant ces années, j’ai voyagé partout au Québec, rencontré des ministres et de hauts dirigeants, siégé à plusieurs conseils d’administration et relevé de nombreux défis, relate le diplômé. C’était stimulant d’œuvrer dans un organisme de lobbyisme environnemental. Même si c’était parfois des batailles difficiles, et qu’il fallait souvent tout recommencer, je sentais malgré tout que je faisais une différence.
« Je me suis construit une forme d’autorité dans le mouvement environnemental. J’ai été patient et j’ai préservé mon indépendance. Cela m’a donné une force tranquille, un bon pouvoir d’influence. J’ai développé l’art de la négociation et du compromis, tout en gardant une approche rigoureuse. Tout cela m’a sûrement servi pour ma nomination au BAPE », mentionne M. Bourke. Ce dernier se dit privilégié d’avoir pu gagner sa vie en défendant l’environnement, alors que beaucoup le font de façon bénévole.
Nouveaux défis
En janvier 2017, Philippe Bourke se voit offrir le poste de vice-président au développement stratégique et aux affaires publiques chez Réseau environnement, un regroupement d’experts québécois en environnement. Moins d’un an plus tard, il est nommé président du BAPE pour une période de cinq ans.
« Au moment de ma nomination, j’ai reçu un message de félicitations du professeur Pierre Magnan, lui-même membre additionnel du BAPE. J’ai beaucoup apprécié ce geste et j’ai conservé ce message », souligne-t-il. Le nouveau président se familiarise maintenant avec ses fonctions au BAPE, une organisation gouvernementale qui informe et consulte la population sur des questions relatives à la qualité de l’environnement.
Après toutes ces années passées à travailler pour la cause environnementale, comment Philippe Bourke entrevoit-il l’avenir de la planète? « Depuis quatre ans, je sens un vent de changement et une prise de conscience à travers le monde, en ce qui concerne l’environnement. Toutefois, les défis restent immenses et ils sont reliés de près aux problèmes d’équité et de partage dans notre monde.
« On est encore loin du niveau de compréhension nécessaire pour espérer relever ces défis. Le sentiment d’urgence est d’ailleurs éclipsé par une forme de résignation. Je me console en me rappelant que les solutions à ces défis reposent inévitablement sur un mode de vie plus modeste, où le bonheur est centré sur l’être plutôt que l’avoir. Un mode de vie que l’on devrait adopter par choix dès maintenant, sinon il faudra le faire de force, tôt ou tard, lorsque les conséquences de l’effritement des ressources nous auront rattrapés », de conclure le diplômé, aujourd’hui père de trois garçons.