Les professeurs Marc Germain et Alexandre Fisette du Département de biologie médicale, ainsi que la professeure Marie-Pier Vaillancourt-Morel, du Département de psychologie, ont tous les trois vu leur projet remporter le concours de l’automne 2023 des Instituts de recherche en santé du Canada. Ces fonds d’un montant total de plus de 1 300 000 $ leur permettront de réaliser leurs travaux et d’avoir un impact sur les connaissances en santé.
Comprendre le comportement des mitochondriales
Grâce à un montant de 722 925 $, le professeur au Département de biologie médicale Marc Germain pourra mettre en branle le projet intitulé Régulation des vésicules extracellulaires mitochondriales et de leur endocytose. En effet, à partir des laboratoires du Département de biologie médicale de l’Université, le chercheur dirigera des recherches sur les altérations mitochondriales qui sont à l’origine de nombreuses pathologies neurologiques et musculaires.
Il faut savoir tout d’abord que la plupart des cellules sécrètent du contenu mitochondrial dans des vésicules extracellulaires. Or, ces mitochondriales (mito EVS) circulent, tel un moyen de communication, d’une cellule saine vers certaines présentant une dysfonction afin d’améliorer leur métabolisme ou réguler leur inflammation, selon le contexte. Productrice d’énergie, les mitochondriales ont également une incidence cruciale sur les fonctions cellulaires. À l’inverse, les mitochondriales oxydées sont rejetées et redirigées pour être dégradées.
Une meilleure compréhension de ce processus permettra de reproduire la circulation mitochondriale vers des cellules où les mitochondries sont altérées. L’effet des mitochondriales sur l’inflammation dans les cellules réceptrices sera mesuré dans le cadre de cette étude. Les résultats aideront à définir comment les mitochondriales arrivent à réguler l’activité des cellules réceptrices. Pour ce faire, il sera important de bien comprendre en premier lieu le rôle des mito EVS libérées, et en deuxième lieu comment les cellules modifient leur contenu pour communiquer entre elles.
Ce moyen de communication intercellulaire pourrait donc être exploité à des fins de diagnostic et de traitement. Cependant, les mécanismes qui sous-tendent la sélectivité des mitochondriales et leur effet sur les cellules réceptrices restent pour la plupart inconnus pour le moment. Ce projet fournira de nouvelles informations sur le rôle et les fonctions des mitochondriales qui pourraient, à l’avenir, être utilisées chez des patients atteints de neurodégénérescence par exemple.
Combattre l’obésité après la ménopause
Répondant à un appel de projets portant sur la santé des femmes, le professeur adjoint au Département de biologie médicale de l’UQTR et titulaire de la Chaire de recherche en neurometabolisme, Alexandre Fisette, a obtenu 150 000 $ pour son étude intitulée Characterization of a novel molecular strategy to alleviate post-menopausal metabolic & mood disorders (Caractérisation d’une nouvelle stratégie moléculaire pour soulager les troubles métaboliques et de l’humeur post-ménopausiques).
Les femmes sont naturellement protégées contre des troubles métaboliques (tels que l’obésité et le diabète de type 2), ainsi que contre les troubles de l’humeur durant leur vie reproductive. Toutefois, elles deviennent très vulnérables à ceux-ci une fois la ménopause enclenchée.
Le professeur Fisette s’est donné comme mandat d’examiner ce phénomène d’un peu plus près et de voir comment prévenir ces problèmes.
De nombreuses hormones vont agir sur le cerveau pour contrôler le poids corporel. La leptine, qui est une hormone qui induit la satiété et la dépense d’énergie, est probablement l’une des plus connues. Malheureusement, la leptine ne peut pas être utilisée en tant que médicament ; les individus en fort surpoids ne répondent plus à ses effets. Les hormones sexuelles comme l’estradiol induisent également la satiété chez les femmes, ce qui par principe les protège de l’obésité. La chute des hormones sexuelles des femmes ménopausées les place donc dans une situation de plus grande vulnérabilité face à l’obésité. De manière intéressante, l’estradiol protège contre l’obésité en sensibilisant le cerveau à la leptine. Malheureusement, l’estradiol ne peut pas non plus être utilisé pour traiter l’obésité chez les femmes ménopausées durant une période de temps prolongée, en raison d’effets secondaires nocifs.
