Dans son rapport annuel d’activités de l’année 1977-1978, le recteur-fondateur Boulet précise que « la période des définitions initiales est vraiment terminée ». Retour sur les choix académiques de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) dans la décennie 70, positions « idéologiques » fondatrices qui, encore aujourd’hui, permettent à l’UQTR de se distinguer.
En 1971, une vaste tournée de consultation menée auprès des instances et départements permet de déterminer trois orientations fondamentales de développement pour l’UQTR :
- études québécoises
- loisirs et sports
- industrie et travail
En juin 1977, le Conseil des universités reconnaît ces trois axes autour desquels études supérieures et recherche sont appelés à se développer. Cependant, le Conseil invite aussi l’UQTR à déterminer deux axes supplémentaires.
Au même moment, l’Assemblée des gouverneurs de l’Université du Québec demande aux constituantes de produire un plan triennal de développement, dans le prolongement de son schéma général de développement, à l’intérieur duquel était définie la notion d’axe de développement : « les axes de développement signifie des domaines privilégiés d’intervention qui regroupent des activités d’enseignement et de recherche concernant un ou des secteurs disciplinaires ou multidisciplinaires. Le concept d’axe véhicule l’idée du développement prioritaire des actions qui y sont rattachées. Les axes […] marquent le point de convergence des programmes de recherche et d’études avancées. »
C’est sur la base de cette définition que l’UQTR consulte la communauté universitaire et élabore le texte de la première Politique-cadre pour le développement du secteur « enseignement et recherche »[1], valide de 1977 à 1980 et adoptée par le conseil d’administration le 18 juillet 1977. Préparée par le vice-rectorat à l’enseignement et à la recherche, cette politique-cadre permet de « mieux caractériser l’Université […] pour les années à venir et ainsi guider les initiatives de développement qui émanent de la base ». Nous reproduisons ici les précisions rattachées à chacun des axes.
Axe 1 : Études québécoises
« Cet axe regroupe les études et les interventions destinées à faciliter la compréhension de la société et de la culture québécoise. Les préoccupations caractéristiques de l’axe “Études québécoises” visent principalement l’évolution du Québec, dans le temps et l’espace au plan de ses manifestations sociales et culturelles. Ces études s’effectuent selon les méthodologies disciplinaires ou interdisciplinaires en cause et sont possiblement très diverses. Deux thèmes majeurs d’étude en ressortent quand même : les perspectives socio-culturelle et historico-régionale. »
Axe 2 : Loisirs et sports
« Cet axe regroupe les études touchant l’ensemble des interventions caractéristiques au phénomène du loisir et à l’activité physique. Ces études portent autant sur l’analyse des comportements propres à ces champs et des activités qui s’y rattachent que sur l’élaboration de systèmes d’intervention et la formation des agents qui y œuvrent. Elles portent sur deux objets principaux, l’un (loisirs) plus général et davantage rattaché aux sciences humaines et l’autre (sports) plus particulier et plutôt rattaché aux sciences de l’activité physique. »
Axe 3 : Comportement et organisation
« Cet axe regroupe les études touchant l’activité humaine, dans ce qu’elle a d’observable, particulièrement par rapport aux structures sociales où elle se réalise.
Le comportement considéré ici est celui de l’homme dans certaines de ses manifestations (verbales, motrices, sociales) ; par organisation, on entend tout lieu de l’activité humaine, par exemple la famille, l’école, l’entreprise. Par extension, on étudie aussi la conduite des groupes humains dans ces structures.
La portée de l’axe comportement et organisation se restreint par rapport aux intérêts plus particulier des axes “Loisirs et sports” et “Industrie et travail” et aux approches plus spécifiques de l’axe Études québécoises ; ces axes touchent inévitablement le comportement individuel ou collectif et l’organisation où il s’exerce, mais pour des objets plus définis. »
Axe 4 : Industrie et travail
« Cet axe regroupe les études globales ou particulières touchant principalement les aspects “ingénierie” et “administration” de l’entreprise, tout autant industrielle, commerciale que de service, de même que les questions de formation, d’adaptation, de motivation, d’hygiène et de sécurité au travail. Ces études se concentrent à l’occasion avec plus d’intensité sur un secteur industriel précis requérant une approche fortement orientée.
Ces études se développent en étroite collaboration avec le milieu, notamment mais non exclusivement régional, et portent toujours sur le développement de la petite et moyenne entreprise. Les interventions sont surtout de type appliqué en recherche et à caractère professionnel en enseignement. On y retrouve une forte préoccupation pour les questions touchant la gestion des ressources humaines, les stratégies de développement et d’innovation, la qualité de vie au travail.
L’axe “Industrie et travail” recoupe de façon marquée l’axe “Comportement et organisation” dont la porte est plus vaste et les approches, dans la majorité des cas, plus fondamentales et disciplinaires. Certaines questions de “systèmes” ou touchant les secteurs publics ou para-publics pourraient relever de l’un ou l’autre de ces axes. L’axe “Industrie et travail” partage de plus avec l’axe “Bio-physico-chimie du milieu” certaines préoccupations, par exemple celles concernant l’écologie ou l’hygiène industrielle. »
Axe 5 : Bio-physico-chimie du milieu
« Cet axe regroupe les études relatives aux phénomènes physiques, chimiques et biologiques du milieu environnant, cellulaire et moléculaire, et portant donc à la fois sur des milieux externes et internes, les uns et les autres approchés de façon multidisciplinaire. La méthodologie employée est d’abord fondamentale, puis appliquée au niveau des retombées. La préoccupation première demeure cependant l’accroissement des connaissances en ces domaines.
Ces méthodologies et les disciplines qui la supportent distinguent cet axe des autres, sans l’isoler cependant ; les études entreprises pourront servir éventuellement de support au développement des actions propres aux axes “Industrie et travail”, “Comportement et organisation” et “Loisirs et sports”. »
Référence
[1] UQTR, Politique-cadre pour le développement du secteur “enseignement et recherche” 1977-1980, CA-77-09-14 (Archives de l’UQTR).