Lors du 32e Gala des Prix Innovation de l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ), tenu le 17 novembre dernier, le Prix partenariat a été remis au Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec et plusieurs de ses partenaires, dont l’UQTR.
Le Consortium et ses collaborateurs ont obtenu cette distinction en lien avec leur projet visant à accélérer le développement et la commercialisation d’ingrédients biosourcés plus écologiques, pour limiter les pertes dues à la germination hâtive et au développement de maladies lors de l’entreposage des pommes de terre.
Outre l’UQTR, plusieurs partenaires sont associés à la réalisation de ce projet : Innofibre – Centre d’innovation des produits cellulosiques (Cégep de Trois-Rivières), Agrinova – Centre collégial de transfert de technologie en agriculture (Collège d’Alma), KEMITEK – Centre collégial de transfert de technologie en chimie verte (Cégep de Thetford) et CÉPROCQ – Centre d’études des procédés chimiques du Québec et Centre collégial de transfert de technologie (Collège de Maisonneuve).
Cette grande équipe a remporté le Prix partenariat de l’ADRIQ en raison de la qualité et des retombées de ses travaux, autant en lien avec la chaîne de valeur que la chaîne d’innovation. Du laboratoire jusqu’à l’échelle pilote, ces partenaires ont réussi à développer des extraits d’épinette noire qui sont antimicrobiens et antigerminatifs.
« Ces produits sont excellents pour remplacer le CIPC qui, bien qu’il soit banni en Europe, est encore utilisé au Québec pour lutter contre la germination lors de l’entreposage des pommes de terre. Pour les producteurs, il est urgent de trouver des alternatives au CIPC. Notre équipe leur offre une solution biosourcée produite au Québec. Les secteurs agroalimentaire et forestier bénéficient des retombées de ce projet. Le secteur de la chimie en profite également, car les extraits d’épinette noire peuvent aussi servir à verdir des produits de nettoyage industriels comme ceux de la compagnie Sani Marc de Victoriaville. C’est un projet multisectoriel comme on les aime », mentionne le professeur Simon Barnabé du Département de chimie, biochimie et physique de l’UQTR.
Un partenariat fécond
Le projet réalisé par le Consortium et ses partenaires démontre également toute la pertinence de la synergie collège-université et du transfert de connaissances au milieu. L’organisme Innofibre a notamment recruté des étudiantes de l’UQTR dont les connaissances sont maintenant transférées aux partenaires industriels.
Cette portion du projet a été menée avec brio depuis 2016 par Nathalie Bourdeau d’Innofibre, avec l’appui d’une impressionnante équipe de femmes scientifiques dynamiques. Cette initiative a permis entre autres à Michèle Boivin et Annabelle St-Pierre (diplômées de l’UQTR) d’être recrutées comme chercheuses chez Innofibre. Une autre diplômée de l’UQTR, Dorian Blondeau, a été embauchée par Sani Marc, un partenaire industriel de longue date. De plus, Sabrina Grenier, actuellement étudiante à la maîtrise en biologie cellulaire et moléculaire à l’UQTR, poursuit les recherches en lien avec le développement des extractibles forestiers à base d’épinette noire.
Ces étudiantes pionnières continuent de faire évoluer la remarquable synergie du projet, en compagnie d’autres femmes scientifiques de l’équipe. Pour sa part, Sophie Massie (Agrinova) a adapté les extraits forestiers aux pommes de terre. Juliette Garcia (KEMITEK) a travaillé à la mise à l’échelle de la production de ces extraits. De son côté, Isabelle Marquis du Consortium a rendu possible l’ensemble du projet. Ce dernier représente un réel succès de collaboration puisqu’il a permis de créer une synergie entre les secteurs forestier, agricole et de la chimie verte, en réunissant 13 partenaires scientifiques et industriels.
Chaîne de valeur et leadership municipal
La remise du Prix partenariat de l’ADRIQ au Consortium de recherche sur la pomme de terre du Québec et ses collaborateurs a également permis de souligner le rôle déterminant joué par chaque acteur dans la chaîne de valeur.
« Voici enfin un projet complet, couvrant entièrement la chaîne de valeur de la filière des extractibles forestiers du Québec, souligne le professeur Barnabé. Nos travaux sont même alignés avec la Stratégie québécoise de recherche et d’investissement en innovation, qui soutient que l’intégration des produits forestiers biosourcés dans différents secteurs est un incontournable pour l’obtention d’une économie verte et durable. »
Le développement concret de produits liés à la bioéconomie régionale met également en lumière l’importance du leadership municipal. « La MRC Domaine-du-Roy soutient les recherches du Consortium depuis 2016. Elle a soigneusement collaboré à la réussite du projet en préparant le terrain pour produire et commercialiser les extraits avec des entreprises et des utilisateurs finaux convaincus, en symbiose locale. Grâce à ce partenariat, la construction d’une usine à Saint-Félicien est prévue pour l’automne 2023 et générera des emplois de qualité en région, autant pour la construction de l’usine que pour son opération. Ce projet se démarque également pour avoir été en mesure de susciter l’intérêt de la multinationale McCain, qui est un partenaire stratégique. Bientôt, nous aurons des extraits d’épinette du Québec sur les frites des McDo… de Saint-Félicien jusqu’à Pékin! », d’ajouter le professeur Barnabé.