La langue française perdra sous peu l’un de ses plus ardents défenseurs. Au cours des prochaines semaines, le directeur de l’École internationale de Français de l’UQTR tirera sa révérence après une carrière de 37 ans, où il a partagé son amour et sa passion pour la langue de Molière.
En fait, Daniel Lavoie ne déposera pas complètement les armes lorsqu’il obtiendra officiellement son statut de retraité. Les différents organismes et regroupements auxquels il siège, comme le Forum mondial Heracles où il occupe le poste de vice-président depuis huit ans, pourront encore compter sur son implication. Et puisque la santé est bonne et la passion toujours aussi enflammée, l’homme de 62 ans pourrait devenir un conseiller indépendant très prisé par des organisations et entreprises à la recherche de son expertise.
C’est quand même toute une page d’histoire qui se tournera à l’École internationale de Français au moment du départ de son directeur. Daniel Lavoie n’était qu’un jeune diplômé du baccalauréat en génagogie lorsqu’il a fait son entrée à l’ÉIF en 1984 pour devenir animateur auprès des étudiants anglophones venus apprendre le français. D’ailleurs, c’est grâce à la motivation générée par son nouveau défi professionnel qu’il arrive, à cette époque, à conjuguer travail et études, en complétant sa maîtrise et en entamant un projet de doctorat. Ses efforts scolaires et ses différentes implications lui auront permis au fil des ans de gravir les échelons, lui qui, en plus d’avoir été directeur du centre des langues de la Universidad de las Américas Puebla (Mexique), a occupé les postes d’attaché d’administration et de coordonnateur de l’ÉIF, avant d’être nommé directeur en 2009.
Au cours de sa longue carrière, Daniel Lavoie a vu défiler près de 70 000 visiteurs venus à l’UQTR pour y apprendre le français, que ce soit dans le but de se perfectionner avant d’entreprendre un programme universitaire ou simplement pour découvrir la culture québécoise francophone.
« Nos différents programmes d’immersion permettent de recevoir une panoplie de participants de tous les âges et de toutes les cultures. J’ai eu autant de plaisir à recevoir des étudiants du Canada et du reste du monde que des personnes retraitées ou des familles. Je suis un amoureux de la langue française et chaque fois, c’est un bonheur de leur transmettre ma passion et de les voir progresser durant leur passage chez nous », explique le futur retraité.
Une pause des aéroports
Comme directeur de l’ÉIF et membre de conseils d’administration d’organismes internationaux, Daniel Lavoie a dû se rendre à l’étranger à de nombreuses reprises au cours de sa carrière. Il a rapporté des dizaines d’objets souvenirs qu’il expose fièrement dans son bureau afin de rendre hommage à celles et ceux qui ont croisé son chemin. Ce sont d’ailleurs les rencontres avec tous ses collègues des différentes cultures qui lui manqueront, et non les longs voyages en avion.
« J’ai horreur de l’avion, s’exclame Daniel Lavoie en riant. Ça surprend les gens quand je leur dis ça, mais je ne m’ennuierai pas du tout des longs vols et des
aéroports. Par contre, les échanges culturels vont me manquer. »
Développer des relations avec des partenaires de différentes cultures comme la Chine, le Mexique, le Brésil ou même le Canada anglais a entraîné le directeur de l’ÉIF dans certaines expériences inoubliables. Son humour et son grand respect pour les traditions ont été ses meilleurs atouts pour s’adapter aux meilleures et aux pires situations.
« J’ai mangé des choses complètement indigestes en Chine et je ne devais pas montrer à mes hôtes que je n’aimais pas ça. Ça aurait été très mal perçu. Dans ce temps-là, on fait comme si c’est bon et on ne cherche surtout pas à savoir ce qu’il y a vraiment dans l’assiette! Je me rappelle aussi certaines situations très dangereuses où nous étions en pleine zone de guerre au Mexique. Nous avions la protection de gardes du corps et devions être très prudents dans nos déplacements. Tous les peuples ont des coutumes, des traditions et des réalités parfois très difficiles avec lesquelles ils vivent au quotidien. Il ne faut pas porter de jugement. C’est comme ça qu’on tisse des liens », explique M. Lavoie.
Un ambassadeur pour la région
Trifluvien d’adoption, l’homme originaire de Baie-Comeau a joué un grand rôle d’ambassadeur pour Trois-Rivières et la Mauricie en vantant les avantages de la région à celles et ceux qui cherchaient le meilleur endroit pour vivre une expérience immersive. Son travail a d’ailleurs fait les manchettes du prestigieux New York Times en 2012. Un article qu’il conserve précieusement depuis.
« Nous offrons la meilleure alternative au Canada et j’en suis très fier. Nous avons les meilleurs chargés de cours et professeurs, ainsi que des résidences et un campus bien situés. La ville est très accueillante et les commerçants sont partenaires avec nous pour servir nos participants en français et les encourager dans leur apprentissage de la langue. On se fait aussi un devoir de leur faire découvrir nos attraits comme les musées, les sites historiques et touristiques. Ils en apprennent beaucoup sur la région et nos partenaires profitent de l’affluence et la visibilité qu’on leur offre », insiste le directeur, en rappelant que l’ÉIF génère chaque année plus de 3 millions de dollars en retombées économiques.
Un aurevoir et des retrouvailles
Lorsque l’UQTR aura complété le processus menant à l’arrivée du prochain directeur de l’ÉIF, Daniel Lavoie pourra saluer ses collègues une dernière fois. Un court repos est prévu à son horaire avant d’entamer sa préparation en vue de la saison de golf qui s’annonce plus paisible pour le retraité.
« L’ÉIF roule à fond la caisse en été puisque nous avons nos plus grands groupes de l’année. Et comme on collabore avec des partenaires situés dans tous les fuseaux horaires, on a l’impression de travailler 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Je compte bien profiter d’un premier été reposant depuis fort longtemps! »
Et comme c’est toujours le cas, les occasions seront nombreuses pour lui de croiser la route d’anciens participants qui ont vécu l’expérience de l’ÉIF.
« Je rencontre des serveurs, des agents de bord, des gens d’affaires ou autre qui m’arrêtent et me saluent, car ils se souviennent de moi et de leur passage à l’ÉIF comme participant ou animateur. Ça me fait chaud au cœur chaque fois de voir qu’on a marqué leur vie. Ils ont certainement marqué la mienne. »
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