L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) s’est vu octroyer dernièrement une Chaire de recherche Canada 150 en thanatologie forensique. Dédiée à l’étude de la décomposition des corps humains en conditions naturelles, cette chaire sera dirigée par une chercheuse en criminalistique reconnue à travers le monde : la professeure australienne Shari Forbes.
Les projets menés par la professeure Forbes et ses collaborateurs permettront d’en apprendre davantage sur la façon dont les conditions environnementales et climatiques canadiennes influencent la décomposition d’un cadavre humain. Les résultats de ces recherches seront d’une grande utilité pour les forces policières, notamment dans les cas d’homicides et de personnes disparues.
Les travaux de la Chaire seront réalisés au sein de la première installation extérieure de décomposition humaine en pays nordique, laquelle sera mise sur pied sous la supervision de la professeure Forbes. Cette dernière possède une rare expertise en ce domaine, ayant lancé en Australie la seule installation de décomposition humaine située en dehors des États-Unis.
Opérant sous l’appellation « site sécurisé de recherche en thanatologie » (SSRT), le laboratoire extérieur de recherche sur la décomposition des corps de l’UQTR sera situé dans un endroit discret et sécurisé, dont l’emplacement demeure à confirmer. Grâce au programme de don de corps du Département d’anatomie de l’Université, il sera possible de se procurer les cadavres humains nécessaires aux recherches. Un sondage réalisé auprès de futurs donateurs et leurs familles révèle déjà un intérêt pour le SSRT.
« Nous sommes très fiers de l’obtention de cette prestigieuse Chaire de recherche Canada 150. Seulement 25 chaires de ce type ont été attribuées au Canada, dont 4 au Québec, afin de souligner le 150e anniversaire du pays. Nous nous réjouissons également que la professeure Shari Forbes, de réputation internationale, ait choisi de poursuivre ses travaux à l’UQTR. Notre université continuera ainsi d’accroître sa renommée en criminalistique, tout en développant de nouvelles collaborations, ici et à l’étranger. En plus de former la relève en criminalistique, l’équipe de la Chaire contribuera certainement au succès des enquêtes policières », de commenter M. Daniel McMahon, recteur de l’UQTR.
Financement de la Chaire
La Chaire de recherche Canada 150 en thanatologie forensique sera financée par le gouvernement fédéral à hauteur de 350 000 $ par année, pendant sept ans. La Fondation de l’UQTR contribuera aussi au projet pour un montant de 105 000 $, versé sous forme de bourses aux étudiants et stagiaires. Un montant de 460 135 $ sera aussi alloué pour les infrastructures de la Chaire, dont 40 % proviendront de la Fondation canadienne pour l’innovation, 40 % du gouvernement du Québec et 20 % de l’UQTR et de fournisseurs d’équipements.
Une chercheuse renommée
Titulaire d’un doctorat en chimie forensique, obtenu en 2003 à l’University of Technology Sydney (Australie), la professeure Shari Forbes est reconnue comme chef de file dans les disciplines de la thanatologie médicolégale, de la taphonomie (étude des processus affectant les restes d’un organisme après sa mort) et de la biochimie de la décomposition.
Son expertise est souvent sollicitée par la police internationale pour faciliter les enquêtes en cours sur les personnes disparues ainsi que les victimes d’homicides et de catastrophes de masse. Chercheuse la plus prolifique au monde dans son domaine, la professeure Forbes a reçu de nombreuses récompenses prestigieuses pour ses réalisations en recherche. Elle milite aussi régulièrement pour l’avancement des femmes en sciences.
Mme Forbes œuvrait à l’University of Technology Sydney depuis 2012. Elle a aussi travaillé à l’University of Ontario Institute of Technology (2005-2012), où elle a établi de nombreuses collaborations avec les chercheurs en criminalistique et les forces policières.
Un programme de recherche prometteur
Grâce au SSRT et aux corps qui y seront étudiés, l’équipe de la Chaire de recherche en thanatologie forensique pourra acquérir de précieuses données reliées aux processus physiques, chimiques et biologiques de décomposition des corps. Des chercheurs de disciplines variées (chimie, biologie, anatomie, génie, sciences de l’environnement, anthropologie, archéologie, entomologie, etc.), provenant de l’UQTR et d’autres établissements, participeront aux travaux.
Ces chercheurs se pencheront, par exemple, sur les facteurs affectant le processus de décomposition des corps : température, bactéries, insectes, type de sol, etc. Ils s’intéresseront également aux composés organiques volatils entourant les corps, dans l’air et dans le sol, afin de déterminer lesquels sont utilisés par les chiens détecteurs de restes humains et quels sont les éléments attirant les mouches et coléoptères. De nouvelles technologies de capteurs pourront aussi être développées pour détecter les gaz de décomposition et localiser les victimes décédées.
La Chaire se concentrera également sur le développement de nouveaux biomarqueurs pour estimer le temps écoulé depuis le décès. De plus, elle mènera une recherche originale visant à améliorer les outils actuels et à développer de nouvelles technologies pour la récupération rapide des victimes, après des catastrophes de masse.
Tous ces travaux seront réalisés dans le plus grand respect des normes éthiques en vigueur pour la recherche avec des cadavres humains.