En octobre dernier, près d’une trentaine d’étudiantes et d’étudiants en sciences de l’éducation de l’UQTR ont participé à une sortie au Parc écomaritime de l’Anse-du-Port (passerelle) de Nicolet, situé en bordure du lac Saint-Pierre. Accompagnés de Jacques Newashish, Aîné autochtone en résidence à l’UQTR, ces futurs enseignants et enseignantes ont pu explorer le potentiel pédagogique de ce milieu naturel, situé en territoire non cédé abénaki.
« En organisant cette sortie, je voulais que les étudiantes et les étudiants y trouvent une inspiration pour le développement de leurs intentions pédagogiques, en lien avec la nature et les Premiers Peuples. Cette expérience leur a permis de réfléchir à des idées d’activités pour leurs futurs élèves du préscolaire et du primaire, plus particulièrement dans les domaines de l’histoire, de la géographie et de l’éducation à la citoyenneté. Cette sortie en territoire non cédé autochtone a eu lieu à l’intérieur d’un cours de didactique des sciences humaines, offert au baccalauréat en éducation préscolaire et en enseignement primaire », d’expliquer Marie-Claude Larouche, professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR.
Voyez ici une vidéo de la sortie au Parc écomaritime de l’Anse-du-Port, en compagnie de l’Aîné autochtone Jacques Newashish (images et montage: Maxime Laroche, UQTR) :
Valoriser l’histoire et les cultures autochtones
À leur arrivée au Parc écomaritime de l’Anse-du-Port, les étudiantes et étudiants ont été accueillis par trois personnes autochtones, pour quelques mots de bienvenue.
Jacques Watso, propriétaire de Sagamité Watso et élu au Conseil des Abénakis d’Odanak, a d’abord rappelé aux futurs enseignants qu’ils auront un rôle important à jouer auprès de leurs élèves, pour leur faire connaître les Premiers Peuples et leur histoire. Il a ensuite proposé aux étudiants une collation à saveur autochtone, composée de muffins au maïs et cheddar ainsi que d’une boisson de petits fruits et infusion de cèdre. « C’est ce type de breuvage autochtone qui a sauvé autrefois Jacques Cartier et ses gens du scorbut », a-t-il ajouté.
Jacques Newashish, originaire de la communauté atikamekw de Wemotaci, s’est aussi adressé au groupe. Il a d’abord prononcé plusieurs phrases en atikamekw, écouté attentivement par l’auditoire. Poursuivant en français, il a rappelé que son rôle était d’accompagner les étudiants pendant leur visite du Parc, pour mieux leur faire connaître les nations et les cultures autochtones.
« Vous, futurs enseignants, allez devenir importants pour les jeunes, par votre travail. Vous allez les guider, leur apprendre des choses utiles à savoir. Leur apprendre la société et comment sont les autres sociétés, comment elles vivent, comment elles vivaient. Nous, les Autochtones, nous sommes en Amérique depuis des milliers d’années. C’est important de connaître d’où on vient et de le transmettre aux autres. Ce serait bien aussi que vous alliez enseigner dans les communautés autochtones, car nous sommes toujours contents d’y recevoir des enseignants. Les jeunes aussi sont contents. C’est une ouverture de plus pour apprendre à se connaître », a mentionné Jacques Newashish.
Les étudiants ont également rencontré Samuel Rainville, Innu membre de la communauté de Pessamit et directeur aux relations et à l’engagement auprès des Premiers Peuples à l’UQTR. Ce dernier leur a notamment parlé du rôle de Jacques Newashish à titre d’Aîné autochtone en résidence à l’UQTR. « Les Aînés étaient les universités des autochtones. Ils savaient construire des abris, trouver la nourriture, ils connaissaient le territoire. Ils étaient les encyclopédies autochtones. Les Aînés sont des gens porteurs de savoir et il faut valoriser leur expertise », a-t-il fait observer.
Poursuivant avec sa propre expérience de personne innue, Samuel Rainville a mentionné qu’il aurait aimé apprendre la culture autochtone, alors qu’il était à l’école : « L’histoire autochtone qu’on nous enseignait à l’époque ne me rendait pas fier. Maintenant, vous, les futurs enseignants, vous pouvez changer cela. Il est important d’enseigner leur culture à vos élèves autochtones et de les rendre fiers de leur appartenance aux Premiers Peuples. L’histoire, ça s’enseigne aussi avec la perspective des premiers occupants du territoire. Il n’est pas facile d’enseigner la culture autochtone pour un allochtone. Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à demander la collaboration d’une personne autochtone. »
Apprendre de la nature avec un Aîné autochtone
Après ces prises de parole, les étudiants présents ont exploré librement le Parc en compagnie de Jacques Newashish. Ce dernier leur a notamment fait part de sa vision autochtone du territoire environnant. Il a aussi répondu à leurs questions sur la flore et la faune et leur a parlé de sa famille, de sa jeunesse, de la chasse et de sa démarche artistique (peinture, sculpture, etc.).
L’activité s’est terminée sur la rive du lac Saint-Pierre, que les Abénakis appellent Nebesek (signifiant « au lac »). Réunis pour une discussion en groupe, les étudiants ont partagé leurs observations et ont suggéré des activités pédagogiques pouvant être offertes à des élèves dans un lieu tel que le Parc écomaritime de l’Anse-du-Port.
Interrogées après l’activité, les personnes participantes ont qualifié leur expérience de positive et d’enrichissante. Elles ont particulièrement apprécié le contact avec la nature ainsi que la présence et les propos de Jacques Newashish. Elles y ont vu également une occasion privilégiée de s’ouvrir à la culture autochtone et de pouvoir converser avec une personne issue des Premiers Peuples.
Découvrez ici d’autres images de l’activité en sciences de l’éducation réalisée au Parc écomaritime de l’Anse-du-Port, en compagnie de l’Aîné autochtone Jacques Newashish (Photos: Audrey Phillips, UQTR) :
Améliorer la connaissance des réalités autochtones
L’activité tenue au Parc écomaritime de l’Anse-du-Port fait partie des initiatives encouragées par l’UQTR pour sensibiliser la communauté universitaire et les personnes étudiantes aux réalités historiques et contemporaines des Premiers Peuples. En appuyant les chargés de cours et professeurs dans la réalisation d’activités sur le terrain en collaboration avec les communautés autochtones, l’UQTR favorise une approche concrète et respectueuse de l’apprentissage interculturel.
Notons que le Département des sciences de l’éducation de l’UQTR propose un site Web intitulé Perspectives et réalités des Premiers Peuples. Ce site présente différentes initiatives et ressources favorisant la mise en lumière des perspectives et réalités autochtones dans les cours en enseignement. Toute personne intéressée peut explorer ce site afin d’enrichir ses pratiques pédagogiques et promouvoir le dialogue interculturel.