Laurent Turcot est décidément un historien branché. Le professeur au Département des sciences humaines de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a désormais sa propre chaîne YouTube, qu’il a baptisée L’Histoire nous le dira. Celui que le Huffington Post a surnommé l’historien populaire a accepté de présenter l’envers de ses vidéos.
Avec le Web 2.0, la consommation d’informations n’a jamais été aussi rapide. Sachant cela, il peut sembler difficile de rendre comestible un contenu aussi dense que l’Histoire. Le professeur Turcot semble pourtant avoir trouvé une recette qui convient aux internautes lorsqu’il publie sur sa chaîne.
« Ce sont de petites capsules de moins de dix minutes sur différents aspects de l’histoire, dans lesquelles j’utilise des références à la culture populaire pour rendre le tout intéressant », explique-t-il.
L’Histoire pour tous
En adoptant cette formule, M. Turcot espère briser les préjugés à l’endroit de l’Histoire. Il souhaite même convertir ceux qui pensent que la matière est morne et ennuyeuse. Pour ce faire, il n’hésite pas à recourir à l’insolite.
« Quand je fais le top cinq des sports les plus niaiseux de l’Histoire, je sais que c’est le genre de trucs qui fonctionne. Je peux utiliser les médiums de la culture populaire pour introduire mon contenu. Je commence avec une blague, mais elle sert un propos éducatif », indique l’historien.
Jusqu’à maintenant, cette formule semble bien l’avoir servi. À sa grande surprise, Le Devoir a même publié un article sur sa première capsule, intitulée L’histoire du caca. Le professeur n’est pas sans se réjouir de la popularité de son concept, puisque son but était à la base de démocratiser l’Histoire.
Visionnez la première capsule vidéo de Laurent Turcot sur l’histoire du caca
« Je veux rendre les choses simples et accessibles à tous. Je pense que les gens ont un besoin de comprendre, de savoir. Et justement, à l’Université, on a des tonnes de contenus qui sont en attente d’être transmis », lance-t-il.
Être de son époque
La propagation des connaissances joue un rôle central dans la démarche entreprise par le professeur Turcot. Pour lui, instruire les gens est non seulement un but à atteindre, mais également une responsabilité.
« En tant que professeur, ma fonction est de former les générations futures, mais aussi de transmettre le savoir dans l’espace public. Or, qu’est-ce que l’espace public aujourd’hui ? Ce sont les médias, mais plus encore Facebook, Twitter, Snapchat, Instagram, et bien sûr YouTube », note-t-il.
À ce sujet, M. Turcot a rapidement constaté que bien peu de chaînes YouTube étaient dédiées à l’histoire au Québec. C’est à ce moment qu’il a décidé de se mouiller, même s’il devait s’aventurer sur un terrain inconnu. Le professeur avoue avoir consulté des tutoriels pour apprendre comment se filmer, régler l’éclairage et apprivoiser son logiciel de montage. Au bout du compte, il n’en demeure pas moins satisfait du résultat.
« Je pense que pour une fois, j’ai mis le pied au XXIe siècle ! Pas mal pour un historien », lance-t-il en riant.
Quant à savoir si ses homologues lui emboîteront le pas, M. Turcot se dit prêt à leur enseigner la voie du Web. Ceux-ci pourraient ainsi ajouter une corde à leur arc.
« Je pense que la grande force des universités, c’est de diversifier les méthodes d’enseignement. Le cours magistral ne mourra jamais, il faut qu’il existe, mais ça ne veut pas dire qu’il faut uniquement se contenter de ça », observe-t-il.
Une rampe de lancement
La popularité de l’historien ne s’est pas construite par hasard. Aussi, sa collaboration au jeu vidéo Assassin’s Creed Unity, développé par Ubisoft Montréal, n’est pas étrangère au succès de sa chaîne YouTube.
« Le jeu a été acheté des millions de fois. Beaucoup de gens m’ont écrit pour me parler de mon travail, et je me suis rendu compte qu’il y avait là une possibilité de rejoindre les gens. Alors je me suis dit que c’était à moi de faire l’effort de me rendre accessible. J’ai donc regardé ce qui se faisait, et j’ai commencé à échanger avec le Youtubeur français Benjamin Brillaud, qui alimente la chaîne Nota Bene. Il m’a montré comment il faisait, et de fil en aiguille je me suis dit que j’étais prêt à me lancer », conclut-il.