Rares sont les occasions de marier art visuel et recherche sociale. Cela n’a pas empêché l’équipe de la professeure Natacha Brunelle de l’Université du Québec à Trois-Rivières, par son programme de recherche en partenariat (RÉ)SO 16-35 qui se spécialise en recherche et intervention auprès des jeunes judiciarisés de 16 à 35 ans, de développer un projet de tableau vivant très original afin d’aborder le thème du désistement de la délinquance.
Présentée sur le site web du Musée POP et sur YouTube, l’œuvre exploite l’image de la photographie d’identité judiciaire. Cette photo, communément appelée « mug shot », se retrouve au dossier criminel et marque un nouvel épisode dans la vie des personnes judiciarisées en devenant, par extension, leur nouvelle identité. Dans certains pays, cette photo suit la personne judiciarisée pour le reste de sa vie.
Les artistes ont donc repris cette photo bien connue pour présenter, de façon vivante, une personne qui se bat pour se défaire de son image criminelle. Durant le visionnement de cette vidéo de 14 minutes, on comprend que la personne qui s’engage dans un processus de désistement doit non seulement sortir de prison, mais réussir à sortir la prison d’elle-même.
« L’œuvre veut offrir à la société un nouvel éclairage sur ce qu’est la Justice. Elle fait la promotion de l’inclusion sociale et elle replace l’humain au cœur de la démarche correctionnelle. Elle insiste sur le fait que la peine de prison devrait être vue comme un moment de transition, que la personne judiciarisée a du travail à faire sur elle-même et que le rôle de la société est de croire en ses chances de succès, de l’accompagner dans le processus et de lui offrir des opportunités », explique Natacha Brunelle au nom du concepteur et du comité scientifique de l’œuvre.
La conception de Désistement revient à Jocelyn Gadbois, tandis que la réalisation est l’œuvre de Chentian Zhang. Philippe Mercier, étudiant à la maîtrise en psychoéducation, campe l’unique rôle dans la vidéo. Les professeurs Natacha Brunelle, Isabelle F.-Dufour (Université Laval), Sylvie Hamel, Chantal Plourde ainsi que Nadia L’Espérance (CIUSSS MCQ), Justine Le Blanc (ministère de la Sécurité publique du Québec) et Anta Niang (étudiante postdoctorale) formaient le comité scientifique en charge du projet.
« Il était tout naturel pour notre institution d’accueillir entre nos murs cette œuvre numérique en lien avec la stigmatisation de l’incarcération puisque l’équipe finalise présentement une exposition sur l’évolution du système carcéral au Québec. L’exposition s’intitule En d’dans : la prison comme solution? Elle proposera, entre autres, une réflexion, une amorce de débat pour faire évoluer les perceptions, ce qui fait aussi partie de la mission du Musée. Cette offre muséale, en partenariat avec (RÉ)SO 16-35, bonifiera les pistes de réflexion », souligne la directrice générale du Musée POP, Mme Valérie Therrien.
L’œuvre devait initialement être présentée in situ au Musée POP, mais à cause de la fermeture due à la pandémie, elle sera présentée sur le site internet de l’institution, en mode virtuel. Elle sera offerte sur place, en complément à la nouvelle exposition, dès la réouverture du Musée et bonifiera ainsi l’expérience des visiteurs.