L’Institut de recherche sur les PME (InRPME) de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) publie aujourd’hui, le 15 novembre, la 11e édition de son rapport sur l’activité entrepreneuriale québécoise, produit dans le cadre de l’enquête du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), la plus grande étude comparative portant sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde. Les analyses effectuées par les professeurs Étienne St-Jean et Marc Duhamel, chercheurs à l’Institut de recherche sur les PME mettent en lumière plusieurs enjeux pour le Québec, dont les défis spécifiques auxquels les femmes entrepreneures font face.
Pérennité des entreprises en jeu
Bien que le nombre d’entrepreneurs établis augmente légèrement par rapport à 2022, il reste en deçà des niveaux d’avant la pandémie. La tendance observée est quasiment identique avec celle du reste du Canada, mais leur taux est plus élevé. Parallèlement, la proportion de sorties entrepreneuriales (avec ou sans continuité des activités) a atteint son plus haut sommet en 2023 au Québec, avec un taux de 9,2 %. Cette dynamique suggère que le contexte québécois est encore marqué par des défis importants en matière de pérennité des entreprises.
Tel que l’indique le professeur Étienne St-Jean, coauteur de l’étude : « Démarrer une entreprise et la rendre pérenne, représente un parcours semé d’embûches pour lequel une bonne préparation et un accompagnement demeurent des éléments « clés » importants pour la réussite. »
La peur de l’échec gagne du terrain
La peur de l’échec freine plus de la moitié des Québécois (55,7 %) dans leur projet d’affaires, ce qui peut constituer un obstacle important à la création d’entreprises. Ce chiffre représente une augmentation significative par rapport à l’année précédente (46,9 %), et marque un retour à des niveaux plus élevés que ceux observés avant la pandémie. En parallèle, les opportunités perçues sont en déclin, passant de 81,7 % en 2021 à 68 % en 2023, mais cette baisse est moins marquée que dans toutes les autres provinces canadiennes. Ces mouvements combinés n’ont toutefois pas entraîné de forte baisse des intentions de démarrer une entreprise, qui s’établit désormais à 21,1 %. Il s’agit là d’une légère augmentation par rapport à l’année précédente.
Encourager l’audace entrepreneuriale des femmes
Bien que les femmes perçoivent depuis 2019 l’entrepreneuriat de manière plus positive que les hommes, leur élan à créer des entreprises reste limité par un manque de confiance en leurs compétences entrepreneuriales (51,4 % pour les hommes contre 41,9 % pour les femmes).
Des initiatives de soutien et de formation pourraient renforcer ce sentiment de compétence et favoriser leur participation dans l’écosystème entrepreneurial, notamment dans les parcours scolaires.
Les intentions entrepreneuriales présentent une dynamique similaire. Les hommes au Québec exhibent davantage d’intention d’entreprendre que les femmes (23,1 % pour les hommes contre 18,9 % pour les femmes). L’activité entrepreneuriale émergente demeure également inégale et cette disparité se reflète aussi au niveau des entrepreneurs établis où l’on observe un taux de 7,7 % pour les hommes contre 2,3 % pour les femmes. Tous les indicateurs pointent vers un besoin de renforcer les initiatives de soutien en amont du processus entrepreneurial pour inciter les femmes à faire le grand saut.
« Encore aujourd’hui, l’entrepreneuriat peut être perçu comme un monde davantage fait pour les hommes. Les femmes doivent être en contact avec des modèles variés d’entrepreneures et pouvoir prendre conscience de leur potentiel en tant que créatrices d’entreprises », souligne le professeur Étienne St-Jean, coauteur de l’étude.
L’entrepreneuriat hybride et le repreneuriat se renforcent
Enfin, l’entrepreneuriat hybride, qui est le fait de maintenir un emploi salarié tout en étant en affaires, demeure un levier stratégique important. La proportion d’entrepreneurs émergents ayant un emploi salarié a atteint 65,2 % au Québec. Le maintien de l’entrepreneuriat hybride dans un contexte économique en évolution suggère qu’il reste une voie privilégiée pour de nombreux Québécois désireux de s’engager dans l’entrepreneuriat, ce qui permet notamment de réduire le risque. Cette tendance mérite d’être surveillée de près, car elle pourrait avoir des implications pour le développement de l’activité entrepreneuriale au Québec dans les années à venir.
En outre, les analyses montrent une augmentation constante du taux de repreneuriat au Québec, qui atteint désormais 36,5 % pour la période 2021-2023, un taux bien supérieur à celui observé ailleurs au Canada (23,4 %) où cette tendance reste stable. Ce phénomène, en hausse depuis 2016-2018, indique que le repreneuriat devient une voie de plus en plus importante pour accéder à l’entrepreneuriat au Québec. Elle offre une alternative aux fermetures définitives, notamment pour les femmes, qui pourraient y voir une façon de s’engager tout en s’appuyant sur des entreprises déjà existantes. Il s’agit également d’une voie réduisant le risque entrepreneurial.
« Au Québec, une vague sans précédent de transferts de PME s’opère actuellement, offrant plusieurs bonnes opportunités pour des repreneurs potentiels de se lancer en affaires. Il devient important de développer un écosystème pour soutenir le repreneuriat, afin de maintenir la vitalité économique des régions », indique le professeur Marc Duhamel, coauteur de l’étude.
L’enquête du GEM
L’enquête du GEM constitue la plus grande étude comparative portant sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde. Jusqu’à aujourd’hui, plus d’une centaine d’équipes nationales se sont investies à mesurer l’activité entrepreneuriale aux quatre coins du globe depuis 1999. Depuis 2013, le volet québécois de cette enquête est présenté par des chercheurs de l’InRPME à l’UQTR.
Le rapport sur la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise (2023) a pu être produit grâce à la collaboration de l’équipe canadienne du GEM et au soutien financier du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEIE) du Québec et des partenaires financiers du Carrefour d’entrepreneuriat et d’innovation Desjardins de l’UQTR. Il est également disponible sur le site de l’Institut de recherche sur les PME et à l’adresse https://www.gemconsortium.org/report/situation-de-lentrepreneuriat-au-quebec-2023.
Renseignements et coordination d’entrevues
Marc-André Pelletier – Conseiller en communication
Responsable des relations avec les médias
Service des communications et des relations avec les diplômés – UQTR
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