D’aussi loin qu’elle se souvienne, Audrey Groleau a toujours été préoccupée par les questions environnementales. C’est peut-être parce qu’elle a fait partie de cette première génération d’enfants qui ont été sensibilisés à l’école primaire sur l’importance d’adopter de bonnes habitudes pour « sauver la planète ». Une trentaine d’années plus tard, celle qui est aujourd’hui professeure au Département des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) œuvre à faire évoluer les consciences en matière de changements climatiques.
« Toute jeune, j’étais vraiment l’enfant typique qui force ses parents à recycler et qui fait la leçon sur le gaspillage et la pollution. Nos parents n’avaient pas reçu cette éducation et je me sentais investie d’une mission éducative. On nous disait à l’époque que chaque petit geste compte et ça m’a marquée d’une certaine façon. Cette préoccupation de faire une différence est un peu ce qui a teinté mon parcours académique et professionnel jusqu’ici », explique celle qui est à l’emploi de l’UQTR depuis 2014.
Si son parcours d’étudiante l’a conduite du baccalauréat en physique jusqu’au doctorat en didactique, c’est que la chercheuse a compris assez tôt dans son cheminement que sa passion pour les sciences et l’environnement allait se vivre à travers l’éducation et non par les recherches sur le terrain ou dans les laboratoires. Le développement des capacités citoyennes, la formation des enseignants en sciences et les bonnes pratiques en éducation sur l’environnement font partie des champs d’expertise de la professeure originaire de Québec. Cette dernière souhaiterait également travailler à la mise à jour des programmes québécois en éducation des sciences qui gagneraient selon elle à être modifiés.
« Le programme le plus récent est celui du deuxième cycle du secondaire et il date quand même de 2007. Au primaire, le programme d’enseignement des sciences date de 2001. Il n’y a donc pas eu de mise à jour sur ce qui est enseigné depuis plus de 20 ans ! Les enfants et les adolescents abordent peu en classe les changements climatiques importants que nous vivons depuis quelques années. Pour les conscientiser sur la chose, il est urgent de renouveler les programmes », souligne la chercheuse.
« Les jeunes d’aujourd’hui voient ce qui se passe avec les inondations, les feux de forêt et autres catastrophes naturelles. C’est anxiogène pour eux. On doit donc leur offrir une véritable éducation sur ces phénomènes », ajoute-t-elle.
Représenter le Canada à l’Office for Climate Education
Audrey Groleau revient tout juste du séminaire international de l’Office for Climate Education, un organisme associé à l’UNESCO en France, où les experts et décideurs du monde entier ont pu discuter des meilleures pratiques en éducation et en sensibilisation aux changements climatiques. La professeure de l’UQTR était d’ailleurs l’unique représentante du Canada à l’événement.
Même si elle voit des aspects importants à améliorer sur les façons d’enseigner les sciences au Québec, elle se réjouit en comparant avec ce qui se fait ailleurs.
« Dans certains pays, l’enseignement des questions environnementales au primaire et au secondaire ne figure pas vraiment dans les programmes de formation alors le Québec, malgré tout, fait bonne figure de ce côté. Toutefois, j’aimerais qu’on cesse de mettre l’accent sur les petits gestes écolos et qu’on aborde davantage sur les grands mouvements de société qui vont apporter de réels changements à long terme. Ça permettrait peut-être de diminuer le cynisme et le désespoir souvent ressentis lorsqu’on parle de l’avenir de notre planète », insiste Audrey Groleau.
Éduquer, toujours éduquer
Titulaire de la Chaire d’excellence en enseignement sur l’appropriation de questions technoscientifiques d’actualité depuis 2022, Audrey Groleau travaille à soutenir les citoyens dans leur compréhension d’enjeux complexes, dont les changements climatiques, afin de les aider à se construire une opinion et à prendre action.
« L’actualité est marquée de sujets complexes, liés à plusieurs disciplines ou à plusieurs enjeux qui concernent notre quotidien ou notre avenir. Ces sujets complexes peuvent toucher les sciences et la technologie, par exemple lorsqu’il est question de santé ou de changements climatiques. C’est pourquoi je travaille avec ma chaire à soutenir les citoyens, mais aussi les enseignants et les futurs enseignants du primaire et du secondaire, car ce sont eux qui doivent être préparés à former une relève qui sera en mesure de s’approprier des questions technoscientifiques d’actualité », conclut la professeure.
En plus de mener les travaux de sa chaire, Audrey Groleau enseigne le cours Théories et concepts clés dans la recherche en didactique (à la maîtrise en éducation) avec Marie-Hélène Forget, cet automne.