Depuis plus d’un an, Jacques Newashish s’implique à titre d’Aîné autochtone en résidence à l’UQTR. Atikamekw originaire de Wemotaci, cet artiste engagé partage régulièrement son savoir et sa culture avec les membres de la communauté universitaire. Son apport précieux, très apprécié des enseignants, des chercheurs et des étudiants, permet à ceux et celles qui le côtoient de prendre contact avec l’histoire, les réalités et la vision du monde des Premières Nations. Un premier pas essentiel sur le sentier de la vérité et de la réconciliation.
L’emploi du temps de Jacques Newashish à l’UQTR est chargé et diversifié. Souvent présent sur le campus, il échange avec les passants et répond à leurs questions sur le peuple atikamekw, la vie en notcimik (forêt) ou toute autre interrogation. Il est aussi invité dans des cours universitaires pour explorer différentes perspectives autochtones avec les étudiants. L’Aîné autochtone en résidence participe également à des activités culturelles, ouvre des événements par une cérémonie (chant et tambour), accompagne des groupes lors de sorties en territoire et prend part à des activités de recherche et de sensibilisation. Il demeure aussi une personne-ressource importante pour les étudiantes et étudiants autochtones de l’UQTR.
« Je prends mon rôle d’Aîné autochtone en résidence au sérieux. C’est moi qui ai voulu être ici, à l’UQTR, pour un travail de sensibilisation, de reconnaissance de tout ce qui est autochtone. Je suis content d’être ici. Je trouve que ce que je fais est important. L’établissement d’une présence autochtone dans les universités, c’est important », souligne Jacques Newashish.
Un parcours d’affirmation et de transmission
À l’âge de cinq ans, Jacques Newashish a été retiré de sa communauté de Wemotaci pour être envoyé dans un pensionnat situé à Mashteuiatsh (sur la rive ouest du lac Saint-Jean). Il y est resté pendant neuf ans, éloigné de sa famille et de son territoire d’appartenance. Il lui était interdit de parler sa langue, l’atikamekw nehirowimowin.
« Je suis ensuite arrivé à Shawinigan, pour mes études à la polyvalente. C’est là que j’ai commencé à m’affirmer en tant qu’autochtone, en tant qu’Atikamekw, et à dire qui j’étais. J’ai fait mes premiers dessins et murales pour afficher l’identité autochtone, pour qu’elle soit connue », se rappelle-t-il.
Au fil des ans, Jacques Newashish a exercé plusieurs métiers qui lui ont notamment permis de retourner chez lui, « dans le bois », où il dit avoir retrouvé tranquillement son identité. À la fois peintre, sculpteur, conteur, acteur et chanteur, il a acquis une reconnaissance certaine comme artiste atikamekw. Il a également travaillé à la transmission de la culture atikamekw auprès des jeunes, en collaboration avec les Aînés de sa communauté. Il s’est aussi rendu jusqu’en Europe pour y faire connaître les Premières Nations.
« En œuvrant dans le domaine des arts, ça m’a amené à me connaître et à connaître ma culture, mon identité. J’ai réfléchi sur la vie, le territoire. Et ce que j’apprends, je le transmets à travers l’art. C’est une façon d’éduquer », ajoute Jacques Newashish, appelé aussi Kice Iriniw (Aîné en langue atikamekw).
Une collaboration précieuse et enrichissante
« Nous sommes très chanceux de bénéficier de la présence de Jacques à l’UQTR. Il a une capacité assez unique à toucher les gens et à entrer en relation avec eux. Ses propos captivent l’auditoire. Sa démarche artistique et sa sensibilité au monde qui l’entoure rendent sa transmission encore plus puissante. Jacques a une grande expérience de vie et il est généreux et très polyvalent : il peut s’impliquer dans toutes sortes d’activités », témoigne Émilie Hébert-Houle, spécialiste en sciences de l’éducation à l’UQTR, qui travaille avec Jacques Newashish pour la réalisation de projets avec la communauté universitaire.
