L’Institut de recherche sur les PME de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) a publié, le 17 décembre, la 12e édition de son rapport annuel sur la Situation de l’activité entrepreneuriale au Québec, réalisé dans le cadre de l’enquête du Global Entrepreneurship Monitor (GEM). Les analyses effectuées par les professeurs Étienne St-Jean et Marc Duhamel révèlent des dynamiques entrepreneuriales contrastées, marquées à la fois par un regain d’intérêt pour l’entrepreneuriat et par des défis persistants liés à la pérennité des entreprises.
Un contexte économique en transition, mais un intérêt renouvelé pour entreprendre
Dans un contexte économique incertain où le Québec renouait en 2024 avec une faible croissance économique et un marché du travail irrégulier, il est intéressant de constater les effets de l’évolution en dents de scie du marché du travail sur l’activité entrepreneuriale émergente et les sorties entrepreneuriales
En effet, le taux d’entrepreneurs émergents atteint 22,3 %, marquant son plus haut niveau depuis 2013. Cette forte progression s’explique principalement par une hausse significative du taux d’entrepreneurs naissants qui a atteint 19,8 %, positionnant le Québec au 2e rang mondial parmi les économies comparables.
Veuillez consulter la version complète du rapport, format PDF
Un intérêt marqué pour entreprendre, mais un rapport personnel encore fragile
Malgré un intérêt croissant pour la création d’entreprise, plusieurs indicateurs témoignent d’un rapport personnel encore fragile à l’entrepreneuriat.
Les opportunités d’affaires perçues par les Québécois ont fortement baissé, passant de 81,7 % en 2021 à 59,2 % en 2024. Malgré ce recul, la peur de l’échec diminue légèrement pour s’établir à 52,5 %, mais demeure sur une trajectoire ascendante depuis plus d’une décennie. Les compétences perçues et le rapport personnel à l’entrepreneuriat demeurent plus faibles que dans le reste du Canada.
Ces mouvements combinés n’ont toutefois pas freiné les ambitions entrepreneuriales. Les intentions de créer une entreprise atteignent 27,4 %, un record depuis 2013. Cela suggère une forte volonté entrepreneuriale malgré un contexte économique exigeant. Ces tendances contrastées laissent présager des trajectoires entrepreneuriales à surveiller compte tenu des facteurs précités.
Des défis de pérennité d’entreprises qui persistent
Malgré l’élan entrepreneurial observé, la capacité à maintenir une entreprise active demeure préoccupante. Les cessations définitives d’entreprises grimpent à 5,7 % au Québec, soit leur plus haut niveau depuis 2013.
Toutefois, le taux d’entreprises établies augmente pour atteindre 7,4 %, l’un des taux les plus élevés des dix dernières années (à l’exception de 2014). Il est encore tôt pour parler d’un renversement de tendance au Québec, mais la situation mérite une attention particulière au cours des prochaines années.
Le repreneuriat et l’entrepreneuriat hybride : des tendances à surveiller
Le repreneuriat recule légèrement à 32,9 % sur la période 2022-2024, une tendance également observée dans le reste du Canada. Malgré ce fléchissement, il demeure une voie importante pour accéder à l’entrepreneuriat.
L’entrepreneuriat hybride reste dominant malgré une baisse importante au Québec. En 2024, 57,8 % des entrepreneurs émergents conservent un emploi salarié tout en lançant leur entreprise. Cette proportion reste inférieure à celle observée dans le reste du Canada (62,1 %) où cette stratégie est encore plus répandue. Dans un contexte économique incertain, l’entrepreneuriat hybride demeure un mode d’entrée rassurant pour de nombreux Québécois.
À propos d’Étienne St-Jean et Marc Duhamel
Étienne St-Jean est professeur titulaire de management à l’UQTR, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la carrière entrepreneuriale et codirecteur de l’Institut de recherche sur les PME.
Marc Duhamel est professeur agrégé au Département de finance et économique de l’UQTR et directeur scientifique de l’Observatoire repreneuriat et de transfert d’entreprise du Québec.

Marc Duhamel et Étienne St-Jean sont chercheurs à l’InRPME et professeurs à l’École de gestion de l’UQTR.
L’enquête du Global Entrepreneurship Monitor
L’enquête du Global Entrepreneurship Monitor (GEM) est la plus grande étude comparative sur le dynamisme entrepreneurial dans le monde. Jusqu’à aujourd’hui, plus d’une centaine d’équipes nationales se sont investies pour mesurer l’activité entrepreneuriale aux quatre coins du globe depuis 1999. Depuis 2013, le volet québécois de cette enquête est présenté par des chercheurs de l’InRPME à l’UQTR.
Des rapports du GEM signés par l’InRPME au fil des années
Depuis 2013, l’InRPME de l’UQTR publie chaque année des analyses issues du Global Entrepreneurship Monitor portant sur l’évolution de l’entrepreneurship au Québec.
- 2013 : Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise
- 2015 : Les Québécois, des entrepreneurs qui doutent de leurs compétences
- 2017 : Le Québec manque de femmes entrepreneures
- 2013 à 2018 : Un engagement timide des jeunes dans l’entrepreneuriat au Québec
- 2019 : L’écosystème entrepreneurial de Montréal est le plus dynamique au monde
- 2020 : Les entrepreneurs québécois parmi les plus opportunistes et résilients durant la pandémie
- 2021 : Le Québec observe un taux record d’entrepreneurs émergents
- 2022 : Le repreneuriat a le vent dans les voiles
- 2023 : Soutenir l’élan des femmes vers l’entrepreneuriat
Un travail d’équipe
Le rapport sur la Situation de l’activité entrepreneuriale québécoise (2024) a pu être produit grâce à la collaboration de l’équipe canadienne du GEM et au soutien financier du ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec. Il est disponible en version PDF sur le site de l’Institut de recherche sur les PME.

Renseignements et coordination d’entrevues
Jean-François Hinse – Conseiller en communication
Responsable des relations avec les médias
Service des communications et des relations avec les diplômés – UQTR
Cell. : 819 244-4119
Courriel : jean-francois.hinse
