Le deuxième coup de sonde d’une recherche conjointe UQTR-Université Laval menée sur les conséquences de la pandémie COVID-19 sur la gestion et la santé psychologique d’entrepreneurs, révèle une tendance à l’équilibre. On serait ainsi passé de la tendance forte à vouloir saisir les nouvelles opportunités liées à ce chamboulement mondial, à un retour vers l’équilibre.
Étienne St-Jean, professeur à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et sa collègue Maripier Tremblay, de la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval ont publié en juillet dernier les premiers résultats de leur étude intitulée Les conséquences de la pandémie COVID-19 sur la gestion et la santé des entrepreneurs.
Voici les faits saillants associés à la deuxième phase de collecte de données réalisée quatre mois plus tard auprès de leur échantillon de 496 personnes en affaires.
Le relâchement des mesures sanitaires et un certain retour « à la normale » a eu des conséquences observables pour l’échantillon participant pendant la deuxième période étudiée (juillet à octobre 2020) comparativement à la première (mars à juin 2020).
« Deux observations nous indiquent que les répondants ont retrouvé un certain équilibre. La fin de la première vague, associée au retour à une nouvelle normale, a aidé à stabiliser leur situation. On constate moins de stress, moins d’épuisement, plus de bien-être et une réduction de la consommation d’alcool et de drogues en guise de compensation. Les changements dans la vie des gens en affaires ont aussi été moins fréquents qu’entre mars et juin. Ainsi, on pourrait interpréter cela comme étant une nouvelle réalité qui a fini par être absorbée », résument les professeurs Tremblay et St-Jean.
Cela se reflète sur d’autres indicateurs tels les défis vécus, notamment la gestion de l’équilibre entre les différentes sphères de la vie d’entrepreneur qui était considéré comme un défi important pour 51 % au début de la crise, et qui est maintenant vécu par 42,8% à la deuxième période étudiée.
« Avec le temps et une fois le choc de la crise initiale passée, les entrepreneurs finissent par se trouver des moyens pour retrouver un équilibre de vie et naviguer dans une nouvelle normalité », indique la professeure Tremblay.
Situation financière
« La réouverture de plusieurs entreprises dès le début de l’été et jusqu’au milieu de l’automne a amélioré la situation financière pour plusieurs, même si certaines demeurent à risque ou ont déjà définitivement fermé », commente le professeur St-Jean, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la carrière entrepreneuriale et membre de l’Institut de recherche sur les PME de l’UQTR.
Par exemple, les deux chercheurs constatent une certaine amélioration des indicateurs financiers des PME de l’échantillon pendant la deuxième période, comparativement à la première. En effet, 47,6 % ont eu une baisse de leurs liquidités qui a été observée alors que cette baisse était de 56,8 % au début de la pandémie.
Amélioration de la santé psychologique
La plupart des indicateurs de santé psychologique se sont améliorés pour la deuxième période. Toutefois, certains scores demeurent élevés, comme par exemple le fait que 47,3 % des entrepreneurs se sentent quelques fois, ou souvent, en solitude, et on pourrait estimer que 28,9 % ont des symptômes assez grands d’épuisement professionnel.
Les recommandations des deux chercheurs demeurent sensiblement les mêmes que pour la période précédente.
« L’entrepreneur gagne à se concentrer sur la tâche ou à s’accorder du temps pour décrocher de ses responsabilités et refaire le plein d’énergie par des activités qui lui font du bien (marche et activité physique, lecture, méditation ou yoga, etc.). Nos résultats à cet égard sont éloquents. »
Horizon sombre
L’équipe fera un suivi auprès de son échantillon dans les prochains jours. Le portrait risque d’être toutefois beaucoup plus sombre que celui qui vient d’être dévoilé, car le Canada a connu une seconde vague de COVID-19, qui a non seulement menée à la fermeture de plusieurs commerces, mais également ajoutée un couvre-feu pour les personnes qui résident au Québec. Cela pourrait avoir eu des conséquences difficiles pour les entreprises et les personnes en affaires. Le prochain résumé de recherche est donc attendu avec beaucoup d’intérêt.