Images d’une sortie en Nitaskinan (territoire) avec Jacques Newashish, lors d’un cours portant sur la didactique de la géographie et les enjeux autochtones contemporains. (Photos: Émilie Hébert-Houle)
Professeure au Département des sciences de l’environnement de l’UQTR, Esther Lévesque a organisé des activités éducatives avec la collaboration de Jacques Newashish dans le cadre d’un cours d’écologie hivernale : sortie extérieure en hiver (observation de la nature, montage d’une tente, partage de la bannique), laboratoire de sculpture de neige et vulgarisation scientifique sur l’adaptation des espèces animales à l’hiver.
« La présence de Jacques a été très riche et stimulante pour moi, pour amener un autre regard sur le sujet du cours. Pour certains étudiants, c’était leur première rencontre avec une personne atikamekw. J’ai reçu plusieurs commentaires positifs des étudiants. Jacques a une présence exceptionnelle avec le groupe, une écoute de chacun. J’ai appris beaucoup de cette première expérience et j’aimerais recommencer », commente Esther Lévesque.
Du côté du Département des sciences de l’éducation, la professeure Geneviève Bergeron se remémore aussi avec bonheur sa collaboration avec l’Aîné autochtone en résidence : « Nous avons eu la chance de collaborer avec Jacques dans un projet de recherche où nous recevions des élèves du primaire dans les boisés de l’UQTR pour leur faire vivre une éducation par la nature et le territoire. Jacques nous a accompagnés à plusieurs reprises. »
« Nous avons vécu avec lui plusieurs moments d’échanges à propos de son lien avec le territoire, le Nitaskinan comme il nous a expliqué. Il a partagé des expériences, des rituels, des chants et différents savoirs avec les élèves. Il fallait être là pour voir les yeux intéressés des enfants. Un lien s’est créé très vite entre Jacques et les élèves qui nous demandaient toujours “si Jacques allait être là” lors de nos activités d’éducation par la nature », mentionne-t-elle.
Activité de la Chaire ÉNa-TerrA de l’UQTR avec le groupe Mahikan du Centre de formation professionnelle Bel-Avenir, en compagnie de Jacques Newashish (Photos: Chaire ÉNa-TerrA)
Une présence nécessaire et appréciée
Depuis son arrivée à l’UQTR, Jacques Newashish a participé à différents types d’activités : sortie extérieure portant sur les plantes comestibles, forum départemental sur l’éducation, discussion sur les plantes médicinales, échange avec des étudiants en histoire, réflexion autour de l’inclusion des élèves autochtones au primaire, rencontre avec des étudiants internationaux lors d’un cours d’introduction à la culture québécoise, activité d’écriture automatique au son du tambour, journée de réflexion sur les espaces essentiels en milieu urbain, formation en sciences infirmières, sortie en territoire avec des étudiants autochtones, conférence sur le symbolisme atikamekw, Salon des cultures, échange avec des étudiants en psychoéducation, réunions avec l’équipe des Services aux étudiants, et plus encore…
Les personnes ayant rencontré Jacques Newashish lors de ces activités se sont dites particulièrement touchées par ses propos. Elles ont pris conscience de leur peu de connaissances sur les réalités et les cultures autochtones, y trouvant une motivation pour en apprendre davantage à ce sujet. Elles ont pu aussi entendre – souvent pour une première fois – la langue atikamekw que leur a fait découvrir Jacques Newashish. De plus, elles ont apprécié la vision de Kice Iriniw quant au lien à la nature et au territoire.
Par la transmission de son savoir et son appel à l’ouverture et au dialogue avec les Premiers Peuples, Jacques Newashish marque positivement les personnes rencontrées, comme en témoignent leurs commentaires élogieux. Le travail de sensibilisation de l’Aîné autochtone en résidence à l’UQTR est qualifié d’essentiel, tout comme la réflexion qu’il suscite au sein de la communauté universitaire.
« Je trouve que Jacques a une présence transformatrice, immensément touchante et contribuant à donner des pistes fondamentales pour humaniser l’Université, dans son ensemble », de conclure Émilie Hébert-Houle.
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