L’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) étudie actuellement la possibilité d’implanter son futur site sécurisé de recherche en thanatologie (SSRT) sur les terrains de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour (SPIPB), en vue de permettre à des scientifiques d’y mener des travaux sur la décomposition des corps humains en conditions naturelles.
Unique au pays et en climat nordique, le SSRT offrira à de nombreux chercheurs l’infrastructure nécessaire pour en apprendre davantage sur la façon dont les conditions environnementales et climatiques canadiennes influencent la dégradation d’une dépouille humaine. Les résultats de ces recherches seront d’une grande utilité pour les forces de sécurité, notamment dans les cas d’homicides et de personnes disparues.
« Nous nous réjouissons de la concrétisation de ce site de recherche qui générera des retombées scientifiques et sociétales fort importantes. Nous remercions chaleureusement la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour ainsi que la Ville de Bécancour pour leur précieuse collaboration, laquelle sera déterminante pour la réalisation de ce projet », de commenter M. Daniel McMahon, recteur de l’UQTR.
« La Société du parc industriel et portuaire de Bécancour est fière de s’associer à notre université, l’UQTR, à titre de partenaire, en offrant le terrain et des facilités pour permettre la réalisation d’un projet valorisant des recherches novatrices qui seront utiles dans des circonstances tragiques », a déclaré M. Jean Poliquin, président du conseil d’administration de la Société du parc industriel et portuaire de Bécancour.
Le SSRT
Selon les prévisions, le SSRT serait opérationnel d’ici la fin de l’année 2019. D’une superficie d’environ 600 m2, il serait situé sur la rue Louis-Riel (à environ 1,5 km de l’autoroute 30), dans une zone isolée et boisée. Non visible de la rue, le SSRT sera sécurisé (clôtures, caméras de surveillance, etc.).
Les modalités de fonctionnement du site et sa pertinence en recherche seront validées et testées à l’aide de carcasses de porcs. Le SSRT accueillera ensuite des dépouilles humaines, obtenues par le biais du programme de don de corps du Département d’anatomie de l’UQTR. Tous les travaux de recherche seront réalisés dans le plus grand respect des normes éthiques en vigueur. Des processus seront mis en place pour s’assurer qu’il n’y aura aucun risque pour la santé ou l’environnement.
Pour en apprendre davantage au sujet du SSRT (mesures de sécurité, fonctionnement, équipements, impacts, etc.), il est possible de consulter une liste de questions/réponses sur le site Web de l’UQTR (Département de chimie, biochimie et physique/onglet Recherche). De plus, une séance d’information publique aura lieu le 27 novembre prochain (à 19 h 30), au gymnase de l’école Terre-des-Jeunes de Bécancour (8260, rue Cartier), au cours de laquelle des représentants de l’UQTR pourront répondre aux questions de la population.
Subvention Audace
Le financement du nouveau SSRT proviendra, entre autres, d’une subvention Audace (127 000 $) des Fonds de recherche du Québec (FRQ), obtenue dernièrement par l’UQTR à l’issue d’un concours fort compétitif, favorisant les projets de recherche audacieux à la croisée des disciplines et des secteurs.
Le projet de SSRT présenté par l’UQTR permettra à des chercheurs, issus autant des sciences pures, appliquées et de la santé que des sciences humaines, de se pencher sur des sujets variés liés à la mort, qu’il s’agisse de la décomposition du corps humain après le décès ou des perceptions sociales entourant le don de corps à la science. Ultimement, les travaux pourront mener à la création d’un centre de réflexion scientifique de classe mondiale sur la mort.
La soumission au concours Audace de ce projet novateur a été réalisée par le professeur en criminalistique Frank Crispino (chimie, biochimie et physique), en collaboration avec sept professeurs-cochercheurs de l’UQTR : Gilles Bronchti (anatomie), Syliane Charles (philosophie), Jean-François Côté (arts), Branka Kopecki (arts), Régis Olry (anatomie), Raphaël Proulx (sciences de l’environnement) et Shari Forbes (chimie, biochimie et physique).
À cette équipe s’ajoutent cinq autres collaborateurs : Hugo Germain (professeur, chimie, biochimie et physique, UQTR), Suha Jabaji (professeure, microbiologie, Université McGill), Éric Lucas (professeur, entomologie, UQAM), Emmanuel Milot (professeur, chimie, biochimie et physique, UQTR) et Majid Ndoye (agent de recherche, École d’ingénierie, UQTR). Le projet Audace a également déjà permis le recrutement d’une postdoctorante en entomologie (Julie-Éléonore Maisonhaute) et d’une étudiante à la maîtrise en sciences biomédicales (Emily Pecsi).
Conférence philosophique sur le don de corps
Le 15 novembre prochain, une conférence liée à ce projet Audace sera présentée à l’atrium C.E.U de l’UQTR, de 12 h à 13 h 30. Intitulée Don d’organes, don de son corps à la science : mon corps mort est-il encore mon corps?, cette activité est gratuite et ouverte au public. Pour assister à cette conférence présentée dans le cadre de la journée mondiale de la philosophie de l’UNESCO, il suffit de réserver sa place par courriel à l’adresse suivante : syliane.charles@uqtr.ca.