L’Institut de recherche sur les PME (InRPME) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) publie aujourd’hui la dixième édition du rapport de la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise à partir de l’enquête annuelle du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) de 2022. L’analyse effectuée par Étienne St-Jean et Marc Duhamel, professeurs à l’École de gestion de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et respectivement directeur et membre régulier de l’Institut de recherche sur les PME (InRPME), montre que l’activité entrepreneuriale québécoise s’essouffle en 2022 au Québec, malgré le dynamisme associé au repreneuriat qui souffle sur la province.
La pérennité des entreprises est en jeu
Les résultats du GEM, indiquent que le taux d’entrepreneuriat émergent, l’indice phare de l’activité entrepreneuriale, a diminué de 2,9 % et que cette baisse est principalement causée par la baisse des nouveaux entrepreneurs, qui atteint 8,5 % cette année contre 10,9 % en 2021.
Les entrepreneurs établis n’échappent pas à cette tendance à la baisse. Le taux d’entrepreneurs établis parmi la population adulte, qui atteint un taux de 3 % au Québec contre 7,2 % pour le reste du Canada, n’a jamais atteint un niveau aussi bas au Québec. Cette baisse de l’entrepreneuriat établi place maintenant la province parmi les trois plus faibles régions de l’OCDE participant à l’étude. Les chercheurs indiquent que des facteurs tels que le resserrement du marché du travail, l’augmentation de la rémunération et le vieillissement des entrepreneurs établis pourraient expliquer cette importante diminution. Les chercheurs soulignent également que l’importante baisse pourrait être attribuée aux effets de latence de la pandémie chez certains entrepreneurs, qui auraient retardé l’inévitable sortie en attente d’un climat économique plus favorable.
Parallèlement, les chercheurs constatent que les sorties entrepreneuriales avec cessation définitive des activités de l’entreprise sont également en hausse et atteignent un taux de 5,1 %, le plus élevé de ces dix dernières années. Cette hausse, qui concorde avec la baisse des entrepreneurs établis, illustre les menaces qui planent sur la pérennité des petites et moyennes entreprises (PME) québécoises. Comme le mentionne le professeur Étienne St-Jean, coauteur de l’étude : « Cela fait plusieurs années que nous constatons les enjeux de la pérennité des entrepreneurs établis au Québec. Les indicateurs suggèrent que 2022 a été une année particulièrement difficile à ce niveau et incitent à s’attarder davantage à ce phénomène pour les années futures. »
Le repreneuriat a le vent dans les voiles
La bonne nouvelle est que le dynamisme associé au repreneuriat gagne du terrain au Québec. Depuis cinq ans, la proportion d’entrepreneurs nouveaux et établis qui entrent en affaires par le repreneuriat augmente de manière constante, contrairement au reste du Canada, où le taux stagne. Cette tendance suggère qu’il y a suffisamment d’entreprises créées profitables pour susciter un intérêt substantiel auprès des repreneurs potentiels. Comme le souligne le professeur Marc Duhamel, coauteur de l’étude et également directeur scientifique du nouvel Observatoire du repreneuriat et de transfert d’entreprise du Québec : « Le Québec possède de nombreuses PME dynamiques qui sont détenues par des entrepreneurs songeant sérieusement à la retraite. L’année 2022 a été marquée par une vague sans précédent d’intentions de transfert d’entreprise au Québec, et les repreneurs semblent déceler de bonnes opportunités à ce niveau. Reste à voir si cet engouement pour le repreneuriat et le transfert d’entreprise permettra à la relève de stopper la baisse de l’entrepreneuriat établi et de revitaliser la productivité et la compétitivité de ces entreprises. »
Les entrepreneurs émergents plus engagés dans le développement durable que les entrepreneurs établis
Un autre aspect très positif mis en évidence dans ce rapport est l’engagement des entrepreneurs émergents envers les objectifs de développement durable. Les analyses indiquent que leur engagement s’est renforcé sur la plupart des indicateurs par rapport à l’an dernier, ce qui témoigne d’une sensibilisation accrue des nouvelles générations à l’importance du développement durable. Néanmoins, cet engouement est moins marqué du côté des entrepreneurs établis, qui affichent un niveau d’engagement moindre en matière de développement durable. Il est important de souligner que sur tous les indicateurs liés au développement durable, les entrepreneurs établis du reste du Canada sont plus engagés que leurs homologues du Québec. Cela met en évidence la nécessité de poursuivre les efforts de sensibilisation et d’incitation au sein de ce groupe spécifique. « L’engagement dans le développement durable plus marqué chez les entrepreneurs émergents que ceux établis peut correspondre à un enjeu de génération, ou simplement refléter d’une plus grande difficulté d’adapter les modèles d’affaires des entreprises établies. La sensibilisation et l’accompagnement demeurent essentiels pour adopter le virage requis à ce niveau », mentionne le professeur St-Jean.
L’enquête du GEM
L’enquête du GEM constitue la plus grande étude comparative portant sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde. Jusqu’à aujourd’hui, plus d’une centaine d’équipes nationales se sont investies à mesurer l’activité entrepreneuriale aux quatre coins du globe depuis 1999. Depuis 2013, le volet québécois de cette enquête est présenté par des chercheurs de l’InRPME à l’UQTR.
Le rapport sur la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise (2022) a pu être produit grâce à la collaboration de l’équipe canadienne du GEM et au soutien financier du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) du Québec et des partenaires financiers du Carrefour d’entrepreneuriat et d’innovation Desjardins de l’UQTR. Il est également disponible sur le site de l’Institut de recherche sur les PME et à l’adresse https://www.gemconsortium.org.
Renseignements et coordination d’entrevues
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