Le titre de cet article pourrait être celui d’un programme de recherche pour trancher la question tant il s’est écrit de « choses » pas toujours fondées sur le thème de l’obsolescence programmée (ou planifiée), que ce soit du côté des industriels ou de celui des consommateurs.
Certains sont les tenants d’une théorie selon laquelle l’obsolescence programmée est un complot des états, même si plus sérieusement, l’objectif « avouable » était de relancer l’économie après le krach de Wall Street en versant une taxe au gouvernement sur chaque objet acheté, taxe servant à investir dans la fabrication d’un produit nouveau[1]. Certains évoquent aussi le cartel de Phoebus. D’autres croient, au contraire, qu’une telle théorie n’existe pas et que si les produits durent moins longtemps, c’est parce qu’on a sacrifié les matériaux et composantes au profit du prix, du design, de la légèreté, de la praticité.
Le regard des industriels
Dans l’ensemble, les produits que nous utilisons aujourd’hui sont plus fiables que ceux qui étaient disponibles hier : une voiture peut parcourir 300 000 km, une machine à laver dure plus longtemps, les composantes électroniques sont plus fiables que les lampes des postes radio ou des premiers ordinateurs! Ce serait insulter les ingénieurs ou techniciens que de dire le contraire. La plupart travaillent en se basant sur le modèle d’analyse de la valeur développée par General Electric, et qui permet d’optimiser chaque étape de la production.
Les attentes des consommateurs
En parallèle de cette amélioration de la qualité des produits, les consommateurs optent pour des produits de modes – pas uniquement pour les vêtements – si bien qu’ils désirent changer (plus) souvent. On parle alors de la notion d’obsolescence psychologique[2]. Ainsi, on change de paire de lunette, de téléphone, d’ordinateur, de réfrigérateur, de lavabo, de voiture, etc., même si ces produits sont encore fonctionnels. Sous l’influence d’un marketing « manipulateur », les consommateurs remplacent simplement les produits, non pas en raison de leur usure, mais parce qu’ils ne plaisent plus. Et comme il est souvent moins cher de remplacer par du neuf (car les produits sont souvent construits dans des pays où la main d’œuvre est moins onéreuse) que de faire réparer (car le salaire horaire dans les pays développés est élevé), on assiste à un véritable gâchis de ressources.
Les formes d’obsolescence : mythe ou réalité? [3]
Pour trouver un juste équilibre entre les manufacturiers qui doivent continuer à fabriquer et vendre leurs produits dans un souci de viabilité et les consommateurs, qui selon leur schème de consommation, achètent souvent ou conservent longtemps, on peut distinguer différentes formes obsolescence :
- Obsolescence technologique : une composante fait défaut (composante électronique) et le consommateur fait face à un dilemme, soit réparer ou racheter du neuf. Dans certains cas, les manufacturiers intègrent des composantes plus fragiles (car moins chers) et fabriquent des produits indémontables.
- Obsolescence par incompatibilité : en faisant évoluer le matériel ou les logiciels, différents appareils, parfois de la même marque, ne sont plus compatibles. Cela peut occasionner un changement partiel ou total. Les câbles de recharge des téléphones (même au sein des produits Apple) et les jeux des conseils Nintendo, sont des exemples de ce phénomène.
- Obsolescence psychologique : selon cette approche, le consommateur est poussé à toujours vouloir un produit mieux, voire plus récent, que son voisin par exemple.
- Obsolescence par péremption : certaines entreprises limitent, après quelque temps, les pièces et les services de certains produits pour des raisons économiques. Par exemple, Apple ne garantit plus les services de mise à jour et de remplacement de ses produits cinq ans après leur mise en marché.
Bref, qu’il veuille ou doive acheter un nouveau produit, le consommateur contribue, de son plein gré ou à son insu à une forme d’obsolescence![4]
Références
[1] Voir : London, B. L’obsolescence planifiée. Pour en finir avec la grande dépression, Paris, B2, 2003
[2] Voir la biographie du designer Steven Brooks https://mam.org/collection/archives/brooks/biography.asp
[3] Voir pour plus de détail : http://www.drgoulu.com/2013/05/01/lobsolescence-est-elle-programmee-2/#.WBolIclvA6E
[4] Voir : http://storyofstuff.org/movies/story-of-stuff/ pour comprendre le cycle et y mettre un frein