La Chaire de recherche Hydro-Québec sur la gestion transactionnelle de la demande résidentielle en puissance et en énergie vient d’être reconduite pour une période de cinq ans, grâce à un financement total de 3 278 450 $. Appuyée par le programme Alliance du CRSNG et par Mitacs, la Chaire a également bénéficié du support de quatre partenaires industriels pour sa deuxième phase. En effet, outre Hydro-Québec, les entreprises Stelpro, Elmec et Ecosystem ont également appuyé le projet, piloté par le professeur au Département de génie électrique et génie informatique, Kodjo Agbossou.
Lancée en 2019, cette chaire a pour objectif de perfectionner des modèles de réseaux intelligents où les clients joueront un rôle plus participatif grâce à l’apport de nouvelles technologies informatiques et de communications. C’est pourquoi l’échange d’information entre les clients et le fournisseur est au cœur de cette démarche, qui a pour but d’améliorer l’efficacité énergétique des foyers à un coût avantageux pour le client. En effet, les appareils dits « intelligents » peuvent être programmés pour fonctionner en dehors des heures de pointe, mais aussi pour recueillir de l’information qui influencera les tarifs proposés en retour.
De plus, l’accès à la production domestique d’électricité et à des modes de stockage est une donnée qui doit dorénavant être prise en compte par les gestionnaires de réseaux, que ce soit dans la planification de la distribution ou même dans la tarification. La Chaire propose donc différents modèles d’incitatifs aux gestionnaires afin de bien répondre à la complexification du réseau.
Une nouvelle réalité
Avec la transition écologique qui se met en place, la demande en électricité suivra un phénomène de croissance au Québec et ailleurs. L’industrie de l’électricité doit tout de même maintenir ses coûts d’approvisionnement abordables, autant pour accroître les investissements que pour garantir l’accès à la ressource pour la population. Autrement dit, il faut améliorer l’efficacité énergétique si nous souhaitons opérer ces changements et limiter la construction de nouveaux barrages. Les chercheurs de la Chaire calculent que tout ce processus de gestion pourrait représenter des économies de l’ordre de 20 % en termes de mégawatts.
Une deuxième phase attendue
Forte de nombreuses avancées, l’équipe de la Chaire amorce en 2024 une deuxième phase qui se penchera sur un nombre plus élevé de paramètres et d’acteurs, notamment grâce à l’apport de partenaires industriels. Outre les réseaux domestiques, la Chaire étudiera dorénavant des écosystèmes qui incluent les véhicules électriques, les immeubles à logement ou institutionnels, les commerces et les industries.
« L’apport de partenaires œuvrant dans la gestion intelligente de l’électricité, du chauffage, des bornes de recharge et de la décarbonisation des bâtiments permettra à notre chaire de progresser et de proposer des solutions concrètes pour améliorer l’efficacité énergétique de plusieurs types d’installations », explique le titulaire Kodjo Agbossou.
De son côté, le vice-recteur à la recherche et au développement de l’UQTR, Sébastien Charles, ajoute que « le travail exercé par l’équipe du Laboratoire d’innovation et de recherche en énergie intelligente (LIREI), dirigé par M. Agbossou, est crucial dans un contexte de transition énergétique. Nous sommes très heureux de pouvoir compter sur son expertise au sein de notre université. Nous tenons également à témoigner notre gratitude envers nos partenaires, dont le soutien et la confiance permettent de réaliser des projets de cette envergure à l’UQTR ».
Situé dans les locaux de l’Institut de recherche sur l’hydrogène (IRH) de l’UQTR, le LIREI permet de mener à bien des expériences et du monitorage sur des installations qui reproduisent les caractéristiques d’une habitation résidentielle. Mais l’équipe de la Chaire souhaite aller plus loin. « Nous voulons développer une plateforme d’émulation où l’on pourra simuler des portions de réseaux, avec différents types de charges, de configurations et faire des expérimentations avec différents modes de tarifications », précise le professeur Agbossou sur la deuxième phase du projet.
Une plateforme ouverte à tous
La plateforme développée conjointement par la Chaire et Hydro-Québec sera publique (open source), les données produites par cette collaboration entre les deux institutions étant rendues librement disponibles à tous.
« Cette volonté de transparence a pour but de favoriser le développement collaboratif des connaissances avant toute chose. La transition énergétique est un chantier qui commande de grands changements. Nous croyons que partager nos connaissances aidera à accélérer le processus, mais également à démontrer que ces changements impliquent tout le monde. Cette démarche est une première pour notre organisation et nous sommes très heureux de pouvoir la réaliser aux côtés de l’UQTR et du professeur Agbossou », affirme Michaël Fournier, chercheur chez Hydro-Québec.
« Nous souhaitons créer une communauté de développeurs autour de ces questions afin que la société fasse de meilleurs choix au plan énergétique. Nous allons donc héberger la plateforme en collaboration avec Hydro-Québec et la rendre disponible à quiconque voudra l’utiliser. Nous souhaitons en retour que les utilisateurs de la plateforme rendent également publiques leurs données sur la gestion transactionnelle de l’énergie », affirme de son côté le professeur Agbossou.
Une équipe diversifiée
Comme dans la première phase de la Chaire, le professeur Agbossou pourra compter sur sa fidèle équipe du LIREI, composée des professeurs Sousso Kelouwani et Yves Dubé de l’UQTR, ainsi que sur Roland Malhamé de Polytechnique Montréal et Nilson Henao, agent de recherche à l’IRH. Ces travaux se feront en synergie avec les chercheurs du Laboratoire des technologies de l’énergie (LTE) d’Hydro-Québec à Shawinigan.
Le futur pavillon de la recherche mis à contribution
Ces expériences se poursuivront par la suite dans le pavillon de la recherche sur les technologies vertes et durables qui sera situé au centre-ville de Trois-Rivières, et dont la construction va débuter sous peu. Conçu sous la forme d’un laboratoire, l’édifice sera monitoré et produira une partie de sa propre énergie. Les données recueillies seront également compilées dans la plateforme.
« J’ai très hâte d’avoir la chance de mettre nos travaux en pratiques directement sur les installations de l’UQTR. Ce sera un terrain de jeu très intéressant », conclut Kodjo Agbossou.