L’actualité nous le rappelle sans cesse : l’utilisation intensive des terres par l’humain menace de plus en plus les écosystèmes aquatiques, mettant aussi en péril des ressources comme l’eau potable. Cette situation exige de comprendre davantage les impacts de l’activité humaine sur les milieux aquatiques, afin que ces derniers soient mieux protégés. C’est à cette tâche que se consacrera la Chaire de recherche du Canada sur les échanges entre les écosystèmes, récemment obtenue par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
« Avec nos travaux, nous voulons comprendre comment les perturbations humaines qui se produisent dans des écosystèmes terrestres se propagent à travers les réseaux aquatiques et en modifient le fonctionnement et la biodiversité, ainsi que les services qu’ils peuvent offrir à la population », précise le titulaire de la Chaire, le professeur Éric Harvey du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR.
Pour améliorer la prédiction des effets des activités humaines terrestres (foresterie, agriculture, etc.) sur les écosystèmes aquatiques d’un bassin versant, le chercheur s’intéresse tout particulièrement au concept de métaécosystème. Ce nouveau champ de recherche se penche sur la dynamique des relations entre plusieurs écosystèmes différents, à l’échelle d’un grand territoire. Mais les scientifiques manquent encore d’un cadre clair pour comprendre formellement cette dynamique, une lacune que souhaite combler le professeur Harvey.
« De plus en plus, les chercheurs commencent à repenser la façon dont est perçu un paysage. Ce dernier n’est pas une mosaïque d’habitats en vase clos, mais plutôt un amalgame d’écosystèmes qui interagissent entre eux et échangent de l’énergie, de la matière. Cette vision plus holistique vise à mieux saisir de quelle façon se propagent des changements d’un écosystème à l’autre dans un même bassin versant, par exemple », explique le titulaire de la Chaire.
Un vaste projet de recherche
L’étude des métaécosystèmes est complexe et requiert de bâtir des modèles théoriques élaborés, où les mathématiques jouent un rôle fort utile. « Ces modèles nous permettent notamment d’identifier les meilleures variables à mesurer dans l’environnement, pour améliorer notre compréhension des interactions entre les écosystèmes », indique le professeur Harvey.
Afin d’alimenter et de valider ses modèles, le chercheur prévoit réaliser un large échantillonnage de données dans plusieurs bassins versants, avec la collaboration d’étudiants. « Notre projet est ambitieux, souligne-t-il. Nous voulons recueillir des informations pendant plusieurs années sur différents cours d’eau – jusqu’à une trentaine possiblement – en Mauricie ainsi qu’au Centre-du-Québec, et peut-être en Montérégie et dans Lanaudière. Et nous ciblerons plusieurs points d’échantillonnage le long de chaque cours d’eau. »
L’équipe de la Chaire s’intéressera notamment aux particules présentes dans l’eau, au contenu en carbone, azote et phosphore, aux organismes macro-invertébrés, à l’oxygène dissous, à la pénétration de la lumière, etc. Des photos satellitaires, anciennes et récentes, seront également utilisées pour connaître l’aménagement des différentes terres traversées par chaque cours d’eau. « Toutes ces données permettront de mettre en évidence les changements observés le long d’un cours d’eau au fil du temps, en lien avec les types d’utilisation des milieux terrestres environnants », résume Éric Harvey.
Partager les connaissances avec le milieu
Le programme de la Chaire comporte aussi un aspect auquel tient particulièrement le professeur Harvey. Il s’agit de l’organisation régulière d’ateliers permettant d’échanger avec les intervenants liés à la gestion des bassins versants et du territoire. « Nous voulons partager nos résultats de recherche avec eux, afin de repenser ensemble une gestion des paysages qui assure un certain rendement tout en préservant la santé des écosystèmes aquatiques », mentionne-t-il.
Ultimement, d’ici une dizaine d’années, le chercheur espère produire et diffuser un « livre vert » qui synthétisera les réalisations de la Chaire et le travail de collaboration réalisé avec les intervenants du milieu. « Ce legs m’est très important, ajoute-t-il, car il contribuera à faire connaître nos solutions pour répondre aux enjeux de gestion et de conservation des écosystèmes aquatiques. »
Plus d’un demi-million de dollars en subvention
La Chaire dirigée par le professeur Harvey bénéficiera d’un financement du Programme des chaires de recherche du Canada s’élevant à 600 000 $ (répartis sur cinq ans).
« L’octroi de cette Chaire de recherche du Canada vient appuyer les efforts particuliers consentis par notre université dans le développement des sciences de l’environnement. Par son programme novateur et interdisciplinaire, cette chaire contribuera certainement à l’élaboration de meilleures pratiques de réduction des impacts de l’exploitation des ressources, au profit de la santé des écosystèmes. Elle formera aussi de futurs professionnels dotés d’une expertise théorique et pratique unique. Félicitations au professeur Harvey pour l’obtention de cette chaire qui témoigne de la grande qualité de ses travaux et de son leadership certain dans le domaine de la métaécologie et de la science des bassins versants », de commenter Christian Blanchette, recteur de l’UQTR.
Un chercheur d’avant-garde
Déjà reconnu pour ses contributions exceptionnelles à l’amélioration des connaissances sur les métaécosystèmes et leur fonctionnement, le professeur Éric Harvey se distingue particulièrement pour sa manière inventive d’aborder les questions complexes en écologie communautaire et spatiale.
Titulaire d’un doctorat en écologie obtenu à l’University of Guelph (Ontario), le chercheur a étudié un large éventail d’écosystèmes (prairies, forêts, rivières, lacs), une expertise qui le sert bien pour la recherche sur les bassins versants.
Tout au long de son parcours, le professeur Harvey a développé un vaste réseau de collaborations universitaires ici et à l’international (Allemagne, France, Suisse, Australie, Suède, Japon). Il a obtenu plusieurs subventions et publié de très nombreux articles scientifiques, souvent cités en référence. Le chercheur travaille également en partenariat avec divers organismes et ministères liés à la gestion des bassins versants.
Arrivé à l’UQTR au cours de l’été 2022, Éric Harvey agissait auparavant à titre de professeur adjoint en sciences biologiques à l’Université de Montréal. Outre qu’il est membre du Département des sciences de l’environnement de l’UQTR, le professeur Harvey œuvre également au sein du Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie (GRIL), du Centre de la science et de la biodiversité du Québec (CSBQ) et du Centre de recherche sur les interactions bassins versants – écosystèmes aquatiques (RIVE) de l’UQTR.
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