Comment la neige, la glace et l’eau gelée du sol réagissent-elles au réchauffement climatique dans les régions froides de la Terre? Quels sont les impacts des changements observés sur les bassins hydrographiques de ces régions? Ces questions seront au cœur des travaux de la nouvelle Chaire de recherche du Canada (CRC) en hydrologie de la cryosphère, obtenue récemment par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
S’intéressant depuis longtemps à la cryosphère (régions du globe où l’eau est présente à l’état solide), le professeur Christophe Kinnard du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR dirigera la nouvelle Chaire.
«La cryosphère est l’une des zones de la planète qui réagit le plus rapidement, et de façon frappante, aux changements climatiques. Elle exerce aussi une influence importante sur le stockage et le débit de l’eau, dans les régions froides. Pourtant, peu de travaux scientifiques québécois ont été menés sur ce sujet. En améliorant nos connaissances sur les interactions entre le climat, la cryosphère et le cycle de l’eau, nous pourrons mieux anticiper les changements à venir et mieux gérer les ressources hydrologiques », d’expliquer le professeur Kinnard.
Vaste territoire d’étude
L’équipe de recherche de la Chaire recueillera des données sur un large territoire: du sud du Québec jusqu’à l’Arctique, dans la zone alpine des Rocheuses ainsi que dans la cordillère des Andes en Amérique du Sud (principalement au Chili). Des instruments à la fine pointe de la technologie (drones, caméras, lasers, etc.) permettront la collecte de nombreux renseignements (couvert neigeux, température, humidité, végétation, type de sol, etc.).
« Grâce à notre équipement, nous pourrons obtenir des données à très petite échelle. Cela nous permettra de raffiner les modèles hydrologiques actuellement utilisés et de mieux évaluer, par exemple, les risques futurs d’inondation ou de sécheresse », ajoute M. Kinnard.
De nombreux bénéficiaires
Les résultats de recherche de la CRC en hydrologie de la cryosphère s’avéreront particulièrement utiles aux organisations responsables de la gestion des ressources naturelles et hydriques: compagnies hydroélectriques, organismes de bassins versants, associations agricoles, organismes gouvernementaux chargés de la surveillance environnementale, parcs et réserves naturelles, etc.
« Cette Chaire de recherche du Canada engendrera certainement des retombées concrètes et profitables pour notre collectivité, mentionne M. Daniel McMahon, recteur de l’UQTR. Félicitations au professeur Christophe Kinnard et aux membres de son équipe, dont la grande qualité du travail se voit reconnue par l’obtention de cette Chaire de recherche du Canada. Une fois de plus, l’UQTR confirme son rôle de chef de file dans le domaine des sciences de l’environnement. »
Un financement de près d’un million de dollars
La CRC en hydrologie de la cryosphère sera financée à hauteur de 500 000$ (répartis sur cinq ans) par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) du Canada. La Chaire obtient également un montant de 405 350$ pour le financement de ses infrastructures, en provenance de la Fondation canadienne pour l’innovation (150 000$), du gouvernement du Québec (150 000$), d’entreprises privées (87 405$) et de la Fondation de l’UQTR (17 945$).
Le financement global de départ de la Chaire se chiffrera donc à près d’un million de dollars. Une partie importante de ce montant sera consacrée à la rémunération des étudiants de cycles supérieurs (près d’une dizaine) qui participeront aux travaux de recherche.
Le professeur Christophe Kinnard
Depuis plus de 15 ans, le professeur Christophe Kinnard mène des recherches dans les régions froides du globe, s’intéressant à l’impact des changements climatiques sur la cryosphère. Il a réalisé plusieurs études d’envergure au Canada, au Chili, au Maroc, dans l’Arctique et l’Antarctique. Son expertise multidisciplinaire (glaciologie, hydrologie, géomorphologie, météorologie) lui permet d’étudier ces régions sous de multiples angles.
Membre du Centre de recherche sur les interactions bassins versants – écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’UQTR et du Centre d’études nordiques, le professeur Kinnard a développé de nombreuses collaborations scientifiques, au Canada et ailleurs dans le monde (Chili, France, Maroc, Espagne, Suède, Pologne, Belgique, etc.).