Originaire de Chine, Antong Chen est diplômée du baccalauréat en arts visuels (nouveaux médias) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) depuis l’été 2024. Aujourd’hui installée à Montréal pour travailler dans le monde muséal, la jeune femme a toutefois entamé son parcours à l’École internationale de français (EIF) en 2017. En effet, Antong Chen a suivi le programme intensif de l’EIF durant quatre sessions avant de rejoindre son programme régulier. Ce détour obligatoire lui a permis d’apprendre le français et de mettre toutes les chances de son côté pour réussir ses études universitaires.
L’aventure d’Antong commence au bureau de sélection de l’EIF, que l’École tenait à l’époque dans la province de Guandong dans le sud de la Chine. Afin que sa candidature soit retenue, l’étudiante s’est soumise à des entrevues et à différents tests de sélection.
« J’avais vu une publicité de l’UQTR diffusée dans mon lycée et j’ai décidé de venir ! Je ne savais même pas où était le Québec sur une carte ! », explique Antong en riant.
Admise au baccalauréat en informatique, Antong est tenue de s’inscrire au programme intensif de l’EIF avant d’entreprendre sa formation. En effet, comme la majorité des étudiants internationaux de premier cycle, elle doit se soumettre à un test diagnostique afin d’évaluer son niveau de français. Les résultats indiquent qu’elle doit améliorer sa maîtrise de la langue pour répondre aux normes de l’Université. Or, tout un défi attend la nouvelle étudiante de l’UQTR qui ne parle pas l’anglais non plus.
« Le français était comme un nuage dans ma tête ! Je trouvais la prononciation difficile. Seulement dire bonjour me causait des problèmes », ajoute-t-elle.
Mélissa Boisvert, sa toute première enseignante à l’École internationale de français, le confirme : « Antong était la moins bonne de la classe. Elle n’avait aucun vocabulaire de base. Elle communiquait avec moi grâce au traducteur de son téléphone intelligent ! »

Impossible à localiser : le monde des patients atteints d’Alzheimer. Bois, verre, tissu blanc, miroir et plâtre. Antong Chen.
Un parcours semé d’embûches, mais des efforts qui rapportent
Antong commence donc l’apprentissage du français à temps plein grâce au programme intensif de l’EIF, mais non sans difficulté. En situation d’échec dès son premier cours, elle décide de mettre les bouchées doubles à la suite d’une discussion avec Mélissa, qui décuplera sa motivation.
« C’est difficile de ne pas pouvoir parler lorsqu’on est quelqu’un qui aime communiquer ! », explique Antong pour nous faire comprendre tout le chemin qu’elle a parcouru.
L’enseignante, qui l’a retrouvée dans son cours de phonétique lors de sa troisième session, n’en revient toujours pas de l’incroyable progression qu’elle avait alors constatée : « C’était le jour et la nuit. Non seulement elle pouvait parler, mais c’est elle qui prononçait le mieux dans la classe », ajoute Mélissa Boisvert.
Antong Chen a beaucoup de gratitude envers le corps enseignant de l’EIF, dont elle salue l’engagement et la patience.
Un pas en arrière
L’entrée d’Antong dans le programme d’informatique correspond à la période de confinement causée par la pandémie de COVID-19. Avec les cours donnés exclusivement en ligne, l’étudiante voit ses acquis en français décliner rapidement. En effet, ce mode d’enseignement ne favorise guère les échanges entre les cours et les contacts humains. Elle songe alors à retourner dans son pays et achète son billet d’avion.

Voyage. Photo, verre et peinture à l’huile. Antong Chen
Un moment décisif
Le hasard fait en sorte qu’Antong est hébergée par une famille québécoise en attendant de quitter Trois-Rivières. Or, elle développe rapidement des racines dans son nouveau foyer. Être bien entourée lui permet de réfléchir à son avenir. Antong décide alors de se réorienter en s’inscrivant au programme d’arts visuels et nouveaux médias de l’UQTR. Artiste dans l’âme, elle raconte avoir passé beaucoup de temps à dessiner en classe lorsqu’elle était plus jeune. Une formation en arts s’avère donc un choix naturel pour Antong. L’étudiante s’y sent d’ailleurs rapidement à l’aise.
« Dans le programme en arts visuels, il y a beaucoup de discussions, beaucoup de présentations. La langue est importante ! », explique-t-elle avec passion.
Antong peut ainsi mettre en pratique les connaissances acquises à l’École internationale de français. Plusieurs lectures théoriques accompagnent les étudiants au cours de leur formation. Un excellent niveau de français est nécessaire, tant pour bien assimiler la matière que pour expliquer sa démarche de création. Antong raconte qu’elle devait souvent consacrer beaucoup de temps aux lectures obligatoires, au rythme d’une page à l’heure. Cette anecdote fait réaliser l’ampleur du travail qui attend certains étudiants internationaux, mais aussi à quel point ces personnes peuvent être déterminées.
Un nouveau départ
Installée à Montréal depuis peu, la diplômée de l’UQTR souhaite travailler dans le monde muséal afin de gagner en expériences et en connaissances.
« Je suis toujours intéressée par l’art et la planification. Pendant mes études, j’ai souvent été confrontée à des questions sur les modes d’expression artistique en réalisant mes propres œuvres. J’aimerais en apprendre davantage dans un environnement de galeries et de musées afin de trouver mes propres réponses », explique Antong en terminant.

Crapaud. Argile. Antong Chen.
À propos du partenariat avec l’Université de Guandong
Conclu en 2014 par Daniel Lavoie, alors directeur de l’EIF, le partenariat avec la Guandong University of Finance avait pour but de stimuler la venue d’étudiants chinois à l’UQTR. Une entente signée avec plus d’une cinquantaine d’écoles chinoises et l’ouverture d’un bureau de sélection ont facilité le recrutement de nombreux étudiants. Dès 2015, une première cohorte d’étudiants a ainsi fait son entrée à l’UQTR. Antong Chen est arrivée à Trois-Rivières en 2017 au sein de la troisième cohorte. Ce partenariat a cependant pris fin en 2020 avec la pandémie de COVID-19.