Depuis le début de la crise de la COVID-19, nous sommes inondés d’informations dans les médias, notamment en lien avec les origines du virus, sa propagation et ses effets sur les patients atteints. Dans ce contexte, Lionel Berthoux du Département de biologie médicale de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), professeur de virologie et maladies infectieuses, remet les pendules à l’heure et démystifie COVID-19.
Qu’est-ce qu’un coronavirus ?
Il existe plusieurs types de coronavirus. Certains coronavirus n’affectent pas du tout l’humain, certains le font avec des symptômes respiratoires modérés (ex. : rhumes) et un petit nombre d’entre eux deviennent pathogéniques, générant une épidémie de grande ampleur comme celle que nous vivons présentement. Dans les 20 dernières années, on recense 3 épidémies humaines majeures liées aux coronavirus: le syndrome respiratoire aigu (SRAS, 2002-2003), le syndrome respiratoire Moyen-Orient (MERS, 2013 à aujourd’hui, avec une pointe entre 2013-2016), et le COVID-19.
Les coronavirus sont typiquement transmis à l’humain à partir d’animaux. Leur réservoir naturel est la chauve-souris, c’est-à-dire que ces virus se propagent constamment à l’intérieur de certaines populations de chauves-souris et, occasionnellement, ils peuvent se transmettent à l’humain. Par contre, il semble que cette transmission soit indirecte. Par exemple, pour le MERS, le virus s’est transmis des chauves-souris aux dromadaires il y a plusieurs années ; il se reproduisait ensuite entre les dromadaires et, finalement, il s’est propagé à l’humain.
Dans le cas du COVID-19, il semble qu’un mammifère asiatique appelé « pangolin » aurait joué le rôle d’intermédiaire entre la chauve-souris et l’humain. Toutefois, son taux de transmissibilité est supérieur au MERS et au SRAS, ce qui nous indique que la pandémie perdurera plus longtemps et sera de plus grande ampleur.
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Montage et narration : Lionel Berthoux
Quelles sont les origines du COVID-19 ?
Le nom scientifique du COVID-19 est SARS-CoV-2. Il est apparu dans la province de Wuhan, en Chine, à la fin de mois de novembre 2019.
Au début 2020, les équipes chinoises ont partagé la séquence du génome viral du COVID-19. L’identification de la séquence du génome a permis de déterminer à quel type de virus appartient le COVID-19. Des analyses phylogénétiques démontrent qu’il est très proche du coronavirus que l’on retrouve chez les chauves-souris et du virus SRAS de 2002-2003.
Le fait d’avoir accès à la séquence du génome viral du COVID-19 a permis aux équipes de scientifiques de développer rapidement un test de détection efficace.
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Montage et narration : Lionel Berthoux
Comment se transmet le COVID-19 ?
Certaines maladies sont transmissibles seulement lorsqu’il y a des symptômes, par exemple l’Ébola qui se transmet par les fluides corporels. La plupart du temps, les personnes contaminées sont des membres de la famille du patient ou du personnel de la santé.
D’autres maladies sont transmissibles avant l’apparition des symptômes caractéristiques. C’est le cas de la rougeole, par exemple, qui se transmet d’un enfant à un autre lors de petits épisodes de toux surgissant avant l’apparition des symptômes caractéristiques (lésions rouges sur la peau). Ainsi, la transmission se fait dans la phase asymptomatique.
On sait à présent que le COVID-19 est transmis durant la phase symptomatique mais également durant la phase asymptomatique, avant que la personne ne montre les symptômes caractéristiques de fièvre, toux et difficultés respiratoires. Des gouttelettes de salive portant le virus vont être inhalées par les personnes se trouvant à proximité ou contaminent des surfaces ou objets (ex. : poignée de porte). Dans ce cas, la transmission se fait lorsque les personnes touchent les objets contaminés et ensuite portent la main à leur bouche, à leur nez ou à leur œil.
Le virus peut survivre longtemps sur certaines surfaces, notamment sur le plastique. S’il peut y survivre plusieurs jours, il faut bien voir que son infectivité diminue constamment, et que ce n’est pas clair s’il serait encore infectieux après 2 ou 3 jours.
