Aider les enfants aux prises avec un trouble développemental du langage à mieux communiquer : c’est le quotidien de cinq étudiantes du programme de maîtrise en orthophonie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) qui, durant l’été 2021, vivent une expérience de stage intense et enrichissante auprès de ces jeunes. Masques adaptés avec visière pour leur bouche, les étudiantes ont mené avec doigté et passion des thérapies individuelles et de groupe auprès de 14 enfants âgés entre 5 et 7 ans en attente de services en orthophonie au CIUSSS MCQ.
Ces interventions s’inscrivent dans la formule d’un camp de jour en stimulation du langage d’une durée de trois semaines, entremêlant les thérapies aux activités. Les enfants participant au camp de jour présentent certaines difficultés langagières ; on pense au trouble développemental du langage, par exemple d’avoir de la difficulté à raconter une histoire de façon cohérente en omettant des détails ou en désordonnant le récit, ou encore à certains problèmes phonologiques, comme le fait de transformer des sons en parlant.
Vicky Boucher, étudiante en orthophonie, a été embauchée pour concevoir les activités et coordonner le camp de jour : « Pour moi, que l’UQTR me permette de vivre une telle expérience, c’est tout simplement fantastique ! », lance-t-elle les yeux pétillants.
Puisant dans les connaissances acquises durant sa maîtrise, Vicky a d’abord dû concevoir une série d’activités adaptées aux enfants. Que ce soit des chansons, des expériences scientifiques, des lectures interactives ou une chasse au trésor, chaque activité doit permettre de stimuler différents aspects du langage, par exemple le vocabulaire, la numératie, la conscience phonologique ou la structure de phrase.
Au-delà de la conception d’activités, Vicky doit également s’assurer du bon déroulement du camp de jour, coordonnant les horaires des thérapies pour les enfants et l’équipe composée de quatre stagiaires et deux animatrices, toutes étudiantes de l’UQTR.
« J’ai appris énormément! D’abord, sur la gestion d’une équipe, mais aussi de savoir comment réagir aux comportements des enfants, par exemple pour bien répondre aux besoins de ceux présentant un déficit de l’attention avec hyperactivité. Ensuite, j’ai appris sur la collaboration, le travail en équipe, l’intervention de groupe, la communication avec les parents, bref toutes des compétences utiles pour ma future carrière », explique l’étudiante à la maîtrise.
Un stage enrichissant
L’expérience positive de Vicky est également partagée par ses collègues étudiantes en orthophonie, qui ont choisi de faire leur stage auprès des enfants du camp de jour. C’est le cas de Laurie Doyon qui, après avoir terminé son baccalauréat en psycholinguistique à l’Université de Montréal, a choisi de poursuivre à la maîtrise en orthophonie à l’UQTR « parce qu’ici, on est considérée comme des étudiantes à part entière, pas juste des numéros ».
Laurie se dit chanceuse de vivre cette expérience qui, en plus, permet d’appliquer concrètement son projet de maîtrise sur la conscience phonologique chez l’enfant pour le préparer à la lecture. « À travers les thérapies, je vois l’évolution, la progression des enfants. Pour une future orthophoniste, c’est valorisant de constater l’impact que je peux avoir sur leur développement linguistique », explique-t-elle.
Les quatre stagiaires sont supervisés par deux orthophonistes du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ), soit Josée Grenier et Ismaël Mériouma-Caron. « Le partenariat avec le CIUSSS MCQ nous permet de connaître un plus grand éventail de problématiques, nos superviseurs nous transmettent beaucoup de leur expertise », confirme Laurie, visiblement stimulée par ces échanges.
Évaluer la progression des enfants
Le camp de jour en stimulation du langage est un projet pilote qui s’inscrit dans la mission de la Clinique multidisciplinaire en santé (CMS) et bénéficie d’une subvention du Fonds de recherche clinique de l’UQTR. Le projet de recherche est mené par Louise Duchesne et Jessica Lesage, professeures au Département d’orthophonie de l’UQTR, en collaboration avec les orthophonistes Josée Grenier et Ismaël Mériouma-Caron du CIUSSS MCQ.
« Il s’agit de voir concrètement les retombées du camp de jour en stimulation du langage. Les enfants sont évalués avant et après leur passage chez nous en fonction de différents critères d’amélioration du langage et de la parole. Nous recueillons également la perception des parents grâce à un questionnaire et des groupes de discussion », précise la professeure Lesage, également directrice pédagogique du volet orthophonie à la CMS, avant de conclure : « En somme, c’est vraiment un projet qui répond à la mission des cliniques universitaires en santé, soit la formation des étudiants, la recherche et le service à la population. On espère réitérer l’expérience à l’été 2022 ! »