Qui n’a jamais ressenti l’envie urgente de se retrouver sous le couvert apaisant des arbres ? Cette envie provient du bien-être qu’offrent les milieux naturels, qui vient combler un besoin primordial sans doute plus vieux que l’être humain. C’est dans cette optique que Jacob Isabelle, Jules Martin et Thierry Laurent, trois étudiants de première année au baccalauréat en géographie environnementale, ont effectué un Projet d’intervention dans la communauté (PICOM) en collaboration avec le comité de développement durable de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), pour brosser un portrait global des services offerts et des risques encourus par les différents écosystèmes présents sur le campus.
Mais avant tout, qu’est-ce que c’est, un service écosystémique ? Il s’agit d’un bienfait vécu par quiconque, dont la source est directement attribuable à l’environnement naturel. Ce concept, mis au point par le Millenium Ecosystem Assesment en 2005 dans le cadre d’une étude multidisciplinaire à l’échelle globale, met en avant quatre types de services offerts par les milieux naturels : les services de régulation (p. ex. température de l’air, séquestration de carbone), de support (p. ex. biodiversité), d’approvisionnement (p. ex. champignons comestibles), et de culture.
« Nous avons donc emboîté leurs pas et avons sélectionné et mesuré six services écosystémiques, soit la perméabilité du sol, la régulation de la température, la séquestration de carbone, la biodiversité, l’interaction entre la communauté et les écosystèmes, et enfin, la cueillette de champignons comestibles », expliquent les étudiants. Pour bien analyser la répartition de ces services, ils ont fragmenté le campus en 12 écosystèmes distincts, soit 8 écosystèmes forestiers (déterminés en fonction des essences et de l’âge des arbres qui composent les peuplements), 1 milieu humide, 2 écosystèmes gazonnés et 1 écosystème minéral, correspondant aux bâtiments et aux stationnements (Figure 1).
« Après des mois de dur labeur passés à analyser des données déjà existantes, à arpenter les boisés pour récolter nos propres données, mais surtout, en tant que géographes qui se respectent, à produire abondamment des cartes, nous sommes parvenus à bien spatialiser les différents services qui nous intéressent », précisent-ils.
Les étudiants ont créé un indice écosystémique global qui leur a permis de déterminer que le milieu offrant le plus de services est la forêt mixte surannée (composée d’espèces comme le pin blanc, le hêtre à grandes feuilles, la pruche, et bien d’autres) ; à l’opposé, celui en offrant le moins est, sans grande surprise, le milieu minéral (bâtiments et stationnements).
Mais il ne faut pas tenir ces bienfaits pour acquis. L’environnement urbain qui entoure ces oasis naturelles pose de nombreux risques à l’intégrité des boisés. « Les risques que nous avons constatés dans le cadre de notre projet sont liés à la présence d’importants dépôts de neige en bordure des boisés, ce qui a pour effet d’augmenter considérablement la concentration des sels dans le sol », affirme l’équipe d’étudiants.
Ils ont aussi analysé la vulnérabilité face aux intempéries pour savoir quelle portion du campus risquait d’être emportée par la prochaine microrafale ; l’état de santé global des peuplements (parfois relativement pauvre) ; ainsi que la conquête effrénée que mènent les espèces exotiques envahissantes sur notre territoire, nuisant à la biodiversité naturelle. « Le milieu le plus à risque est sans contredits la pinède grise, qu’il faudra s’empresser de protéger. En effet, il s’agit de l’écosystème le plus répandu sur le campus, et la perte de surface végétale et de services écosystémiques serait considérable », constatent-ils.
Ce projet leur a donc permis de brosser un portrait environnemental global du campus, autant au sujet des services écosystémiques que des risques potentiels. « Nous espérons que ces résultats, qui seront disponibles à l’ensemble de la communauté universitaire à travers un rapport mis en ligne sur le site du comité de développement durable de l’UQTR, permettront une plus grande sensibilisation aux milieux naturels du campus, et aideront à orienter les actions nécessaires à leur préservation. »
***Cet article a été rédigé par l’équipe ayant réalisé le projet PICOM, soit Jacob Isabelle et Thierry Laurent, dans le cadre d’une collaboration avec le Service des communications et des relations avec les diplômés (SCRD) visant à développer des compétences en rédaction et en communication chez les étudiantes et étudiants de l’UQTR.