Le sel est un des plus anciens agents de conservation connus de ce monde. Et pourtant, il est encore très peu utilisé en Occident pour embaumer les corps offerts à la science en vue de l’enseignement et de la recherche. Cette situation risque toutefois de changer, alors que le Laboratoire d’anatomie humaine de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) se pose, une fois de plus, comme pionnier en utilisant une solution d’embaumement saturée en sel qui apparaît prometteuse. Cette nouvelle méthode a permis d’offrir, à l’UQTR, un premier atelier destiné aux résidents en neurochirurgie de plusieurs universités québécoises.
Peu coûteuse, la solution saline permettrait de conserver une texture plus souple des tissus et des organes pour la dissection, en plus de prévenir une dessiccation avancée (procédé d’élimination de l’eau du corps). «Après quelques mois de tests, nous remarquons que les corps restent plus souples comparativement à la méthode d’embaumement classique, basée sur une solution à forte teneur en formaldéhyde, tout en étant préférable aux corps frais, souvent utilisés en formation chirurgicale, qui se détériorent rapidement», explique Gilles Bronchti, professeur au Département d’anatomie de l’UQTR.
Celui qui occupe la fonction de directeur du Laboratoire d’anatomie humaine poursuit: «L’embaument au sel favorise également une meilleure préservation structurelle de certains organes, comme le cerveau, qui sont plus sensibles aux approches anatomiques classiques. Cela ouvre ainsi la possibilité d’optimiser les formations ou d’en offrir de nouvelles, par exemple en neurochirurgie.»
Le professeur Bronchti travaille, sur ce projet, en étroite collaboration avec le Dr Claude-Édouard Châtillon, neurochirurgien au CIUSSS MCQ et professeur adjoint de clinique au Département de chirurgie de l’Université de Montréal (UdeM).
Atelier en neurochirurgie à l’UQTR
La découverte du potentiel de l’embaumement au sel a permis au Laboratoire d’anatomie humaine de l’UQTR d’offrir un premier atelier de simulation neurochirurgicale, mis sur pied conjointement avec l’Association de neurochirurgie du Québec et la division de neurochirurgie de l’UdeM.
L’atelier, qui s’est déroulé le 20 octobre dernier, a permis d’accueillir au Laboratoire d’anatomie humaine de l’UQTR des résidents en neurochirurgie des universités McGill, Laval, Sherbrooke et de Montréal, accompagnés de leurs formateurs neurochirurgiens.
«À ma connaissance, nous sommes les seuls au Canada à pouvoir offrir une formation en neurochirurgie en utilisant des cerveaux humains qui ressemblent grandement, sur le plan de la texture, à ceux des vivants. Habituellement, pour des formations en neurochirurgie, les résidents doivent se pratiquer sur des cerveaux d’animaux, ce qui n’est pas vraiment la même chose. Pour les neurochirurgiens qui ont participé à l’atelier, ce fut une expérience unique et très enrichissante», explique Gilles Bronchti, qui espère que cette nouvelle méthode d’embaumement au sel testée à l’UQTR permettra de multiplier l’offre de formation au Laboratoire d’anatomie humaine.
Le Laboratoire d’anatomie humaine en bref
Le Laboratoire d’anatomie humaine de l’UQTR fut créé à contre-courant en 1993 et, depuis, il s’est développé pour devenir une référence dans le milieu universitaire québécois et même canadien. Son développement est étroitement lié à l’une de ses particularités, c’est-à-dire de s’être adapté aux besoins spécifiques d’un large éventail de professions de la santé.
Ainsi, chaque année, le Laboratoire d’anatomie humaine de l’UQTR accueille plus d’un millier de professionnels, qui viennent chercher les connaissances en anatomie clinique spécifiques à la pratique dans leur domaine, et d’étudiants venus d’ici comme d’autres établissements d’enseignement québécois afin de recevoir une formation anatomique de haut niveau.