« Imaginez un été sans festival, peu importe son ampleur. Imaginez que l’été dernier, les Jeux olympiques et paralympiques de Paris n’aient jamais eu lieu. Ce serait bien dommage, n’est-ce pas ? Imaginez maintenant que la finale des Jeux du Québec allait disparaître. Évidemment, c’est impensable. Pourtant, c’est ce qui se produirait sans l’engagement de milliers de bénévoles. »
C’est dans ces mots que la professeure Julie Fortier, du Département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), commence son plaidoyer. D’une redoutable efficacité, les images qu’elle évoque démontrent à quel point la contribution des bénévoles est essentielle à la tenue des événements d’envergure. En fait, leur rôle est à ce point important qu’elle et son collègue, le professeur Marc-André Lavigne, ont décidé d’étudier la question. Intitulé L’expérience bénévole dans le cadre de la finale des Jeux du Québec à Trois-Rivières – été 2025, leur projet de recherche vise à mieux connaître ces personnes dont l’altruisme permet aux jeunes athlètes d’accomplir des prouesses sportives.
« Pour donner un ordre de grandeur, les Jeux olympiques de Paris ont mobilisé 45 000 bénévoles. Les Jeux du Québec sont certainement plus modestes, mais ils demeurent le plus grand rassemblement multisport au Québec ! Pour assurer leur tenue, les organisateurs comptent sur l’engagement de 2 500 à 3 000 bénévoles à chaque édition. On comprend donc que les événements sportifs, qu’ils soient locaux ou internationaux, reposent largement sur l’engagement des bénévoles », évoque Mme Fortier.
« Comme ce sont des ressources incontournables, c’est important de savoir comment les recruter et les mobiliser. Sans eux, l’offre de services en loisir public serait grandement affectée ; il y aurait une réduction considérable du nombre d’activités et de la qualité des services », complète-t-elle.
À travers leurs démarches, les chercheurs souhaitent atteindre plusieurs objectifs. D’abord, ils veulent déterminer si les bénévoles que l’on retrouve dans les événements sportifs ont un profil spécifique. Ensuite, ils espèrent cerner la source de leur motivation, et établir quels bénéfices les bénévoles retirent de leur implication. Enfin, ils entendent circonscrire les attentes des bénévoles envers l’organisation, les participants et la population.
S’outiller pour l’avenir
En documentant ces différents aspects, l’équipe de recherche vient rendre un précieux service aux organisateurs. Leurs résultats pourront même servir à tous ceux et celles qui reprendront un jour le flambeau.
« Cette année, les Jeux du Québec fêtent leur 55e anniversaire. Pourtant, il existe peu de données probantes sur l’expérience vécue par les bénévoles pendant l’événement. Pire encore, on ne sait pas vraiment qui ils sont ! C’est assez surprenant, considérant que cette compétition sportive revient année après année. Ça signifie qu’à chaque édition, le travail de recrutement et de mobilisation des bénévoles, si exigeant soit-il, est toujours à recommencer », déplore Mme Fortier.
Pour fournir des bases plus solides, l’équipe de recherche compte collecter des données directement auprès des bénévoles, en les sondant par questionnaire électronique. Ainsi, l’ensemble des bénévoles, peu importe leur rôle (accueil, accréditation, repas, etc.), de même que tous les missionnaires, seront appelés à prendre part à l’exercice. Il est à noter que la consultation aura lieu une semaine après la clôture des Jeux, afin que les bénévoles puissent se prononcer sur l’expérience qu’ils ont vécue avant, pendant et après l’événement.
« Nous voulons notamment les interroger sur le processus de recrutement, d’intégration et de formation. Tout ça vient s’imbriquer avec les facteurs personnels qui nous intéressent, comme la motivation, les attentes et les bénéfices perçus. Évidemment, il faudra aussi voir si les bénévoles ont fait face à des contraintes, et si leur besoin de reconnaissance a été comblé. Dans tous les cas, les résultats de notre étude seront fort utiles pour la Ville de Trois-Rivières, qui obtiendra un portrait de sa population bénévole impliquée dans le sport. Quant aux futurs comités organisateurs, ils pourront s’inspirer de nos conclusions pour améliorer la gestion de leurs bénévoles », conclut Mme Fortier.