En avril dernier, des membres du Laboratoire de technologies & d’innovation pour la performance sportive (L-TIPS) de l’UQTR se sont rendus en France et en Suède, dans le but de faire progresser la recherche sur les technologies reliées au parachutisme. Ce séjour en sol européen leur a permis de mener avec succès différents tests et d’établir des partenariats prometteurs avec plusieurs intervenants du domaine des sports aériens.
Cette mission scientifique était menée par le professeur Frédéric Domingue du Département de génie électrique et génie informatique, ainsi que l’étudiant à la maîtrise en génie électrique Justin Beaurivage. Ce dernier, qui est aussi un entrepreneur, travaille au développement d’un système novateur permettant de suivre, à partir du sol et sur un écran d’ordinateur, le parcours en temps réel d’un parachutiste lors d’un saut.
« Grâce au programme Mitacs Entrepreneur International, j’ai obtenu du financement pour aller effectuer certains tests technologiques à Toulouse, en France, où la saison du parachutisme était déjà commencée. La subvention obtenue visait aussi à me permettre d’explorer des marchés potentiels pour mon entreprise, de rencontrer d’éventuels partenaires d’affaires et de travailler avec l’incubateur entrepreneurial Innovspace de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace ISAE-SUPAERO de Toulouse », précise Justin Beaurivage.
En sol toulousain, l’étudiant-entrepreneur et son directeur de recherche, le professeur Domingue, ont rejoint Simon Beaudry, étudiant à la maîtrise en génie aérospatial à l’ISAE-SUPAERO. Ce dernier s’est ajouté récemment à l’équipe du L-TIPS pour un stage de fin de maîtrise, grâce au programme Mitacs Accélération International. Il sera associé tout particulièrement aux travaux de Justin Beaurivage et de son entreprise, Wearable Avionics.
Des résultats concluants et stimulants
Les quelques jours passés dans les environs de Toulouse ont permis aux représentants du L-TIPS de développer une précieuse collaboration avec un centre de parachutisme situé à Pamiers. Sur place, l’équipe du L-TIPS a pu amasser des données avec différents appareils à partir du sol et également en vol, grâce à plusieurs sauts en parachute effectués par Justin Beaurivage et Simon Beaudry. Des parachutistes expérimentés de la région ont également participé à cette collecte d’information.
Voyez ici deux vidéos tournées à Toulouse à l’aide d’une caméra à 360 degrés, lors de sauts en parachute de Justin Beaurivage et Simon Beaudry. Les indicateurs au bas de l’écran affichent les données récoltées par l’ordinateur de vol Expedite développé par l’entreprise Wearable Avionics.
« Nos travaux dans ce centre de parachutisme visaient notamment à valider une technologie que nous développons pour la géolocalisation en temps réel. C’était la première fois que nous en faisions l’essai sur le terrain et nous avons été impressionnés par les résultats préliminaires. Cet équipement présente un potentiel commercial certain. Il reste à faire un travail d’optimisation et à rendre le système encore plus convivial d’utilisation, mais les principes de base sont là », rapporte Justin Beaurivage.
L’équipe a également pris des mesures d’altitude, de vitesse et de conditions météorologiques avec l’appareil Expedite de Wearable Avionics. Ces données seront analysées par deux étudiantes stagiaires du L-TIPS, Myriam Yamile Chalita Ganem et Mariana Franco Ochoa, qui sont rattachées à l’Universidad EIA de Medellín, en Colombie. Ces travaux permettront de comparer les données produites par le système Expedite avec celles fournies par d’autres instruments de mesure utilisés en parachutisme.
Pour le professeur Domingue, les activités menées à Toulouse ont démontré la pertinence de la recherche en parachutisme. « En échangeant avec les gens sur place et en voyant leur intérêt pour nos projets, cela m’a convaincu de l’importance de consacrer des efforts au développement de meilleurs outils technologiques pour l’analyse du mouvement et de la performance en parachutisme », note-t-il.
Au fil des prochains mois, les essais du système de géolocalisation en temps réel développé au L-TIPS se poursuivront au centre de parachutisme de Pamiers, grâce à la conclusion d’une entente avec un partenaire français qui a accepté de tester le prototype lors de sauts en parachute. Les commentaires et la rétroaction de ce collaborateur contribueront à l’amélioration continue de cette technologie.
