Les travaux du professeur Bruno G. Pollet, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’hydrogène propre à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), ont été mises en lumière lors de la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP30), qui s’est tenue à Belém, au Brésil, du 10 au 21 novembre dernier. Ces travaux ont été réalisés en collaboration avec Ali Zerouali (son collaborateur au sein du Council of Engineers for the Energy Transition (CEET) de l’ONU et Executive Vice President Middle-East, Africa chez HIF Global). Sept recommandations stratégiques développées conjointement pour accélérer le déploiement de l’hydrogène propre à l’échelle mondiale y ont été présentées.
Membre du conseil consultatif de l’ONU sur la transition énergétique depuis 2022, le professeur Pollet a joué un rôle clé dans les travaux du Green Hydrogen Task Force lancé lors de la COP29. Cette initiative, codirigée par Sustainable Energy for All et le Council of Engineers for the Energy Transition, vise à identifier des solutions concrètes et à court terme pour débloquer les marchés de l’hydrogène propre, particulièrement dans les pays du Sud.
La présentation à la COP30, alignée sur la Déclaration sur l’hydrogène de la COP29 et le Pacte pour une énergie sans carbone 24/7, a marqué le lancement officiel de la fiche d’information du Green Hydrogen Task Force. Les recommandations développées en consultation avec des décideurs politiques, des experts techniques et des leaders du secteur privé s’attaquent aux principaux obstacles au déploiement rapide de l’hydrogène propre.
Répondre aux critiques sur les coûts de production
Dans un contexte où l’hydrogène propre fait l’objet de nombreuses critiques liées principalement à ses coûts de production élevés, les sept recommandations portées par le professeur Pollet combinent des leviers politiques, techniques et financiers pour rendre cette technologie compétitive et accessible.
Les recommandations proposent une approche systémique articulée autour de trois axes stratégiques
- D’abord, la stimulation de la demande et la création de signaux de marché clairs par des mécanismes d’enchères compétitives, de marchés publics durables et de mandats contraignants pour l’utilisation de l’hydrogène propre dans les secteurs difficiles à électrifier.
- Ensuite, l’optimisation technique et économique des projets grâce à la modularisation des systèmes de production, l’assouplissement des contraintes réglementaires d’appariement horaire entre production d’électricité renouvelable et électrolyse, et l’extension des périodes d’amortissement des infrastructures.
- Enfin, la réduction des risques d’investissement par l’adoption de politiques de droits acquis garantissant la stabilité réglementaire, l’harmonisation internationale des normes de certification, et l’accès au financement concessionnel* dans les pays en développement.
*Le financement concessionnel, qui combine taux d’intérêt bonifiés et périodes de remboursement étendues (15 à 40 ans), constitue un levier décisif pour rendre l’hydrogène propre économiquement viable dans les marchés émergents où les coûts de financement commercial peuvent représenter jusqu’à 40 % du coût total des projets.
Un potentiel de réduction des coûts de 40 à 65 %
Selon les analyses présentées à la COP30, la mise en œuvre complète de ces sept recommandations pourrait réduire le coût nivelé de l’hydrogène de 40 à 65 % selon l’emplacement, l’échelle et la structure de financement des projets. La demande mondiale pour l’hydrogène propres et ses dérivés pourrait ainsi augmenter de cinq à dix fois d’ici 2035, stimulée par les mandats, les marchés publics et les normes harmonisées.
« Ensemble, ces mesures permettront de réduire les risques d’investissement, d’augmenter la production et de construire des chaînes de valeur résilientes pour l’hydrogène propre, faisant de cette technologie un pilier essentiel d’un système énergétique sans carbone 24 heures sur 24, partout dans le monde », a conclu la présentation.
À propos du professeur Bruno G. Pollet
Bruno G. Pollet, professeur au Département de chimie, biochimie et physique, est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’hydrogène propre à l’UQTR. Depuis 2022, il siège au conseil consultatif de l’ONU sur la transition énergétique, où il contribue à l’élaboration de stratégies mondiales pour le déploiement de l’hydrogène propre. Ses recherches portent sur les technologies de production, de stockage et d’utilisation de l’hydrogène, ainsi que sur leur intégration dans les systèmes énergétiques décarbonés.
Hydrogène vert, propre
« Pour produire de l’hydrogène vert ne provenant pas de sources fossiles, nous utilisons l’électrolyse de l’eau. Ce procédé permet de séparer la molécule d’eau grâce à un courant électrique renouvelable, pour générer de l’hydrogène et de l’oxygène. L’appareil utilisé pour cette opération – qui ne dégage ni CO2, ni particule indésirable – est un électrolyseur.» – Professeur Bruno Pollet.
Créer des électrolyseurs plus performants et moins coûteux pour produire de l’hydrogène vert
