L’accès aux soins pour les troubles de la colonne vertébrale est un enjeu dans les régions éloignées, notamment dans le Grand Nord canadien. C’est donc avec l’objectif de diminuer les symptômes et l’incapacité associée dont souffrent les patients, à l’aide de traitements non pharmaceutiques et non chirurgicaux, que le professeur André Bussières du Département de chiropratique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), son collègue Steve Passmore de l’Université du Manitoba, et leur équipe de chercheurs et cliniciens mènent un projet de recherche dans la communauté autochtone de Pimicikamak Okimawin (Première Nation de Cross Lake).
« Nous implantons un modèle de soins visant à améliorer la qualité de vie et à favoriser le retour aux activités quotidiennes des résidents de Cross Lake qui présentent des douleurs au dos et au cou », précise le professeur Bussières. Le projet inclut la mise en place d’un nouveau service de chiropratique offert au poste de soins infirmiers de Cross Lake. Des soins du dos et du cou seront prodigués par la Dre Jennifer Ward, une chiropraticienne autochtone de la nation crie d’Opaskwayak. Le modèle de soins consiste à trier les patients et les aiguiller vers les soins les plus efficaces et les plus appropriés, le cas échéant.
La réalisation du projet de recherche ainsi que la mise en place du nouveau service de soins sont soutenues par World Spine Care Canada, par l’entremise d’une contribution de Santé Canada à hauteur de 580 000 $, et les dirigeants de la communauté autochtone de Pimicikamak Okimawin au Manitoba. Le projet est également rendu possible grâce à la participation financière de l’Association chiropratique canadienne, de la Fondation canadienne pour la recherche en chiropratique et de la Fondation Skoll.
S’attaquer à la problématique des opiacés
Parallèlement à l’enjeu de l’accès aux soins pour les troubles de la colonne vertébrale dans les régions éloignées apparaît celui de l’usage et des dépendances aux substances, telles que les opiacés. De fait, de nombreuses personnes qui consultent pour des troubles de la colonne vertébrale reçoivent des opiacés sur ordonnance, alors qu’il est reconnu que ceux-ci peuvent entraîner de graves effets secondaires, notamment une dépendance.
« En ce sens, ce projet facilitera l’accès à des soins de haute qualité, peu coûteux, non pharmaceutiques et non chirurgicaux pour les douleurs lombaires et cervicales comme première étape d’un modèle complet de soins de la colonne vertébrale. Par ricochet, nous souhaitons éviter autant que possible la prescription d’opiacés, et plutôt valoriser une pratique davantage fondée sur les données probantes et la tradition ancestrale », soutient le chercheur de l’UQTR.
Plusieurs stratégies de traitement
Le service de soins pour les personnes souffrant de douleurs lombaires et cervicales n’est qu’une des huit stratégies qui seront employées au cours des prochaines années. L’initiative comprend également la formation des cliniciens œuvrant dans la communauté sur le modèle de soins du Global Spine Care Initiative (GSCI) ainsi qu’un programme éducatif communautaire inspiré, en partie, par les styles de danse traditionnels cris.
L’équipe de chercheurs et d’intervenants prévoient intégrer le nouveau service clinique et le programme communautaire au début de l’hiver 2023. La recherche évaluera également l’impact sur la santé des résidents de la communauté.
Le professeur André Bussières ajoute : « En partenariat avec les dirigeants et les cliniciens, les connaissances acquises serviront à accroitre les capacités dans la communauté et à adapter culturellement le modèle de soins du GSCI. En plus d’implanter le modèle de soins, notre recherche vise à mieux comprendre l’intérêt et la capacité de la communauté à accueillir le changement, ainsi qu’à être à l’écoute de tous les individus engagés dans le processus de guérison, y compris les patients, les dirigeants locaux et le personnel clinique. »
Exporter le modèle à l’international
Ce projet, conçu par le GSCI, le volet scientifique de World Spine Care, vise à travailler avec les communautés les moins bien desservies dans le monde. Selon le GSCI, les maux de dos chroniques sont plus fréquents dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Ils sont également très communs dans les milieux ruraux des pays à revenu élevé où l’accès aux soins de santé est plus restreint.
Une fois implanté, validé et évalué, les chercheurs souhaitent voir le modèle se déployer à l’échelle nationale et, à termes, l’exporter à l’international.
Cette étude est financée par une contribution du Programme sur l’usage et les dépendances aux substances (SUAP) de Santé Canada, l’Association chiropratique canadienne (ACC) et la Fondation canadienne de la recherche chiropratique (FCRC). Les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement les opinions de Santé Canada, de la CCA ou de la CCRF.