Depuis les années 1990, les séries historiques à l’échelle occidentale renvoient une image sensationnelle du passé qui se solde par une surenchère de violence et de sexualité à laquelle le Québec n’échappe pas.
Bien que les études sur la télévision aient contribué à démontrer le caractère identitaire fort de ces productions inscrites dans le passé, elles ne croisent pas ces réflexions avec la mise en scène des corps. À partir d’une approche féministe intersectionnelle, cette thèse analyse l’articulation des discours corporels dans sept séries de fictions télévisuelles historiques québécoises marquantes : Les filles de Caleb (1990-91), Blanche (1993), Au nom du père et du fils (1993), L’ombre de l’épervier (1998), Nos étés (2005-08), Musée Eden (2010) et Les Pays d’en haut (2016-21) afin de mettre en lumière les modèles de rapports de pouvoir qui y sont véhiculés. La mise en scène de nouvelles pratiques comme l’avortement, la contraception ou le port du pantalon par les femmes expriment une volonté d’émancipation et de remise en question des normes genrées, mais l’illustration du passé « justifie » le contrôle du corps féminin par les institutions ainsi qu’une esthétisation patriarcale du corps. En apparence nuancées, ces séries réaffirment un discours essentialiste à travers leur esthétique narrative qui révèle plusieurs systèmes d’oppression genrés et coloniaux. L’étude porte sur plus de trente ans de télévision et montre qu’en dépit d’une représentation plus diversifiée des corps, ces productions font la promotion de modèles traditionnels de masculinité et de féminité.
Thèse de doctorat en études québécoises soutenue le 28 mai 2025
Membres du jury
Professeure Marise Bachand, Directrice
Université du Québec à Trois-Rivières
Professeure Mélissa Thériault, Présidente
Université du Québec à Trois-Rivières
Professeure Stéfany Boisvert, Évaluatrice externe
Université du Québec à Montréal
Monsieur Olivier Côté, Évaluateur externe
Musée Canadien de l’histoire