C’est alors qu’elle travaille dans une clinique de traitement des troubles liés à la consommation de substances que Florence Piché a cette idée : ajouter des séances d’activité physique à la thérapie traditionnelle. Celle qui est maintenant diplômée à la maîtrise en sciences de l’activité physique à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) connaît bien les bienfaits de l’exercice sur la santé et se doute qu’il pourrait y avoir également un effet bénéfique dans le traitement des dépendances. « Je constatais les bienfaits dans mon travail, mais je voulais le prouver scientifiquement ! », lance la jeune femme, maintenant au doctorat.
« Le lien bénéfique de l’activité physique sur la dépression et l’anxiété est bien documenté, mais beaucoup moins lorsqu’il est question de sa contribution au traitement des dépendances. Néanmoins, on sait par exemple que les sentiments dépressifs et d’anxiété sont très présents lors des traitements en dépendance, donc en théorie l’activité physique pourrait venir s’ajouter à la thérapie classique pour aider à traiter ces symptômes », explique Florence.
Qu’en dit la science ?
Ses travaux de maîtrise lui ont permis de mener une revue systématique pour savoir ce qu’en disent les études scientifiques sur le sujet. Divers constats ressortent selon trois facteurs : physique, psychologique et qualité de vie.
Sur le plan physique, ce n’est pas une surprise : la condition des patients s’est améliorée grâce à la prescription d’exercices durant la thérapie.
Sur le plan psychologique, on remarque les bienfaits notamment sur le traitement des symptômes dépressifs et anxieux : « C’est une population qui est extrêmement vulnérable à cet égard. C’est donc pertinent d’avoir une avenue qui complémente la thérapie classique pour agir sur ces enjeux psychologiques qu’on ne traite pas nécessairement d’emblée », précise la jeune chercheuse.
Enfin, la qualité de vie des patients s’améliore avec l’activité physique, dont on constate l’impact positif sur le sommeil, l’humeur et la santé globale.
« J’observais ces bienfaits chez les patients en clinique, donc cette revue menée dans le cadre de ma maîtrise est venue valider mes perceptions et fut le coup d’envoi de mon projet de doctorat », soutient Florence dont la thèse, qui porte sur l’activité physique et la santé mentale, est dirigée par Ahmed Jérôme Romain de l’Université de Montréal et codirigée par Chantal Plourde du Département de psychoéducation et travail social de l’UQTR.
Ajouter l’activité physique à la thérapie
Elle voit aussi la prescription d’activité physique dans le cadre d’une thérapie pour personnes ayant des dépendances comme une alternative non médicamenteuse et sans effets secondaires pour, justement, traiter les symptômes liés à la dépression, à l’anxiété, aux troubles du sommeil, etc. De plus, l’activité physique contribue à réduire les symptômes liés au craving, soit l’envie impérieuse de consommer.
Selon elle, il y a souvent cette perception qu’ajouter l’activité physique apporte une lourdeur supplémentaire à la thérapie. « Ce n’est pas le cas ; au contraire, c’est complémentaire, l’activité physique a un potentiel thérapeutique et on y observe peu de conséquence négative et d’effet secondaire », conclut Florence Piché.
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Physical activity during a treatment for substance use disorder: A qualitative study