Ceci évoque-t-il un sentiment, une émotion, un souvenir : « Passe-Montagne aime les papillons, les souliers neufs et les beaux vestons » ? Cette vieille chanson, nombreux sont ceux d’entre vous qui l’avez entendue durant votre enfance… et qui peuvent la retrouver depuis quelques semaines et même la faire écouter à leurs enfants. Réel plaisir ou torture ? Plaisir de retrouver un « vieux concept », qui avait et possède encore des vertus éducatives remises au goût du jour, ou torture d’entendre encore des « vieilleries ».
Cette réalité est celle que vivent de nombreux consommateurs lorsqu’ils font face à un dilemme : celui de réparer ou d’acheter du neuf. Après tout, un produit neuf est compatible avec de nouveaux standards (surtout dans le domaine de l’électronique), est couvert par une garantie et, parfois, sent bon. Qui peut résister à l’odeur d’une voiture neuve, de laquelle s’échappent de nombreux produits toxiques et cancérigène[1] ! Un produit neuf engendre, chez plusieurs, une satisfaction et met en exergue une certaine motivation : montrer sa nouvelle voiture, sa nouvelle cuisine avec des électroménagers neufs peut être un symbole de réussite et l’appartenance à une classe sociale. Mais, prenez garde, cela ne fait pas de vous des Jacques Villeneuve ou des Jean Soulard !
À travers ses chroniques, le journaliste automobile Éric LeFrançois renvoie souvent la question aux propriétaires de véhicules : pourquoi changer un véhicule qui répond encore à nos besoins ? Personnellement, ma voiture a 8 ans et seulement 225 000 km, et ne coûte que l’essence et l’entretien essentiel. En contrepartie, nombreux de mes étudiants possèdent la voiture de l’année.
Il en est de même pour bon nombre de nos possessions. En achetant des vêtements classiques, on est toujours à la mode, et cela nous pousse à garder la forme pour pouvoir toujours les porter. J’en suis à ma 3ème paire de bottes d’hiver depuis 20 ans. Je ne fais pas vivre les multinationales, mais une armée de très petites entreprises locales, qui comptent dans leurs rangs des cordonniers et des couturières. Quant à l’entretien, lisez les conseils des sites Web des manufacturiers : Levi’s conseille de laver son jeans après l’avoir porté 10 fois et les rumeurs courent que le PDG de l’entreprise n’aurait jamais lavé le sien[2].
Mais attention, l’idée n’est pas vivre comme les Amish ! Même si le lavage à la main peut favoriser le rapprochement d’un couple, le lave-vaisselle est plus rentable sur le plan de la consommation d’eau et d’électricité, à condition de ne pas laver la vaisselle avant de la ranger dans le lave-vaisselle[3] !
De là naît une proposition. Avec un certain nombre d’étudiants soucieux de l’environnement et d’autres en marketing, mais étant des consommateurs responsables et des vendeurs assumés et intelligents, ne pourrait-on pas proposer des ateliers pour conseiller les consommateurs à consommer mieux ? Ne pourrait-on pas les aider à réparer de menus électroménagers avec les spécialistes de la mécatronique que nous formons à l’UQTR ? Quant à la voiture neuve, qui peut faire envie, l’achat d’un assainisseur d’air peut combler ce besoin de nouveau pour 1 000 fois moins cher. Vous voulez vous faire plaisir et épatez vos voisins : louez et conduisez une Porsche pour quelques heures[4] !
Références
[1] Voir : https://www.caaquebec.com/fr/auto/conseils/capsules-conseils/conseil/show/sujet/les-odeurs-nocives-dun-vehicule-neuf/
[2]Voir : https://www.consoglobe.com/pdg-levis-pas-peine-laver-pas-vos-jeans-cg et https://www.levi.com/CA/en_CA/features/sustainability
[3] Voir : https://www.lemonde.fr/le-rechauffement-climatique/article/2009/12/05/le-match-du-jour-vaisselle-a-la-main-ou-a-la-machine-par-terra-eco_1276469_1270066.html