Docteur en Études québécoises, Joshua Ménard-Suarez a gagné le Prix du livre politique 2022 de la Fondation Jean-Charles-Bonenfant, dans la catégorie « Thèse de doctorat ». Ce prix, assorti d’une bourse de 4000$, a été remis le 25 mai lors d’une cérémonie organisée par la Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec.
Le jury était présidé par Catherine Côté, professeure à l’École de politique appliquée de l’Université de Sherbrooke, et composé en outre de Geneviève Motard, professeure à la Faculté de droit de l’Université Laval, et de Robert Comeau, historien retraité de l’Université du Québec à Montréal.
Tous ont souligné la qualité scientifique et le caractère novateur des résultats de cette thèse intitulée : L’Acte d’union : le gouvernement Melbourne face à la crise des Canadas, 1837-1841.
Joshua Ménard-Suarez situe l’Acte d’union dans le contexte politique britannique. Le premier ministre Melbourne, qui dirige le Parlement britannique, fait face à la rébellion de 1837 au Bas-Canada. La menace, quant à la pérennité de son fragile gouvernement et quant à l’intégrité de l’Empire, lui paraît telle qu’il prend intégralement en charge le processus de décisions politiques autour du règlement des troubles coloniaux. Comment le gouvernement Melbourne en arrive-t-il à privilégier l’union législative des Canadas comme solution à la crise ? Telle est la question à laquelle le chercheur veut répondre.
La perspective retenue débouche sur des résultats inédits. D’une part, Durham n’est pas le principal acteur de l’Union. D’autre part, aucun des groupes politiques coloniaux ne réussit à s’imposer dans l’élaboration de la politique coloniale. Le véritable architecte dans l’affaire, c’est lord Russell, l’homme fort du gouvernement Melbourne. À toutes les étapes, son influence a dominé. Il a d’abord rejeté l’option de l’union fédérale de l’Amérique du Nord britannique, en plaçant la minorisation des Canadiens français au cœur de son plan d’union législative des Canadas. Il a ensuite extirpé le Haut-Canada de son désordre structurel interne et de sa subordination au Bas-Canada, en favorisant l’émergence du Canada-Ouest comme tête de pont de l’Empire britannique sur le continent nord-américain. Il a finalement refusé la responsabilité ministérielle à la population coloniale qui la revendiquait, en utilisant l’Acte d’union pour, au contraire, réaffirmer et consolider la tutelle impériale sur les Canadas. L’avenir des Canadas et du Canada français s’est joué en Grande-Bretagne : tel est le sort des colonies.
Les éditions du Boréal publieront une version remaniée de la thèse. En avril dernier, l’auteur a d’ailleurs reçu une bourse de publication de 3000$ de la Fondation Maurice-Séguin.
Joshua Ménard-Suarez a travaillé sous la codirection de Lucia Ferretti, professeure au département des sciences humaines et chercheuse au Centre interuniversitaire d’études québécoises, et d’Éric Bédard, professeur à la TELUQ.