Qu’est-ce que la criminalistique? Il s’agit de l’étude des traces en lien avec des activités criminelles, délictueuses ou accidentelles; elle s’intéresse aux marques (biologiques, chimiques ou d’impression humaine) laissées souvent involontairement et qui agissent comme autant de témoins silencieux d’un événement.
Située au confluent des activités de la justice, de la sécurité et de la police – dans son acception la plus large –, la criminalistique est orientée vers la recherche de réponses à partir des méthodes propres aux sciences pures dans le contexte spécifique d’une enquête, quelle que soit sa nature.
Un peu d’histoire
L’apport de la science à la compréhension des scènes de crime s’imprègne dans l’imaginaire collectif depuis la fin des années 1980. Les CSI (Crime scene investigation), bien qu’il s’agisse de fictions télévisuelles ou littéraires, ont mis en lumière la place fondamentale qu’occupe la science dans l’analyse de la preuve matérielle et, par-delà, dans la résolution de crimes et de délits.
Pourtant, la criminalistique comme science de la trace se développe à partir des années 1880 en Europe. On doit à Edmond Locard, fondateur du premier laboratoire de police scientifique à Lyon en 1910, d’avoir énoncé l’un des grands principes de la criminalistique, à savoir lorsque deux corps entrent en contact, il y a nécessairement transfert entre ceux-ci. En d’autres termes, lorsqu’un acte criminel est commis, l’individu responsable laisse des traces de sa présence et emporte avec lui des traces du lieu où il se trouvait.
La criminalistique, en tant que discipline universitaire alliant formation et recherche – qui a vu le jour dès 1906 à Lausanne – prend son impulsion au milieu des années 1980 grâce à l’apport du professeur suisse Pierre Margot. L’École des sciences criminelles de l’Université de Lausanne, qui fut d’ailleurs une alliée pour implanter à l’UQTR le profil criminalistique du baccalauréat en chimie lancé en 2012, devient alors le foyer central d’une réflexion sur cette science. Dès lors, l’objet se précise : la trace, vestige ou résidu, témoin silencieux d’une présence ou d’une activité d’intérêt sécuritaire, spécimen singulier – et non pas échantillon aléatoirement extrait d’une population pertinente – souvent dégradé, mélangé, de mauvaise qualité.
Outre l’Université de Lausanne, deux partenaires majeurs ont collaboré à la mise en place de cette formation à l’UQTR, soit l’École nationale de police du Québec (ENPQ) et le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) du Québec. De plus, les professeurs de criminalistique de l’UQTR ont rapidement été admis comme chercheurs réguliers au Centre international de criminologie comparée, dirigé par des collègues criminologues de l’Université de Montréal et qui possède une antenne sur le campus trifluvien, pour développer des collaborations et des recherches dans le secteur de la sécurité et de la justice au Québec et dans la francophonie.