Il n’y aurait pas une pilule pour aider à perdre du poids ? Cette question, les professionnels de la santé l’entendent plus d’une fois par semaine. Dans une société qui valorise l’image et la performance, où le temps pour bien prendre soin de soi s’écourte à mesure que les tâches professionnelles et familiales augmentent, la recherche d’une solution miracle peut prendre le dessus sur les principes de base : bien manger et faire de l’exercice.
« On cherche la voie la plus facile, surtout depuis que deux médicaments pour maigrir ont été approuvés par Santé Canada, soit l’orlistat et le liraglutide, et que leurs fabricants les commercialisent à grands coups de publicités », affirme Jacinthe Leclerc, professeure au Département de sciences infirmières à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). Du marketing pouvant d’ailleurs laisser croire en la pilule magique.
Comme les deux médicaments pour soutenir la perte pondérale ne se trouvent pas en vente libre, le fabricant dirige officieusement ses « clients » vers les professionnels de la santé. Et c’est là, souvent, que les patients déchantent.
D’abord, parce que ces médicaments ne s’adressent pas à n’importe qui veut perdre du poids : le patient doit avoir un indice de masse corporelle – le poids en kilogramme divisé par la grandeur en mètre carré – de 30 et plus, ou de 27 et plus avec facteurs de risque cardiovasculaire (diabète de type 2, hypertension artérielle, etc.). Ensuite, parce que le patient, peu importe si le médicament lui est prescrit ou non, doit s’engager activement à modifier ses habitudes de vie.
« Ces médicaments sont là pour donner un petit coup de main au corps pour reprendre le dessus, souvent pour initier la perte de poids. C’est un outil supplémentaire, mais rien ne remplacera la modification des habitudes de vie. Le principe de base, c’est-à-dire faire attention à ce qu’on mange et dépenser de l’énergie pour garder son équilibre énergétique, doit être appliqué même lorsqu’on prend ces médicaments », explique Jacinthe Leclerc.
Elle conclut : « Le professionnel de la santé doit donc se poser la question : est-ce que le patient est prêt à s’engager activement dans un processus de perte de poids ? Parce que prendre uniquement un médicament, ça ne fonctionnera pas à long terme. »
Pour plus d’informations, voir l’article publié dans la revue Perspective Infirmière intitulé « La pilule miracle pour maigrir existe-t-elle ? » (Leblanc ME et al.).