Explorer un nouvel axe de recherche : la discipline du wingsuit
Profitant de leur séjour en Europe, les représentants du L-TIPS se sont aussi rendus à Stockholm, en Suède, pour y expérimenter la pratique du wingsuit (combinaison ailée) dans une soufflerie intérieure inclinée.
« En parachutisme, il existe déjà de nombreuses souffleries verticales qui permettent de s’entraîner au vol en chute libre, indique Frédéric Domingue. Mais il n’y a qu’un seul tunnel au monde pour la pratique du wingsuit, et il se trouve à Stockholm. Nous avons pu suivre des formations là-bas et expérimenter plusieurs vols intérieurs en wingsuit, avec l’aide d’instructeurs. Nous avons même rencontré l’inventeur de cette soufflerie inclinée, Peter Georen, et avons discuté avec lui de nos travaux sur l’analyse du mouvement. Il s’est d’ailleurs montré très ouvert à des collaborations scientifiques avec le L-TIPS. Nous avons également échangé avec des athlètes d’élite du wingsuit, dont Flavien Mazzon, détenteur du record d’Europe de temps de vol. Ces experts connaissent bien les besoins technologiques de leur discipline et nous ont fourni de précieuses indications et idées pour orienter nos activités de recherche. »
Cette expérience a permis aux représentants du L-TIPS d’en apprendre davantage sur la discipline du wingsuit et d’en découvrir les exigences. « Actuellement, l’analyse de la performance et de la position en wingsuit est basée surtout sur une évaluation visuelle des mouvements. Nous pensons donc pouvoir apporter à ce sport de nouveaux outils technologiques d’analyse, fournissant d’autres types de données. Cet aspect fera certainement partie des thématiques de recherche de notre laboratoire », ajoute le professeur Domingue.
Pour Justin Beaurivage, l’expérience du tunnel de vol en wingsuit s’est avérée fort instructive : « J’ai découvert le wingsuit l’an dernier et c’est pratiquement devenu ma discipline de prédilection. Avec cet équipement, on peut atteindre de très grandes vitesses de vol, une fois qu’on a quitté l’avion. Il faut ensuite ouvrir un parachute pour l’atterrissage. Grâce à la formation suivie à Stockholm, j’ai pu encore améliorer ma technique en prévision de la nouvelle saison de wingsuit. »
Poursuivre les tests et créer un club universitaire de parachutisme
Maintenant revenus en sol québécois, le professeur Domingue et l’étudiant Justin Beaurivage profiteront de l’ouverture locale de la saison de parachutisme pour continuer leurs travaux.
« Les essais en parachute vont pouvoir se poursuivre ici, avec la collaboration de l’entreprise Parachutisme Adrénaline Trois-Rivières, pour la validation de divers équipements. Nous allons aussi continuer d’accroître les travaux de recherche au L-TIPS en lien avec les sports aériens. Nous projetons d’ailleurs de recruter d’autres étudiants pour la réalisation de ces projets », prévoit le professeur Domingue.
De son côté, Justin Beaurivage souhaite pouvoir partager sa passion du parachutisme avec un plus grand nombre de personnes. Il réfléchit à la possibilité de créer un club universitaire de parachutisme à l’UQTR, pour initier les gens intéressés à la pratique de ce sport – en tunnel et en extérieur – et les accompagner dans leur progression. « Il existe déjà ce genre de club universitaire à Toulouse, ainsi qu’ailleurs en Europe et aux États-Unis. Nous aimerions en créer un aussi à l’UQTR, pour favoriser la découverte et la pratique du parachutisme. Éventuellement, il serait aussi possible de participer à des compétitions universitaires dans ce domaine », mentionne-t-il.
Le professeur Domingue (Frederic.Domingue@uqtr.ca) et l’étudiant Justin Beaurivage (Justin.Beaurivage@uqtr.ca) invitent les personnes intéressées par ce projet de club universitaire de parachutisme à communiquer avec eux par courriel, pour de plus amples renseignements.