Lorsqu’il est question de réviser (corriger) un texte, on pense spontanément à la correction des « fautes de français », soit à la révision linguistique, alors que la qualité d’un écrit repose beaucoup sur d’autres éléments de la langue écrite.
D’où le titre de cette chronique, qui reprend l’intitulé du cours FRA 1016 Révision en communication écrite offert par le Département de lettres et communication sociale de l’UQTR, dont le contenu prend aussi en compte l’aspect communicationnel d’un texte. Et, à ma connaissance, les correcteurs automatiques, malgré leur efficacité, ne détectent pas toutes les anomalies possibles, outre la grammaire et l’orthographe. Une révision « humaine » est essentielle pour compléter le travail. Voici quelques exemples des composantes d’un texte qui, notamment, sont à surveiller.
Le niveau de langue
Niveau familier avec des proches ou dans une communication informelle, ou plus soutenu dans un texte plus officiel.
La ponctuation
Régie par des règles, par exemple le signe de ponctuation exigé avant « car ».
Mais, cela va aussi avec le style, la liberté de l’auteur. Certains sont, par exemple, plus virguleux que d’autres.
La syntaxe
Moins contraignante, comme l’ordre de plusieurs compléments après un verbe. Le complément direct se place en premier ; mais, au-delà de cette règle, le plus court irait en premier. Néanmoins, cela va encore une fois avec le style, la liberté de l’auteur.
Choix de la norme
Le réviseur doit faire des choix, le cas échéant, soit appliquer la norme du français international (France, surtout) ou québécois, car les différences sont nombreuses : auteur ou autrice ?, drastique (emprunt intégré en France) mais draconien au Québec, etc.
Le temps de révision
Le temps est l’ennemi de la révision, une étape longue et souvent non prévue dans le calendrier de travail du rédacteur qui, parfois, doit répondre à une échéance serrée. Car, une révision bien faite exige souvent trois lectures : la première permet de détecter les fautes flagrantes, le sens du texte et sa structure, la deuxième plus attentive et une dernière soit un balayage du texte pour une vue d’ensemble.
Notons au passage que la grande difficulté en correction est celle de corriger ses propres textes; il semble qu’on y porte moins attention, car on connaît déjà le contenu et souvent une personne ne connaît pas toutes les règles de grammaire, de la syntaxe, etc. Le réviseur professionnel non plus d’ailleurs, mais il a la faculté de détecter les fautes et recourt au besoin à ses ouvrages de référence pour résoudre les difficultés.
À force de corriger des textes, on se rend compte rapidement que certaines fautes, subtiles, reviennent souvent, peu importe les auteurs. En voici un bref échantillon.
Jouez au réviseur
Corrigez ces fautes dans les phrases suivantes. Les solutions se trouvent ci-dessous, à la fin de la chronique.
1- À cause du manque de main d’œuvre, les employeurs sont confrontés à plusieurs difficultés.
2- Plus d’un accident sont causés par l’alcool au volant.
3- Les gouvernements devraient prendre des mesures drastiques pour atténuer le réchauffement de la planète.
4- Son employeur a défrayé les coûts de son voyage en France.
5- Les joueurs de l’Impact ont bien performé lors de leurs matchs à l’extérieur.
6- À date, nos résultats financiers sont excellents.
7- Mon frère siège sur le comité des loisirs
8- Cette entreprise éprouve des difficultés au niveau des relations de travail.
9- Dû à sa maladie, il a manqué une semaine de travail.
10- J’ai encaissé un bon retour d’impôt cette année.
Prochaine chronique et suggestion de lecture
Dans la prochaine chronique, La révision en communication écrite : par nos fautes, par nos très grandes fautes, nous développerons d’autres aspects de la révision (prise en compte du destinataire, de la qualité d’un texte, etc. et proposerons davantage d’exercices de repérage.
Pour qui la révision intéresse, le livre Au bonheur des fautes – Confession d’une dompteuse de mots[i] de Muriel Guilbert présente, de façon très humoristique, une excellente image, exemples à l’appui, de la tâche d’un correcteur. En outre, elle est la correctrice de David Foekinos, auteur français en vogue. Son éditeur procède ensuite à une autre révision. Prudent !
Pour conclure, j’ajouterai que tous les textes que nous publions sont révisés par un tiers. Vrraiment, les révizeurs, on ne peut sans paser…
Solutions
1- À cause du manque de main d’œuvre, les employeurs sont confrontés à plusieurs difficultés.
« font face », puisque confronter comprend l’idée d’opposition. Voir confrontation.
2- Plus d’un accident sont causés par l’alcool au volant.
« est causé », accord selon la grammaire plutôt qu’en fonction du sens (syllepse).
3- Les gouvernements devraient prendre des mesures drastiques pour atténuer le réchauffement de la planète.
« draconiennes »
4- Son employeur a défrayé les dépenses de son voyage en France.
On « défraie » quelqu’un de ses dépenses et non les dépenses de quelqu’un.
5- Les joueurs de l’Impact ont bien performé lors de leurs matchs à l’extérieur.
« se sont surpassés », « ont brillé », etc.
6- À date, nos résultats financiers sont excellents.
« À ce jour »
7- Mon frère siège sur le comité des loisirs.
« au » comité
8- Cette entreprise éprouve des difficultés au niveau des relations de travail.
« en ce qui concerne les »
9- Dû à sa maladie, il a manqué une semaine de travail.
« En raison de »
10 – J’ai encaissé un bon retour d’impôt cette année.
« remboursement »
Référence
[i] Guilbert, Muriel (2017). Paris, La librairie Vuibert, 255 p.