Qui eût cru qu’une promenade en forêt avec des chiens aurait donné naissance à un nouveau cours de marketing quelques années plus tard ? Lorsque les professeurs Frédéric Parissier et William Menvielle de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) se croisaient en forêt pour leurs marches quotidiennes avec leurs chiens, les discussions tournaient souvent autour du marketing et des innovations pédagogiques. Déjà codéveloppeurs d’un cours hybride en marketing international, les heures de pérégrination à l’ombre des arbres ont permis de structurer ce qui allait devenir le cours MKA1014-Mission commerciale export.
« Lorsqu’on évoque l’international dans les cours, c’est bien, mais encore faut-il le faire vivre aux étudiants. Dans le cadre du cours MKA1005-Le marketing international, précise Frédéric Parissier, nous avons intégré de nombreuses interventions de chefs d’entreprises ou d’acteurs socioéconomiques pour mieux faire comprendre les enjeux de s’internationaliser sur des marchés étrangers. » C’était déjà une plus-value. « Mais, ajoute William Menvielle, il nous est apparu qu’il subsistait une lacune. Faire vivre l’international à travers le regard des autres, c’est bien, le faire vivre aux étudiants c’est mieux. »
Quatorze étudiants en mission
Basé sur une formule pédagogique novatrice, le projet a toutefois été ralenti et reporté en raison de la pandémie de COVID-19. Étalé sur deux sessions, le cours met en scène 14 étudiants, pour cette première cohorte expérimentale, regroupés en équipes de trois ou quatre et jumelés à deux PME chacune. Des entreprises qui ont été recommandées pour la plupart par l’organisme Signé Local. Fondé en 2015, il a pour mission de faire connaître au grand public des produits locaux de qualité, conçus et fabriqués au Québec. Outre les sept entreprises qui en sont membres, s’ajoute le partenaire Recettes en Pot, qui offre notamment une solution de campagne de financement. Leurs dirigeants souhaitent aussi se prêter au jeu de l’exportation en Europe.
Les PME participantes
Bateau bateau. Des solutions complètes et écologiques pour l’hygiène quotidienne. Mouchoirs lavables et ensembles de toilette
Bela Peko. Des préparations de desserts gourmands à base de purées de légumes
Cocooning Love. Des produits naturels pour le visage, le corps et les cheveux
Les Charlatans. Des sirops et tonics naturels, auxquels aucun agent de conservation ni colorant sont ajoutés
Nos Cabanes. Des sirops d’érable du Québec qui célèbrent leur provenance et leur goût
Rose Citron. Des produits de soin zéro-déchet faits à la main et composés d’ingrédients naturels, biologiques et véganes
SOJA&CO. Des bougies artisanales fabriquées à la main, à Montréal, avec de la cire de soja 100 % naturelle
Recettes en Pot. Des recettes à préparer en ajoutant des ingrédients simples et présentés dans des pots Masson
Diagnostic export
Au cours de la session d’hiver, les étudiants travaillent conjointement avec les PME pour établir un diagnostic export, puis réalisent l’analyse des marchés français et belges, en termes de potentiel de commercialisation et de concurrence, tout en sollicitant des distributeurs potentiels. « Les possibilités d’élargir notre réseau de contacts sont très pertinentes pour nous, puisqu’ils nous permettront d’avoir un regard externe sur les possibilités de notre future carrière », ajoute à cet effet Felix-Antoine Chavanelle, étudiant au BAA en marketing.
C’est aussi au cours de cette session que se planifient les déplacements et l’hébergement. Et pour couvrir ces frais, il s’agit aussi de faire les montages financiers nécessaires pour aller chercher les subventions et aides couvrant les frais engagés et devant permettre de voyager à coût nul. La participation de l’École de gestion de l’UQTR, des SAE, de l’AESCA ou de l’AGEHC et les subventions du BRI sont indispensables et constituent une aide fort appréciée des étudiants.
L’été sera consacré à la suite des préparatifs et au déplacement de 10 jours en France et en Belgique. Outre les rencontres avec les partenaires sollicités initialement par les étudiants, l’agenda de travail leur permettra aussi de rencontrer les acteurs économiques de l’Ambassade du Canada à Paris, des Délégations générales du Québec de Paris et Bruxelles, de l’Union Européenne, mais aussi de rencontrer une ministre belge des affaires étrangères et des eurodéputés, travaillant sur les relations commerciales Canada-Union Européenne.
Ouverture sur le monde
C’est donc un cours de six crédits bien rempli qui attend les étudiants, volontaires et sélectionnés sur dossier, qui ont « très hâte d’en apprendre davantage sur la culture d’entreprises en sol européen », mentionne Marie-Pier Richer, étudiante finissante au BAA en marketing. « Ces expériences nous permettront d’avoir une ouverture sur le monde extérieur et ultimement de les appliquer dans notre vie professionnelle. »
La critique souvent faite aux cours par les étudiants est qu’ils sont trop théoriques. Ici, c’est tout le contraire. « C’est le coaching qui prime avec des rencontres aux trois semaines et, au besoin, selon l’avancement du projet et les embuches rencontrées », explique Frédéric Parissier. « On s’attend à développer des habiletés distinctives pour notre entrée sur le marché du travail. Ce n’est pas tous les jours que des étudiants ont la chance d’être une partie du processus de développement d’entreprises à l’international », ajoute Cyntia Southière.
Même s’il est encore loin d’être terminé, les commentaires sont positifs comme celui de Jade Maillé, finissante au BAA, membre de l’équipe de natation des Patriotes de l’UQTR et entrepreneure. « Ce projet est très intéressant, puisqu’il permet de développer une relation entre la cohorte, ainsi que les entreprises participantes. De plus, la mission commerciale s’échelonne sur sept mois ce qui permet de pousser nos aptitudes, compétences ainsi que nos réflexions. »
Vicky Lavigne estime que cette expérience lui servira de rampe de lancement en marketing. « Pour moi, MKA1014 était l’option la plus enrichissante qui s’offrait pour terminer mon parcours à l’UQTR. Maintenant que tout est entamé, je peux garantir que j’ai fait le bon choix. Je sortirai tellement plus organisée déterminée et épanouie de ce projet. Ça en valait le coup. »
Cohorte 2023
D’ailleurs, la cohorte 2023 se dessine déjà avec la réception de nombreux dossiers d’étudiants intéressés. Les marchés visés restent les mêmes, mais on y ajoute des partenariats avec des universités françaises, belges et suisses, pour que les étudiants puissent encore bonifier leurs études de marchés avec des acteurs locaux, mais aussi pour dessiner un embryon d’école d’été.
Il est encore possible d’y participer comme étudiant ou partenaire commercial pour l’hiver 2023. Des questions? William.Menvielle@uqtr.ca ou Frederic.Parissier@uqtr.ca et https://www.facebook.com/MKA1014/