Le professeur Fisette s’est par ailleurs démarqué dans le monde de la biologie médicale grâce à la découverte de la protéine CITED1. Celle-ci permet de justement faire des ponts entre les hormones sexuelles comme l’estradiol et les hormones dites métaboliques comme la leptine. Si la suppression de CITED1 chez les souris femelles modifie son comportement alimentaire et son équilibre énergétique, rien ne prouve toutefois que l’ajout de CITED1 aiderait éventuellement à prévenir les maladies métaboliques comme l’obésité et les troubles de l’humeur.
En plaçant les souris en situation de ménopause, le chercheur souhaite justement savoir s’il serait possible d’utiliser CITED1 comme outil pour resensibiliser à la leptine, sans toutefois observer les effets secondaires nocifs liés aux traitements d’estradiol. Cela pourrait ainsi, à terme, protéger les femmes de nombreuses conséquences liées à la ménopause qui nuisent à leur santé.
Adapter les thérapies sexuelles de couples pour les personnes victimes d’agressions sexuelles en enfance
56 % des femmes et 37 % des hommes qui ont recours à une thérapie sexuelle ont déjà subi une agression sexuelle dans leur enfance. Ils représentent donc une proportion importante de la population qui utilise ce service. Pourtant ces thérapies sont possiblement mal adaptées à eux, ayant été démontrées comme moins efficaces.
Pour tenter de remédier à cette situation malheureuse, la directrice du Laboratoire de recherche de la vie sexuelle et intime – SAIL Lab et professeure au Département de psychologie de l’UQTR, Marie-Pier Vaillancourt-Morel, ainsi que la professeure Marie-Ève Daspe de l’Université de Montréal, ont reçu un montant de 581 400 $ pour réaliser une étude sur les réponses face aux thérapies sexuelles de couples chez les adultes rapportant un abus sexuel dans l’enfance et leurs partenaires.
Pour améliorer les thérapies sexuelles, les deux chercheuses vont identifier les composantes du traitement qui doivent être adaptées à cette population vulnérable, lors de séances en laboratoire.
Les professeures Vaillancourt-Morel, qui dirige, et Daspe vont avoir recours à une méthodologie mixte pour recueillir la réaction des sujets à deux interventions fréquentes dans les thérapies sexuelles de couple, c’est-à-dire, un exercice de touchers non érotiques et un exercice de communication sexuelle.
Pour évaluer les réactions des personnes face à ces interventions, une approche quantitative et qualitative sera utilisée.
L’approche quantitative repose sur des mesures autorapportées, physiologiques et biologiques. En effet, le rythme cardiaque sera enregistré avant d’être comparé avec celui de couples dont aucun partenaire n’a subi d’abus sexuel en enfance. L’approche qualitative, quant à elle, sera basée sur des entrevues individuelles afin de recueillir les impressions des sujets sur les exercices de toucher et de la communication sexuelle.
Marie-Pier Vaillancourt-Morel et Marie-Ève Daspe collecteront ces informations sur plus de 250 couples, afin de produire des résultats probants et pour dresser un portrait juste de la situation. Les résultats permettront d’améliorer les thérapies existantes afin de les adapter aux personnes et aux couples ayant vécu des abus sexuels en enfance. Ce projet aidera ultimement les victimes d’agressions à avoir accès à des thérapies qui répondent à leur besoin afin d’ultimement retrouver un sentiment de sécurité dans leur vie sexuelle.
Les IRSC
Les Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) sont l’organisme du gouvernement du Canada chargé d’investir dans la recherche en santé. Composés de 13 instituts, ils collaborent avec des partenaires et des chercheurs pour appuyer les découvertes et les innovations qui améliorent la santé de la population et le système de soins du Canada.