Une personne sur cinq souffre de douleur chronique. Quelle que soit la cause de leur douleur, ces gens font généralement des pieds et des mains pour améliorer leur situation : consultations auprès de plusieurs spécialistes, médication, interventions diverses. Pour ceux qui croient avoir tout essayé, mais dont la douleur reste bien présente, il y a cependant une autre avenue possible: les interventions d’autogestion (self-help) basées sur l’acceptation, la méditation et la pleine conscience.
« Quand rien n’arrive à les soulager, à la douleur s’ajoutent alors découragement, mauvaise humeur, troubles anxieux, dépression, baisse de la qualité de vie. Il devient dès lors impératif d’agir, et c’est pourquoi nous contribuons à développer des thérapies efficaces pour que ces gens puissent mieux vivre », expose le professeur au Département de psychologie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) Frédérick Dionne, qui s’intéresse depuis plusieurs années aux possibilités qu’offrent aux personnes souffrant de douleur chronique les thérapies basées sur l’acceptation et la pleine conscience.
Et les effets se font généralement rapidement sentir : plus le patient chemine dans la thérapie et plus sa qualité de vie et son humeur s’améliorent. Partant du fait qu’il est plus efficace d’accepter la douleur que de tenter de la supprimer à tout prix ou de se distraire d’elle, ce chercheur très soucieux des retombées cliniques de ses recherches a mis au point différents programmes mettant de l’avant les interventions d’autogestion.
La bibliothérapie et l’autogestion par le Web
« L’un des défis que nous rencontrons est l’accessibilité des services : que ce soit à cause de l’éloignement physique ou à cause de listes d’attente, bon nombre de personnes a difficilement accès aux services psychologiques, déplore le professeur Dionne. Au fil des ans, nous avons donc élaboré différents programmes afin de proposer à distance des thérapies permettant aux patients d’apprendre à mieux vivre avec leur douleur. »
C’est tout d’abord par l’intermédiaire de son livre Libérez-vous de la douleur par la méditation et l’ACT que Frédérick Dionne a commencé à proposer des traitements autoadministrés; les patients lisaient le livre et faisaient les exercices proposés, et l’équipe du chercheur pouvait garder un lien avec eux grâce à l’envoi de courriels et d’appels téléphoniques.
Si le succès de ce programme hybride s’est rapidement fait voir grâce aux évaluations faites avant et après les exercices, le chercheur s’est cependant rapidement intéressé aux possibilités qu’offre le Web. Cet automne démarre ainsi un nouveau programme de huit semaines qui se veut plus vivant, entre autres grâce à l’ajout de capsules de témoignages. L’instantanéité offerte par internet offre également une interaction décuplée dans le cadre de forums de discussion. Chaque semaine, un nouveau module : les personnes sont ainsi fréquemment invitées à se fixer de nouveaux objectifs, qui peuvent par exemple être liés à la respiration, à l’activité physique ou aux pensées.
Quelques centaines de personnes participent à l’étude cet automne. Les participants sont divisés en trois groupes : ceux qui participent au programme en ligne, ceux qui suivent le programme de bibliothérapie et ceux à qui l’on propose des brochures et autres lectures et activités à distance.
L’autogestion appliquée à la procrastination scolaire
Les mêmes principes sont applicables… aux étudiants procrastinateurs! En effet, comme l’approche basée sur l’acceptation et l’engagement (ACT) est efficace pour réduire le stress, l’anxiété, les dépendances et la dépression, elle peut, par le fait même favoriser l’engagement dans les études et la réussite scolaire.
Sous forme d’ateliers en ligne, le programme de quatre semaines Passez à l’ACT dans vos études vise à outiller les étudiants à s’engager pleinement dans leurs études comme dans leur vie. À ce jour, pas moins de 200 étudiants de l’UQTR et de l’UQAM ont effectué avec succès les ateliers développés par Frédérick Dionne et son équipe. Quand on sait que la procrastination est la première difficulté liée à la gestion du temps, il s’agit là d’un bon pas vers la réussite!