Pour une quatrième année consécutive, François Guillemette, professeur titulaire en sciences de l’éducation, et Jason Luckerhoff, professeur titulaire en communication sociale, ont animé une école d’été en recherche qualitative.
Du 22 au 26 octobre, près de 20 participants (étudiants de cycles supérieurs, chargés de cours, professeurs, professionnels de recherche, médecins et autres professionnels) ont participé à 45 heures de formation sur des thématiques liées aux méthodes de la recherche qualitative comme les entretiens, l’analyse, le logiciel QSR NVivo, et la méthodologie de la théorisation enracinée. Les participants venaient notamment de la Belgique, de Madagascar, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Mali, du Cameroun, du Burkina-Faso et du Maroc.
La semaine de formation intensive qui était initialement prévue le printemps dernier avait été reportée en raison du lock-out des professeurs de l’UQTR.
François Guillemette et Jason Luckerhoff animent ces ateliers afin d’offrir une expérience pratique de l’induction en lien avec la connaissance des écrits importants sur la recherche qualitative. L’approche pédagogique inductive privilégiée est donc cohérente avec l’objet de la formation. Ces ateliers sont « enracinés » en quelque sorte dans les expériences de recherche réalisées dans une approche inductive. Les deux chercheurs, en 2006, ont initié, notamment avec la collaboration d’un chercheur belge, Alain Colsoul, un projet de recherche sur l’utilisation de la MTE par des professeurs et des étudiants. Ils ont consulté des dizaines de thèses et de publications scientifiques. Ils ont collecté des données lors de groupes de discussion et lors d’échanges avec des utilisateurs de la MTE. Ils ont rapidement compris que c’est spécifiquement le caractère inductif de la MTE qui lui donne à la fois son originalité et son efficacité et non pas la perspective qualitative.
En 2008, ils ont participé à un colloque international anglophone sur la Grounded Theory Methodology. Ce fut alors l’occasion de constater que les traditions francophones de la MTE étaient maintenant connues largement par les chercheurs anglophones. C’est aussi à cette époque que des recherches montrent que la Grounded Theory est l’approche la plus utilisée en recherche qualitative en anglais. Il devient donc de plus en plus facile d’argumenter sur la légitimité sans réserve de cette méthodologie qui avait largement acquis ses lettres de noblesse dans la recherche scientifique anglophone.
En 2009, dans un numéro de la revue Recherches qualitatives consacré aux approches inductives, trois articles abordent des aspects différents de la Grounded Theory qu’ils ont décidé de traduire par « méthodologie de la théorisation enracinée » (MTE).
Grâce à leurs recherches sur l’utilisation de la MTE et grâce à leurs premières publications sur cette approche méthodologique, ils ont été invités à donner des ateliers sur la recherche qualitative, sur les approches inductives et sur la MTE dans différentes universités au Canada et en Europe (Trois-Rivières, Québec, Chicoutimi, Montréal, Moncton, Liège, Louvain-La-Neuve, Mons, Bruxelles, Luxembourg). Ils ont organisé des entretiens de groupe et des échanges par courriel avec des équipes de professeurs et d’étudiants à la maîtrise et au doctorat dans différentes disciplines. À chaque fois, leurs rencontres étaient à la fois enthousiasmantes et désolantes; enthousiasmantes, d’un côté, parce qu’ils faisaient face à des doctorants et des professeurs passionnés par l’apport potentiel d’une approche inductive comme la MTE; désolantes, d’un autre côté, parce qu’ils constataient alors qu’à bien des endroits dans la francophonie, la même difficulté à faire accepter la MTE se présentait.
En 2009, à Lille en France, ils ont tenu le premier colloque international sur la MTE. Celui-ci se tenait à l’intérieur du colloque du Réseau International Francophone de Recherche Qualitative (RIFReQ). Ce fut l’occasion de faire deux constats importants : la MTE est une approche utilisée dans de nombreuses disciplines à travers le monde francophone et elle est une approche efficace pour donner des résultats de recherche pertinents, et ce, à propos de différentes problématiques.
En 2011, ils ont publié, en anglais, une autre partie des résultats de leurs recherches sur l’utilisation de la MTE. Cet article qui a été traduit en espagnol et en français met en lumière les conflits vécus par les utilisateurs de la MTE entre les exigences de cette approche et les exigences institutionnelles en matière de recherche scientifique.
En 2013, ils ont organisé un deuxième colloque international sur la MTE à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Juliet Corbin, chercheure à la San Jose State University, reconnue mondialement pour ses travaux sur les méthodes qualitatives, avait alors présenté la conférence d’ouverture. Il s’agissait pour elle de sa première visite au Québec. La co-auteure du livre Basics of Qualitative Research, qui a été traduit en huit langues, en avait profité pour parler de l’importance de clarifier ce qu’est une méthode inductive et en quoi ces approches sont scientifiques. Ce colloque avait aussi été l’occasion de lancer officiellement la nouvelle revue Approches inductives, le livre Méthodologie de la théorisation enracinée publié aux Presses de l’Université du Québec (PUQ) et les formations et écoles d’été offertes annuellement à l’UQTR.
Aujourd’hui, dix numéros de la revue ont été publiés et, au cours de l’année 2017, pas moins de 58 514 articles de la revue Approches inductives ont été consultés et 16 816 articles ont été téléchargés. Il y a eu 11 770 visiteurs différents et 27 052 visites, pour 89 222 clics sur les pages. Les visiteurs proviennent des quatre coins de la planète.
François Guillemette et Jason Luckerhoff offrent des formations afin d’accompagner les chercheurs et étudiants qui désirent mener des projets de recherche selon la MTE ou d’autres approches inductives. En plus de la formation à Trois-Rivières du 22 au 26 octobre 2018, ils ont donné une journée de formation sur le logiciel NVIVO à des étudiants de la maîtrise et du doctorat de l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR. Il est aussi prévu qu’ils donnent d’autres formations à Moncton du 29 novembre au 1er décembre 2018, en Belgique du 1er au 5 avril 2019, et à Trois-Rivières à nouveau du 2 au 7 juin 2019.