Le défi était grand pour réaliser un stage de l’aveu même d’Alexandra Lehoux, étudiante à la maîtrise en ergothérapie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) : « Au début, c’était déstabilisant. On a dû apprivoiser les outils de télé pratique, faire preuve de créativité, user d’astuces et d’imagination pour s’adapter au fait que nous ne pouvions intervenir directement dans le milieu de vie de la personne. Mais de travailler autrement nous a permis de développer d’autres compétences. Au final, je suis impressionnée par ce que nous avons accompli. »
Le 13 mars dernier, cette jeune femme, comme 28 autres de ses collègues finissants de la cohorte du programme d’ergothérapie de l’UQTR, s’est retrouvée sans stage dans le contexte de la crise liée à la Covid-19. De fait, celui-ci avait débuté quelques jours auparavant, le 9 mars. « Nos professeures ont réagi rapidement et travaillé en collaboration avec la Clinique multidisciplinaire en santé de l’UQTR pour réinventer nos stages. En trois semaines, en collaboration avec nos professeures, nous avons conçu des programmes adaptés à toutes les clientèles et entamé les consultations à distance en utilisant Zoom », explique Pascale Piedalue, également étudiante à la maîtrise en ergothérapie à l’UQTR.
Pour Alexandra et Pascale, comme pour le reste de la cohorte d’étudiants à la maîtrise, ce fut un énorme soulagement. Sans stage, il aurait fallu décaler l’obtention du diplôme délivré au terme de leur programme, prévu pour décembre 2020.
Des professeures proactives
Noémi Cantin, professeure au Département d’ergothérapie de l’UQTR, explique que « le réseau de la santé est le principal lieu de formation clinique des étudiants inscrits dans des programmes professionnels. Ainsi, la suspension des services dans le contexte de l’urgence sanitaire a du même coup entraîné la suspension des stages ».
Habituellement, le cheminement du cursus d’ergothérapie prévoit que les étudiants complètent un stage à la fin de la session d’hiver, pour ensuite entamer une session d’été consacrée à des séminaires et un projet d’intégration (recherche). Puis, un dernier stage est prévu à l’automne, avant une demie session de cours intensifs, laquelle culmine par la fin de leur parcours universitaire en décembre 2020.
« À la fin du mois de mars, lorsqu’il est devenu clair que la crise perdurerait plusieurs mois, les professeures du Département d’ergothérapie se sont réunis afin de trouver une solution qui permettrait à nos étudiants de terminer leur stage. La présence de la Clinique multidisciplinaire en santé de l’UQTR nous a permis de relever ce défi avec brio. Ainsi, en l’espace de quelques jours, nous avons sollicité nos partenaires ainsi que des organismes communautaires, et nous avons réussi à mettre sur pied un stage novateur et unique en son genre s’appuyant sur la télé pratique », relate la professeure Cantin.
La Clinique multidisciplinaire en santé de l’UQTR : incubateur de stages
La Clinique multidisciplinaire en santé (CMS) de l’UQTR, une infrastructure unique dans le réseau universitaire québécois, est en fait très similaire à un laboratoire d’enseignement. La structure qu’offre la CMS à l’intérieur de l’Université permet d’y associer des projets qui contribuent à la formation des étudiants dans les programmes du secteur de la santé, notamment en ergothérapie.
La CMS, grâce à ses partenaires mais aussi à l’implication des professeurs cliniciens et chargés de cours, a ainsi permis au Département d’ergothérapie de dénicher des stages pour la cohorte d’étudiants en ergothérapie. « Ce stage est devenu une occasion pour les stagiaires de développer leurs compétences en télé pratique tout en offrant leurs services professionnels à des organismes qui en avaient grandement besoin », rapporte Noémi Cantin.
Ainsi, dans le cadre de ce stage, cinq équipes d’environ six étudiants ont été créées afin de répondre à des besoins identifiés par des partenaires de la CMS :
- Équipes « Ergonomie en télétravail », volets santé physique et psychosociale : intervention auprès des membres du personnel de l’UQTR en télétravail.
- Équipe « Santé mentale » : pour contribuer à briser l’isolement social des résidents des immeubles de l’Office municipal d’habitation de Trois-Rivières.
- Équipe « Faire ce que j’aime malgré tout » : intervention de groupe auprès des membres des associations de la sclérose en plaque, de fibromyalgie et des personnes aînées.
- Équipe « Enfance » : création de fiches d’information à l’intention des familles associées à l’organisme Trois-Rivières en action et en santé et la maison Grandiose.
« Pour l’équipe du Département d’ergothérapie, le stage est une belle réussite. Certains des services qui ont été créés s’intègreront maintenant à l’offre de stage régulière de la CMS, afin d’offrir à nos étudiants la possibilité de développer leurs compétences en télé pratique. Nos étudiants seront ainsi équipés pour faire face à la réalité changeante du réseau de la santé », conclut Noémi Cantin.