Dans tous les cas, il faut prendre au sérieux la possibilité que le virus soit présent sur diverses surfaces. En conséquent, il faut bien se laver les mains et utiliser des gels à base d’alcool lorsqu’on est dans des lieux publics ou qu’on en revient.
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Quel est le taux de propagation du COVID-19 ?
La propagation est déterminée par le taux de reproduction du virus, à savoir le nombre moyen de personnes qui seront infectées par un patient qui est lui-même déjà infecté.
Les données épidémiologiques démontrent un taux de reproduction pour le COVID-19 estimé entre 2,2 et 3. Donc, une personne infectée le transmet en moyenne à 2,6 autres personnes.
Il faut savoir que le taux de reproduction était initialement difficile à estimer à cause des personnes infectées qui sont restées asymptomatiques ; pour cette raison, il est fort possible que le taux de reproduction soit en réalité supérieur à cette estimation.
Par ailleurs, les différentes mesures préventives visent à faire diminuer ce taux de reproduction. Lorsque le taux de reproduction passe en dessous de 1, les épidémies s’arrêtent car les nouveaux cas ne suffisent pas à maintenir la transmission épidémique.
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Montage et narration : Lionel Berthoux
Comment se développe le COVID-19 chez la personne infectée ?
Une fois contaminée, la personne entre en période d’incubation pour 5 à 6 jours, en moyenne.
Ensuite, l’apparition des symptômes est soudaine et ressemble à la grippe. Les symptômes prédominants sont la fièvre (83 % des patients) et la toux (82 % des patients). Les difficultés à respirer sont remarquées chez un nombre significatif de patient (32 %).
L’inflammation joue un rôle central dans la pathogenèse des coronavirus. Le mécanisme sous-jacent de la pathogénèse de la COVID-19 est l’hypoxémie, qui représente une défaillance d’échange de l’oxygène dans les poumons. Le déficit d’oxygénation du sang est lié à un dérèglement local de la réponse immunitaire au niveau des poumons. Il y a présence d’inflammation importante et, dans cette perspective, COVID-19 peut être vu comme une forme de pneumonie.
La forme la plus grave de la maladie concerne 17 % des cas. Les patients présentent le syndrome de détresse respiratoire aiguë (SDRA), qui entraîne des complications neurologiques, cardiaques, gastrointestinales, etc. Ces personnes sont plus à risque de mourir, et le délai entre les premiers symptômes et le décès est de 14 jours.
Le taux de fatalité est de 2 à 5 % des personnes infectées.
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Quels sont les principaux facteurs de risque ?
L’âge est définitivement un facteur de risque principal. On remarque peu de complications chez les patients de moins de 40 ans. Ensuite, le risque de développer une forme grave de la maladie augmente avec âge, le taux de décès étant de 15 % pour les personnes de 80 ans et plus.
Parallèlement à l’âge, les populations à risque sont celles aux prises avec des inflammations chroniques des voies respiratoires (fumeurs, asthmatiques) et des problèmes chroniques d’oxygénation (diabète, maladies cardiovasculaires). L’immunodéficience pourrait également représenter un facteur de risque.
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Montage et narration : Lionel Berthoux
Est-ce que les enfants sont aussi affectés ?
Une étude menée auprès d’enfants chinois démontre que la forme pédiatrique du COVID-19 est généralement sans complication sérieuse. La méthodologie utilisée, visant à comparer des échantillons anaux (prélèvement sur le rectum) et des échantillons nasopharyngés (prélèvement dans les narines), soulève toutefois la possibilité que le COVID-19 puisse également se propager par les matières fécales.
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Quels sont les traitements contre le COVID-19 ?
Encore aucun traitement n’a été approuvé pour aucun coronavirus en ce moment. Il y a certains traitements expérimentaux qui sont actuellement offerts aux patients COVID-19, qui sont des molécules développées pour d’autres maladies, comme l’infection à Ébola ou le VIH-1.
L’utilisation de la ventilation mécanique est jugée critique dans la prise en charge des patients pour aider à l’oxygénation.
D’ailleurs, l’objectif principal des mesures visant à freiner la maladie est d’éviter l’hospitalisation de nombreux patients de façon simultanée, pour éviter que le système de santé ne soit en déficit de ventilateurs. C’est la situation qui se produit actuellement en Italie.
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