En cette période des Fêtes, la plupart des gens attendent avec impatience le prochain party de bureau ou les traditionnels rassemblements familiaux. D’autres redoutent toutefois avec énormément d’angoisse la présence de celui ou celle qui a la réputation de gâcher la soirée avec ses écarts de conduite causés par des excès de consommation.
La situation est encore plus sensible lorsque la personne qui a la réputation de dépasser les limites en raison de sa dépendance à l’alcool ou aux drogues est un conjoint ou un parent. L’abus de substances peut causer bien plus que des gestes et paroles regrettables.
« La dépendance à l’alcool ou à la drogue est un enjeu de santé publique majeur. Les conséquences peuvent non seulement détruire la vie des personnes dépendantes, mais aussi celle des gens de leur entourage. Les proches ont honte et ils craignent énormément qu’un malheur survienne. Elles craignent une chute, la conduite en état d’ébriété, un geste déplacé dans une soirée, ou autre. Les possibilités sont nombreuses et le sentiment de perte de contrôle est très envahissant », souligne Chantal Plourde, professeure au Département de psychoéducation de l’Université du Québec à Trois-Rivières.
Comment aider son proche ?
Par amour, les proches de personnes dépendantes peuvent développer l’habitude de camoufler les faits et gestes commis. Raconter un mensonge ou trouver des excuses pour éviter que les gens découvrent les problèmes de consommation d’un proche seraient de très mauvaises idées selon la chercheuse.
« Cacher la vérité n’est pas la solution. Ce n’est pas non plus une bonne idée de confronter la personne lorsqu’elle est intoxiquée. Dans les deux cas, on ne fait qu’empirer la situation en retardant les changements potentiels et on ajoute plus de tension à la relation », explique Mme Plourde.
À l’approche de la période des Fêtes, la chercheure propose d’organiser des activités qui sont moins à risque de dérapage.
« Au lieu de faire des soirées festives ou des après-midi de poker, pourquoi ne pas organiser un brunch ou aller glisser en famille. Ce genre d’activité permet de maintenir des liens avec les autres dans un contexte où la consommation excessive n’est pas encouragée », exprime celle qui est aussi chercheuse régulière au groupe de Recherche et intervention sur les substances psychoactives – Québec (RISQ) et codirectrice du Centre international de criminologie comparée (CICC).
Briser la relation toxique
Il arrive toutefois que la relation devienne insupportable si la personne dépendante ne fait pas les efforts nécessaires pour s’en sortir. C’est pourquoi il est important de demander de l’aide professionnelle afin de traiter le mal causé par les problèmes de consommation de son proche.
« Il faut retrouver le contrôle sur sa propre vie avant de pouvoir aider son proche. La personne qui vit avec quelqu’un qui a de graves problèmes de consommation doit se protéger. Si la relation est irréparable et nous cause beaucoup de torts, il faut parfois la rompre pour notre propre bien. »
Une lecture aidante
Avec sa collègue Myriam Laventure, professeure à l’Université de Sherbrooke, Chantal Plourde a récemment publié le livre Vivre avec un proche ayant une dépendance. On y retrouve des explications sur les dépendances et des pistes d’actions pour mieux aider les personnes dépendantes.
Comédien bien connu, Jean-Marie Lapointe signe la préface de ce livre en relatant sa propre expérience de vie marquée par ses problèmes de consommation et celle de ses proches.
Suite au succès rencontré par le livre Vivre avec un proche ayant une dépendance, Chantal Plourde et sa collègue travaillent sur un livre dédié aux parents d’adolescents aux prises avec une dépendance. Ce dernier devrait être publié d’ici la fin 2020.
Voir la présentation de la professeure Chantal Plourde