Cette recherche revient sur l’importance que recouvre le concept d’intersubjectivité à travers ses principales approches au sein de la pensée sociopolitique contemporaine où il est envisagé comme le paradigme d’une socialité adéquate. Elle se penche sur le défi majeur d’intersubjectivité au sein des approches sociopolitiques contemporaines, qui peinent à rendre compte de l’interrelation véritable des sujets en politique.
Un tel constat d’échec de l’intersubjectivité dans la philosophie sociale et politique contemporaine se dégage principalement de l’analyse des paradigmes husserlien et habermassien ainsi que de la difficulté des conceptions libérales et communautaires de la politique à sortir de l’antinomie individu/société.
Plus spécifiquement, c’est l’échec de l’approche normative et délibérative du modèle habermassien de l’intersubjectivité à donner un fondement adéquat à la démocratie qui, de notre point de vue, explique la pertinence de la relecture de l’anthropologie politique de Spinoza telle qu’exposée dans l’Ethique et dans les deux Traités politiques. Il s’agit d’une approche anthropologique de l’interrelation fondée sur une conception « transindividuelle » de l’individualité humaine.
Ainsi, contrairement aux approches contemporaines de la socialité intersubjective, le fondement ultime du commun ou de la politique chez Spinoza ne réside ni dans la norme ni dans une fusion qui fait de la société un agrégat d’individus déterminés par la seule recherche d’intérêts particuliers; mais essentiellement dans un partage des affects qui rend possible l’union des individus et détermine leurs relations.
Thèse de doctorat en philosophie soutenue le 25 novembre 2022 à l’Université Picardie Jules Verne en France.