C’est à l’occasion d’une cérémonie officielle tenue le 31 mai que le ministre de l’Éducation du Québec, M. Jean-François Roberge, a décoré 44 nouveaux membres de l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec parmi lesquels figurent le recteur-fondateur de l’UQTR, M. Gilles Boulet (1926-1997). Monsieur Boulet est reçu à titre posthume en tant que membre émérite en reconnaissance de sa contribution d’envergure au système éducatif du Québec et à son rayonnement.
Le recteur Christian Blanchette s’est réjoui de cette prestigieuse reconnaissance qui rejaillit sur l’Université : « Les clefs de voûte que Gilles Boulet a posées — se distinguer, se développer en cohérence avec nos milieux, faire de l’innovation pédagogique, sociale et scientifique — sont encore les pivots fondamentaux de la mission de l’UQTR ».
S’il fallait déterminer une figure centrale de l’émergence et du déploiement du fait universitaire en Mauricie, c’est la sienne qui s’imposerait. Gilles Boulet fut en effet de toutes les étapes menant aux lettres patentes de l’UQTR, le 19 mars 1969.
Il a déployé une énergie considérable et mis toute sa force de persuasion au service de cette grande idée : faire de Trois-Rivières non plus un comptoir, mais une ville universitaire. C’est sous son impulsion et sa gouverne éclairée qu’enfin, en 1969, les équipes conjuguées du Centre d’études universitaires (C.E.U.) et de l’École normale Maurice-Duplessis définissent cette université qui n’est plus un projet, mais désormais une réalité à incarner.
Gilles Boulet a dirigé les destinées de l’UQTR pendant dix ans, alors que tout était à bâtir. Il s’y est employé avec en tête deux exigences indissociables l’une de l’autres et qui définissent la haute idée qu’il se faisait de la mission universitaire : en toutes choses, viser l’accès aux études et l’excellence. Il croyait fermement en la vocation générale de l’UQTR ; en même temps, il voulait qu’elle se distingue, qu’elle ait sa signature bien à elle. C’est durant son rectorat qu’ont commencé à émerger des créneaux qui distinguent encore l’UQTR dans le paysage universitaire : sciences de la santé, loisir, études québécoises, notamment.
Grâce à son leadership et à son engagement inlassable, les gens de la région bénéficiaient d’un meilleur accès à l’université. La création de l’UQTR représente sans doute le plus bel accomplissement de cet homme qui a toujours vu dans l’éducation et le savoir des leviers indispensables au développement et à l’affirmation des communautés.
L’ampleur de sa contribution est difficile à circonscrire, mais l’impact de ses actions et de ses réalisations à la tête du C.E.U., de l’UQTR, de l’Université du Québec (1978-1988) et du Musée des arts et traditions populaires du Québec (1989-1997) retentit encore dans l’esprit et la mémoire de la région et des communautés universitaires qui se succèdent depuis plus de cinquante ans.
D’autres réalisations importantes rappellent son dévouement et son implication dans la communauté mauricienne. Homme de cœur, c’est lui qui a créé le Noël du Pauvre, une tradition de générosité depuis 50 ans en Mauricie. Homme du monde, il a fondé l’Organisation universitaire interaméricaine (OUI) au début des années 80. Homme de mémoire, il a frappé à toutes les portes pour que soit érigé ce qu’on appelle aujourd’hui le musée POP, qui permet d’apprécier, entre autres, la fabuleuse collection assemblée par le professeur Robert-Lionel Séguin. Homme de culture, il a contribué au lancement du Festival international de poésie, devenu un incontournable dans le paysage culturel de Trois-Rivières. Ce sont là autant de paris audacieux qui sont venus transformer et enrichir la vie régionale.
Sa carrière fut et est encore couronnée de grands honneurs, puisque Gilles Boulet fut nommé officier de l’Ordre national du Québec, de l’Ordre du Canada, de la Légion d’honneur et Commandeur de l’Ordre du mérite français et de l’Ordre belgo-hispanique. Il a reçu en 1983 un doctorat honoris causa de l’Université fédérale de Rio Grande do Norte, au Brésil et de l’UQTR en 2009. En 2018, l’UQTR et l’Université du Québec lui remettaient à titre posthume une Médaille à l’occasion des célébrations de leur cinquantième anniversaire.
Malgré tous les changements qu’impose le temps qui passe et l’évolution de la société et des connaissances ; malgré toutes les infrastructures qui se sont ajoutées pour former l’UQTR telle qu’on la connaît aujourd’hui, il ressort que le travail colossal qu’il a accompli a façonné une Université dont la physionomie est indissociable de sa figure, de ses valeurs et de son souvenir.
À propos de l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec
Inspiré de l’Ordre des Palmes académiques institué en France au début du XIXe siècle, l’Ordre de l’excellence en éducation du Québec permet de souligner officiellement le mérite de personnes qui ont joué ou jouent encore un rôle important en éducation. Il compte 98 personnalités réparties en trois catégories : membres, membres distingués et membres émérites.