Stress, anxiété, maux de tête : des symptômes courants qui peuvent éventuellement être associés aux cervicalgies, c’est-à-dire des douleurs au cou. Et les risques d’en être atteints augmentent si vous êtes une femme ou utilisez l’ordinateur sur une période prolongée, et que vous présentez certaines comorbitités, comme une douleur au rachis ou dans le bas du dos.
Le chiropraticien et professeur Martin Descarreaux du Département des sciences de l’activité physique de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) explique que « la grande majorité des patients présentent des cervicalgies dites non-spécifiques, c’est-à-dire des maux de cou qui apparaissent sans avoir de cause identifiable très claire ni de lésion apparente ».
Lorsqu’un patient consulte pour traiter ce type de problèmes, les chiropraticiens disposent de plusieurs outils, par exemple : faire de l’éducation, conseiller, prescrire des exercices, utiliser la thérapie manuelle. Le chercheur de l’UQTR précise : « La thérapie manuelle semble un traitement efficace pour les douleurs cervicales, mais ses mécanismes biologiques sont encore mal connus. »
Dans le cadre d’un projet de recherche qu’il réalise en collaboration avec son collègue Mathieu Piché du Département d’anatomie de l’UQTR et la professeure Lindsay Gorrell, chercheuse à l’Hôpital universitaire Balgrist de l’Université de Zurich, M. Descarreaux souhaite mieux comprendre les mécanismes d’action de la manipulation vertébrale de la région cervicale, en plus de s’intéresser aux réponses cliniques (est-ce que le patient a moins mal, se sent mieux, fonctionne mieux) et physiologiques associées au traitement.
« Nous voulons déterminer si le patient ira mieux cliniquement en utilisant différents types de mesures, et constater si celles-ci évoluent séparément ou en parallèle », ajoute le professeur Descarreaux, dont le projet de recherche est financé par la Fondation canadienne pour la recherche en chiropratique (FCRC) à hauteur de 72 000 $.
On parle ici de mesures biomécaniques reliées à la dose appliquée lors du traitement, soit le rapport force-temps qui va caractériser la manipulation vertébrale, de mesures physiologiques comme les changements dans l’amplitude du mouvement cervical et dans l’activité musculaire chez le patient, et d’autres indices cliniques telles que la douleur, les capacités fonctionnelles et la perception globale de succès à la suite du traitement.
Martin Descarreaux résume : « Nous allons mesurer en temps réel la force qui est appliquée pendant le traitement simultanément à l’enregistrement de l’activité musculaire, et prendre une série de mesures cliniques associées à la condition du patient. Cela va nous permettre de déterminer s’il y a des réponses cliniques ou physiologues qui sont typiques à certaines doses. »
À cela s’ajoute un intérêt à connaître la perception du patient sur sa propre amélioration à la suite du traitement. « Nous collectons beaucoup d’information concernant la réponse physiologique, mais est-ce que le patient va réellement mieux ? Également, nous souhaitons connaître les attentes des patients face à leur propre amélioration, généralement un bon prédicteur de la réponse clinique. Cette mesure nous aidera à interpréter les résultats cliniques et physiologiques observées », explique le professeur de l’UQTR, titulaire de la Chaire de recherche internationale en santé neuromusculosquelettique.
Les retombées de cette étude permettront de tracer des profils de patients et éventuellement de guider les cliniciens dans le choix de l’intervention, tout en améliorant les connaissances quant aux prédicteurs d’une réponse positive au traitement. « L’idée est de pouvoir éventuellement guider le clinicien dans le choix de la dose appliquée lors de la thérapie manuelle dans les cas de cervicalgies », conclut Martin Descarreaux.